La résurgence du choléra, avec 41 cas confirmés, jeudi, intervient deux semaines après des vagues d’hospitalisation suite à une maladie inidentifiable. Un « tâtonnement » des autorités sanitaires a été sévèrement critiqué par des médias et internautes algériens.
Quatre-vingt huit cas de choléra ont été détectés, dont quarante-et-un confirmés, jeudi en Algérie, deux semaines après l’hospitalisation de plusieurs dizaines de personnes présentant des signes de toxi-infection entérique.
La cartographie de l’épidémie renseigne que quatre Wilaya (régions) du Nord algérien sont concernées, a informé le ministère de la Santé. La Wilaya de Blida est la plus touchée, avec 50 cas, dont 22 confirmés, suivie de Tipaza (11 cas confirmés sur 18), d’Alger (5 cas confirmés sur 14) et de Bouira (3 cas confirmés sur 6). L’origine de l’infection reste, pour l’heure, inconnue.
«Généralement, la contamination provoquée par la consommation d’eau (polluée) provoque beaucoup plus de victimes que dans le cas d’espèce. Cela peut atteindre, alors, jusqu’à 1000 cas par jour», a jugé le directeur de la prévention au ministère de la Santé, Dr. Djamel Fourar, soulignant que des analyses sont en cours pour déterminer les véritables causes de l’infection.
Vingt-six enfants, entre 4 et 15 ans, font partie des victimes, d’après le bulletin de situation épidémiologique, qui ne fait état, pour l’heure, que d’un seul décès. Il s’agit, selon des médias algériens, de l’entraîneur national de boxe, Athmane Dahmani, alors que l’agence de presse officielle, APS, assurait qu’il avait succombé à un arrêt cardiaque.
La confirmation de la prévalence de l’épidémie en Algérie intervient, d’ailleurs, quelques jours après des hospitalisations faisant état d’une « maladie non identifiée » et un démenti apporté par l’Institut Pasteur sur l’absence de cas de choléra avéré. Zoubair Harrat, directeur général de l’Institut Pasteur, également présent à la conférence de presse, s’explique.
« On a vraiment dû s’assurer qu’il s’agissait de cela, parce que c’est une situation exceptionnelle. On a dû identifier la bactérie du choléra. Cela nous a pris quelques jours», a justifié le patron de l’Institut Pasteur d’Algérie.
Pour le moment, les autorités algériennes se veulent rassurantes, tout en insistant sur la préservation des conditions d’hygiène pour endiguer ce fléau.
« Il s’agit, surtout, de cas isolés dans des familles bien définies. Une fois un premier cas déclaré, la contamination s’est faite en raison d’un manque d’hygiène », a précisé, pour sa part, Djamel Fourar.
Dans les médias et les réseaux sociaux, les autorités algériennes ont essuyé des critiques les accusant de « négligence ». Le premier site francophone, TSA, a révélé, par exemple, en se référant à « des sources sûres », que le ministère avait les résultats des analyses « depuis lundi, au moins».
« Pourquoi avoir mis autant de temps pour communiquer les résultats? Pourquoi avoir attendu plusieurs jours avant d’informer l’opinion publique de l’existence d’une maladie connue pour être très contagieuse? Ces questions restent pour l’heure sans réponse. Mais le ministère de la Santé semble avoir privilégié la dimension politique du problème», a regretté le site TSA.
Sur Facebook comme Twitter, plusieurs Algériens ont fait part de leur indignation, comme Hamza qui trouve inconcevable les de l’Institut Pasteur mette autant de temps à diagnostiquer cette dangereuse épidémie.
Pour cette internaute, l’Algérie, pays riche, devrait en théorie être à l’abri de cette épidémie qui prévaut, par exemple, dans le Niger voisin où elle a fait, selon un dernier bilan, 26 morts sur près de 1500 cas recensés.
Enfin, si certains ont pris la chose avec un humour noir….
D’autres n’ont pas manqué d’extrapoler…politiquement, comme cet internaute qui moque ce slogan brandi, en octobre 1988, par des Algériens épris de liberté, refusant aussi bien les militaires que les islamistes.
Le choléra est une maladie diarrhéique aiguë, provoquée par une bactérie, le Vibrio cholerae. Ses principaux symptômes sont des vomissements, de violentes diarrhées et des douleurs abdominales. Dans près de la moitié des cas, elle entraîne la mort si aucun traitement n’est dispensé à temps. Chaque année, elle tue jusqu’à 143 000 personnes dans le monde, sur près de 4 millions de cas recensés, principalement dans les pays où sévissent les guerres, la pauvreté et les catastrophes naturelles.
Le dernier cas confirmé du choléra en Algérie, remonte, quant à lui, à 1996. En juin 2003, la banlieue d’Oran connut même 14 cas de peste bubonique, provoquant ainsi la mise en quarantaine d’un village entier, comptant 1200 personnes. Des carences au niveau du système de santé, mais aussi la défaillance des autorités locales à assurer des conditions d’hygiène correctes dans leurs circonscriptions respectives, sont régulièrement relevées.
Avec sputnik