Une contribution citoyenne pour organiser les élections générales de 2020. C’est l’appel lancé par Pierre Nkurunziza à la veille du 55ème anniversaire de l’indépendance du Burundi. Les 11 millions de Burundais sont invités à déposer une sorte de cens sur un compte national ouvert pour l’occasion. L’initiative est destinée à contourner le gel de l’aide européenne mais aussi prouver que le pays, à couteaux tirés avec l’UE, peut organiser des élections sans aide étrangère.
Depuis bientôt une semaine, le compte numéro 1110/267ouvert sur les livres Banque de la République du Burundi (BRB) est désormais la tirelire nationale des prochaines élections générales. C’est sur ce compte que les compatriotes de Pierre Nkurunziza ont commencé à déposer, dans la limite de leurs moyens, leur contribution pour financer les élections générales de 2020.
A la surprise générale, le 30 juin dernier, alors que cette ex-colonie allemande puis belge s’apprêtait à célébrer ses 55 ans d’indépendance, Pierre Nkurunziza, son président lance l’idée d’une souscription nationale pour assurer, à temps, le bon déroulement du scrutin prévu dans trois ans qui devraient permettre de désigner les élus locaux et les 100 députés de l’Assemblée nationale.
Sur fonds de relations tendues avec l’Union européenne (UE), Bujumbura semble vouloir anticiper sa déconvenue des élections générales de 2015. L’UE, principale bailleresse du Burundi avait décidé de geler son enveloppe octroyée au pays pour l’organisation des élections, entraînant le retrait des autres partenaires. La décision était destinée à faire influer le forcing de Pierre Nkurunziza qui a brigué un troisième mandat en violation de la constitution burundaise et sous une répression sanglante.
Une contribution nationale qui divise
Le gel, plus tard étendu à l’aide, a plombé l’économie du pays et poussé Bujumbura à augmenter les taxes dans le pays. Dans une situation économique difficile, la contribution nationale fait tache. En plus des taxes, les 11 millions de Burundais sont mis à contribution pour le financement des élections là où les importants prélèvements d’impôts sont destinés à remplir cette obligation démocratique.
En tout cas, l’initiative divise. Certains y voient une mesure de substitution et même de contournement du gel européen. Plus encore, selon plusieurs médias proches du régime de Pierre Nkurunziza, le Burundi obtient ici l’occasion de prouver qu’il est en mesure d’organiser et de financer des élections « transparentes et crédibles » sans aide étrangère.
En face, l’opposition dénonce le caractère précipité de l’initiative lancée trois ans avant la tenue effective des élections. Autre grief reproché à la contribution nationale, la mainmise de Pierre Nkurunziza sur le financement d’élections qu’il pourrait influencer à son avantage. La démocratie burundaise, encore chancelante, traverse une nouvelle épreuve.
Avec latribuneafrique