Au Nigeria, un débat présidentiel télévisé s’est tenu samedi soir 19 janvier sans les deux principaux candidats. Ils devaient être cinq sur le plateau, mais le président sortant, Muhammadu Buhari ne s’est finalement pas présenté. Son principal opposant, l’ancien vice-président Atiku Abubakar, candidat du Parti démocratique populaire, a alors quitté le lieu du débat, dénonçant une « offense à la démocratie ». Muhammadu Buhari était en réalité en campagne à Jos, dans le centre du pays. Un territoire instable qui est devenu un véritable enjeu pour le président sortant dans le cadre des élections générales qui se tiendront le mois prochain.
C’est dans le stade Rwan Pam, plein à craquer, que Muhammadu Buhari a été accueilli par une foule hystérique. Après avoir vu son cortège bloqué par des partisans en délire, le président sortant a même dû quitter précipitamment son meeting, exfiltré par son service de sécurité, alors que des centaines de partisans ont envahi la scène pour se rapprocher de l’ancien général.
En 2015 déjà, lors de la dernière élection présidentielle, les Etats du Centre avaient massivement voté pour Muhammadu Buhari, séduits par les promesses de lutte contre l’insécurité.
Quatre ans plus tard, ces territoires semblent toujours acquis au président, malgré un bilan plus que mitigé. L’Etat du Plateau a connu une recrudescence de violences intercommunautaires entre agriculteurs et éleveurs. Réchauffement climatique, raréfaction des ressources naturelles, boom démographique, prolifération d’armes à feu dans la région sont autant d’éléments qui ont fait culminer les violences à un niveau inédit. Selon le rapport d’International Crisis Group, rendu en septembre 2017, les conflits entre les communautés dans le Centre auraient fait environ 2 500 morts rien qu’en 2016. Pour l’ONG, ils représentent aujourd’hui la première cause « d’instabilité et d’insécurité au Nigeria ».
Avec Rfi afrique