Le comparateur de crédit en ligne Smava propose aux Allemands d’emprunter à un taux négatif de 0,4% sur trois ans. Il s’agit évidemment surtout d’une opération marketing permettant à cette Fintech berlinoise de se faire connaître.
En Allemagne, le crédit se transforme en épargne. Ou presque. En effet, un comparateur en ligne de crédit appelé Smava a littéralement brisé un tabou outre-Rhin. Cette Fintech berlinoise fondée en 2007, a en effet décidé de commercialiser un crédit à taux…négatif.
En effet, elle propose ni plus ni moins d’emprunter 1000 euros sur trois ans et de rembourser in fine 994 euros soit un taux de -0,4%. Autrement dit les Allemands gagnent littéralement à emprunter, d’autant plus qu’aucun frais ne lui est réclamé. Le crédit à proprement parler est octroyé par Fidor, une banque en ligne connue en Allemagne pour ses tarifs hyper-agressifs (et rachetée par le français BPCE fin 2016).
Une grande première
Avec la politique monétaire accommodante des banques centrales, dont la BCE, qui ont mis les taux d’intérêts au ras des pâquerettes, les coûts d’emprunts ont chuté dans bon nombre de pays. En 2015, au Danemark, une conseillère conjugale qui avait emprunté à taux variable, a ainsi vu momentanément sa banque lui verser de l’argent, le taux étant temporairement devenu négatif. L’affaire avait fait les choux gras de la presse internationale.
Mais aucune banque n’avait osé jusqu’à présent proposer d’emprunter à taux négatifs. C’est donc désormais le cas avec Smava, qui avait déjà fait grand bruit fin 2015 en proposant un crédit à 0%.
Avec cette opération, elle franchit un peu plus le Rubicon. Certes, ce taux négatif de 0,4% ne s’applique que sur un emprunt à 1000 euros pour une période de 36 mois. De plus, cette offre spéciale est pour le moment ouverte jusqu’à fin août, même si Smava n’exclut pas de la prolonger. Enfin, elle n’est valable qu’en Allemagne.
Un coup marketing
Pourquoi proposer un taux négatif? La Fintech avance que les Allemands n’ont pas le réflexe de comparer les taux d’un crédit. Et perdent ainsi beaucoup d’argent: 2,4 milliards d’euros en 2016 selon la Schufa (une entreprise qui pratique le scoring, c’est-à-dire qu’elle note la solvabilité d’un emprunteur). “Cela ne doit pas se produire. Avec ces crédits à taux négatifs nous voulons inciter les consommateurs à faire cette comparaison”, affirme Alexander Artopé, le fondateur de Smava, cité dans un communiqué.
En fait, il s’agit surtout d’une opération de communication qui vise à donner davantage de notoriété à Smava.
“Il faut bien admettre qu’avec cette action on profite aussi d’une publicité importante pour notre entreprise et nos produits. On espère aussi, que les gens qui prennent ce crédit à ce taux très favorables, vont aussi penser à Smava, dès qu’ils songent à faire un financement plus important ultérieurement”, explique ainsi un porte-parole du groupe.
Autrement dit, ce crédit à taux négatif constitue un produit d’appel. Une stratégie pas si éloignée de celles des banques “physiques”, qui, en France, bataillent ferme sur le crédit immobilier pour attirer de nouveaux clients, quitte à avoir des marges faibles voire négatives, comme le soulignait le cabinet Sia Partners en 2013.
Avec bfmbusiness