Comme Shanghai, Bombay ou Hong Kong, de grandes villes sont vouées à l’engloutissement total ou partiel même si le monde parvient à limiter le réchauffement planétaire à 2°C.
Ce sont les chercheurs de l’institut de recherche Climate Central qui le soulignent dans une étude : avec une augmentation de seulement (si l’on peut dire) 2 degrés, le niveau des mers continuera à s’élever. “Un réchauffement de +2°C représente une menace pour l’existence à long terme de nombreuses grandes villes et régions côtières“, souligne Ben Strauss, un des auteurs. Mais les mesures prises pour réduire rapidement et drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, qui dérèglent le climat et persistent dans l’atmosphère, feront malgré tout une différence : “Nous avons encore devant nous un vaste éventail de choix“, ajoute le chercheur. Si nous restons sur les tendances actuelles, le réchauffement pourrait être deux fois supérieur et concerner alors plus de 600 millions d’habitants. En tout cas, si les émissions continuent sur leur lancée, entraînant un réchauffement de +4°C, le niveau des océans gagnera 8,9 m (chiffre médian), avance le rapport. Les chercheurs ont publié un certain nombre de montages photos illustrant leur propos, présentant des vues de grandes villes dans un scénario de réchauffement global de 2 ou de 4°C
Londres (Royaume-Uni)
New York (Etats-Unis)
Un premier diagnostic sur les Etats-Unis, paru en octobre dans les Comptes-rendus de la revue Académie américaine des sciences, promettait l’engloutissement de Miami et la Nouvelle-Orléans.
Rio de Janeiro (Brésil)
Sydney (Australie)
Shanghai (Chine)
En terme de population, la Chine serait en première ligne : à +4°C, la montée des eaux concernerait un territoire aujourd’hui peuplé de 145 millions de personnes, un chiffre divisé par deux à +2°C, selon cette étude, qui ne tient compte ni de l’évolution démographique ni de la construction d’infrastructures comme des digues.
Bombay (Inde)
Durban (Afrique du Sud)
Ces projections prennent en compte la dilatation de l’océan quand il se réchauffe, la fonte des glaciers mais aussi la dégradation des calottes du Groenland et de l’Antarctique, irréversible au-delà d’un certain seuil. D’une région à l’autre, cette élévation ne sera pas égale : “Dans la plupart des cas, elle peut se traduire en centimètres par siècle, mais les deltas et les zones urbaines” sont plus vulnérables, notamment parce qu’ils sont moins protégés par les sédiments. L’étude se base notamment sur des données satellitaires sur les niveaux océaniques.
Une étude solide
Plusieurs chercheurs contactés par l’AFP ont souligné sa validité. “Il y a quelques erreurs par endroits, mais c’est le mieux qu’on puisse faire avec les données disponibles publiquement“, estime Steven Nerem, de l’université du Colorado, qui a analysé la méthodologie de l’étude. Jean-Pascal van Ypersele, du groupe international d’experts sur le climat (GIEC), évoque pour l’AFP “une étude solide“. Pour l’océanographe Ben Marzeion de l’université de Brême (Allemagne), l’étude montre que “le report de mesures peut faire peser un incroyable fardeau sur de très nombreuses générations à venir“. Depuis la révolution industrielle, le monde a gagné 0,8 °C, un rythme inédit généré par les gaz issus pour l’essentiel des énergies fossiles. La communauté internationale s’est fixé l’objectif de rester sous les +2 °C au total et doit se retrouver le 30 novembre à Paris pour tenter de sceller un pacte universel permettant d’y arriver. Ben Strauss, co-auteur de l’étude, veut croire qu’il sera “possible de changer, l’économie comme la politique“. “Certaines réunions historiques ont dessiné des frontières territoriales. La COP de Paris affectera la frontière globale entre terre et mer”
avec scienceetavenir