Un scientifique chinois affirme qu’il a contribué à la naissance de deux bébés jumeaux ayant été génétiquement modifiés afin d’être résistants au VIH. Une première mondiale qui soulève de nombreuses questions éthiques.
Chercheur à l’université de Shenzhen en Chine, He Jiankui annonce qu’il a réussi à mener à bien la première modification génétique de bébés. En effet, il a annoncé la naissance de « deux charmantes petites jumelles chinoises, Lulu et Nana, nées ces dernières semaines en excellente santé, pour la plus grande joie de leur maman Grace et de leur papa Mark ».
Une modification génétique pour rendre les bébés résistants au VIH
Pour mener l’expérimentation à bien, l’équipe de scientifiques a collaboré avec sept couples, dont les embryons ont tous été modifiés lors de la fécondation in vitro. Les couples participant à cette étape comptaient tous un homme séropositif et une femme séronégative. L’objectif était de réaliser une modification génétique qui rendrait les futurs bébés résistants au VIH en élimant le gène CCR5. Lors de la fécondation, He Jiankui a exploité la méthode CRISPR, une technique scientifique visant à modifier des extraits d’ADN directement dans le génome. Sur le total des grossesses, une a été menée à terme pour l’instant, donnant naissance à deux jumelles.
Selon He Jiankui, c’est la première fois qu’une telle expérience est un succès. Néanmoins, il faut préciser que cette découverte n’a pas fait l’objet de publication scientifique et n’a pas été confirmée par une entreprise indépendante pour l’instant. Si ces faits étaient avérés et attestés par une organisation tierce, cela signifierait que la Chine est à l’origine d’une première expérience scientifique mondiale incroyable.
La modification génétique, sujet éthique de premier plan
Néanmoins, le sujet soulève de nombreuses problématiques éthiques dont la modification génétique humaine est au centre. Si des méthodes telles que celles employées par He Jiankui venaient à être employées plus largement, cela ouvrirait une porte sur la possibilité d’éradiquer certaines maladies. Néanmoins, cela serait également un pas vers une nouvelle forme d’eugénisme, soit la résultante de méthodes contribuant à améliorer le patrimoine génétique d’un être humain. Plus largement, cela signifierait qu’il n’y a plus aucune place pour le hasard contribuant à la naissance d’un enfant, dans le sens où sa couleur des yeux pourrait par exemple être choisie à l’avance par les parents.
Sorti en 1997, Bienvenue à Gattaca met l’eugénisme et ses dérives au centre des problématiques du récit. Dans le film, les gamètes des enfants sont triés afin que ceux-ci soient les plus parfaits possible pour constituer la haute sphère de la société.
Dans la communauté scientifique, de nombreux chercheurs semblent avoir du mal à accepterd’avoir été mis devant le fait accompli par cette expérience. La modification génétique des êtres humains reste un sujet particulièrement sensible qui se devra d’être régulé si de nouvelles expériences allant dans ce sens venaient à avoir lieu.
MISE À JOUR — 26 novembre, 16h30 : L’hôpital chinois HarMoniCare et l’université de Shenzhen nient tous deux leur lien avec l’expérience du chercheur He Jiankui. Selon l’université, elle n’était pas au courant de ces recherches et le scientifique serait en congés depuis le mois de février. Elle condamne une violation de « l’éthique académique et les codes de conduite ».
Avec presse-citron