Une pétition en ligne “contre le statut de Première dame” pour Brigitte Macron a rassemblé près de 200.000 signatures en moins d’une semaine, ce lundi 7 août 2017.
Lorsqu’il était encore en campagne, Emmanuel Macron avait souligné vouloir “clarifier” le statut de Première dame en France. Selon lui, il relève pour l’instant d’une “hypocrisie”:
“[Brigitte Macron] aura un rôle et elle ne sera pas cachée, parce qu’elle partage ma vie et parce que son avis est important”, avait-il assuré, insistant sur le fait qu’elle ne serait pas rémunérée.
L’Elysée préparerait ainsi une charte pour définir le statut de la Première dame en France. Mais certains députés — LR, PS ou de la France Insoumise — ne l’entendent pas ainsi. Lors de l’examen du projet de loi de moralisation de la vie publique, ils se sont agacés de ce traitement qu’ils jugent injuste par rapport aux autres élus politiques.
Dans l’histoire de la Ve République, on utilise souvent l’expression “Première dame” lorsque l’on mentionne la conjointe du président. Mais le statut du ou de la conjointe du chef d’Etat en France a toujours été compliqué, car il n’est pas défini légalement. Elle n’est pas rémunérée par le contribuable et ne dispose d’aucun budget — ce qu’Emmanuel Macron souhaite changer. Cependant, les conjointes de Nicolas Sarkozy et François Hollande disposaient de collaborateurs et coûtaient entre 30.000 et 60.000 euros par mois de frais de fonctionnement.
Nous avons regardé quel statut avaient les conjoint-e-s des chefs d’Etat dans le monde.
Etats-Unis: “l’hôtesse de la Maison-Blanche”
Melania Trump le 14 juillet 2017. REUTERS/Charles Platiau
Contrairement aux idées reçues, le statut de Première dame n’existe pas non plus officiellement aux Etats-Unis. On parle de “l’hôtesse de la Maison-Blanche”, et ce poste a parfois été occupé par une femme qui n’était pas l’épouse du président. Au fil du temps, la Première dame a pris de l’importance dans la politique américaine, et il est désormais entendu que le ou la conjointe du chef d’Etat s’occupera de grandes causes ou d’association caritatives. Michelle Obama s’était ainsi engagée à lutter contre l’obésité, avec sa campagne “Let’s Move!”. Depuis 1978, la Première dame a aussi le droit d’avoir un staff de 12 personnes. Elle dispose aussi d’un site internet et de pages Facebook et Twitter officielles.
Statut officiel: oui dans la tradition américaine, mais pas juridiquement
Staff: oui
Rôles: associations caritatives, engagements pro-associatifs, grandes causes
Royaume-Uni: un conjoint plus en retrait
Theresa et Philip May. REUTERS/Antonio Calanni/Pool
Les conjoint-e-s du Premier ou de la Première ministre britannique sont beaucoup plus discrets qu’outre Atlantique. Ils habitent toutefois au 10 Downing Street et se font servir comme le ou la chef du gouvernement. Philip May, le nouveau “Premier homme” du Royaume-Uni, fait très peu d’apparitions publiques et n’a accordé qu’une seule interview, avec Theresa May, lors de la campagne électorale de 2017.
Statut officiel: non
Staff: celui du 10 Downing Street
Rôles: accueillir les invités lors des dîners officiels
Allemagne: la discrétion du “Premier homme”
Angela Merkel et Joachim Sauer. REUTERS/Michaela Rehle
Angela Merkel est chancelière depuis 2005. Son mari, Joachim Sauer, est un modèle de discrétion. Ils apparaissent rarement ensemble — le magazine Stern l’a même surnommé le Fantôme de l’Opéra au vu des apparitions médiatiques quasi inexistantes de ce chimiste, par ailleurs aficionado d’opéra. Il ne dispose d’aucun staff officiel et irait même travailler “en transports en commun”, rapporte le Point.
Statut officiel: non
Staff: non
Rôles: accueillir les invités lors de rendez-vous officiels
Canada: “l’épouse du Premier ministre”
Sophie Grégoire-Trudeau. REUTERS/Axel Schmidt
L’expression “Première dame” au Canada n’existe pas, a rappelé le Huffington Post en 2015, après que quelques médias américains avaient affublé la femme de Justin Trudeau, Sophie Grégoire-Trudeau, de ce surnom. Elle a toutefois accompagné son mari au sommet du G20 de juillet dernier, et fait de nombreux discours sur les sujets d’égalité femmes-hommes qui lui tiennent à coeur.
En 2013, Laureen Harper, la femme de l’ancien Premier ministre canadien Stephen Harper, avait déclaré qu’elle voyait peu de similarité entre son travail et celui de Michelle Obama. “Elle est la Première dame, elle a un rôle défini. Je suis la femme du Premier ministre — il n’y a pas de Première dame au Canada. Elle peut avoir un grand rôle, un petit rôle, qu’importe.” Paradoxalement, Laureen Harper avait un “grand” rôle: elle voyageait beaucoup pour sa campagne de lutte contre l’obésité et apparaissait dans de nombreux médias pour porter son message.
Statut officiel: non
Staff: non, mais prend part aux voyages officiels avec le Premier ministre
Rôles: lever des fonds pour les associations, faire des discours, voyages officiels avec son mari
Italie: “l’accompagnatrice” du chef de l’Etat
Il n’y a pas de dénomination officielle pour le ou la conjoint-e du chef d’Etat, mais Franca Pilla, épouse de l’ancien président de la République Carlo Azeglio Ciampi, a été la première à endosser ce rôle officieux entre 1999 et 2006. Elle peut résider au sein du palais présidentiel du Quirinal. Si le président n’a pas de conjoint-e, une personne peut être désignée “accompagnatrice” — ce fut le cas à 3 reprises. C’est le cas de Laura Mattarella, la fille de l’actuel président italien Sergio Mattarella.
Statut officiel: non
Staff: non, mais prend part aux voyages officiels
Rôles: accompagner le président