Depuis son accession au pouvoir en avril 2011, le président ivoirien Alassane Ouattara s’est lancé dans un vaste programme de relance économique. Elan marqué par de grands chantiers d’infrastructures et la mise en œuvre de réformes institutionnelles visant à assainir le climat des affaires.
Entrée remarquable
Toutes ces actions portées par une diplomatie agressive qui a permis de repositionner la Côte d’Ivoire sur la scène internationale. Mais surtout, l’on note son option pour l’éco-diplomatie ou diplomatie économique, qui confère aux représentations diplomatiques et consulaires la mission de soutenir les efforts de relance économique du gouvernement en servant d’ « interface » entre les opérateurs privés nationaux et ceux de leurs pays d’accréditation afin de trouver de nouveaux débouchés pour les produits industriels ivoiriens et de mobiliser les investissements directs étrangers.
Grâce à cette offensive diplomatique et une politique économique clairement orientée vers la croissance, le Chef de l’Etat a permis à la Côte d’Ivoire de renouer avec le progrès économique et social. En témoigne de nombreuses réalisations et la réhabilitation d’infrastructures dont des ponts, des routes des hôpitaux, des écoles, ainsi que l’électrification et l’adduction en eau potable de plusieurs localités. Des chantiers qui, en plus des investissements du secteur privé, ont permis la mobilisation de plus de 15 000 milliards de francs CFA.
Ouattara, on peut se permettre de le dire, a réussi une entrée remarquable dans l’Histoire en permettant à son pays, après près d’une décennie de marasme économique du à la longue crise socio-politique de 2002-2011, à renouer avec la croissance qui a oscillé autour de 9% durant les trois dernières années.
Toutefois, la question, la bonne, qu’il convient de se poser, est celle-ci : Ouattara pourra-t-il se maintenir dans l’histoire ? Un défi qui pose la problématique de la consolidation des acquis du premier quinquennat de l’ex-DG du FMI.
Comment s’y maintenir
En effet, si le premier mandat d’Alassane Ouattara lui a permis de relancer, tant bien que mal, la machine économique du pays, force est de constater que tous ces acquis, en bien de points, suscitent des inquiétudes. Plusieurs routes réhabilitées ou construites sont devenus quasi-impraticable seulement quelques jours après les travaux. Le chômage et la délinquance juvénile continuent de constituer une problématique majeure. Abidjan et les grandes villes continuent de sombrer dans l’insalubrité. La santé va mal. Très mal. L’école reste otage de la FESCI et des humeurs des syndicats d’enseignants, sans oublier le manque d’instrument pédagogiques dans les universités. La corruption, les dessous de tables, la gabegie… doit-on encore en parler ? La pauvreté des couches les plus vulnérables ne s’est pas amélioré malgré la forte croissance, tandis que la veuve et l’orphélin continuent d’être spolier de leurs bien, de leur héritage, de tout ce qui leur reste. A quand la livraison des premiers logements sociaux aux prix sociaux tels que promis ? A quand une véritable réponse à la défaillance sanitaire ?
Globalement, un spécialiste en macro-économie dirait que ça va bien en Côte d’Ivoire. Mais dans le détail, le citoyen lambda, le jeune en panne de repère, la femme sans soutien, la jeune fille livrée à elle-même, se posent des questions, se demandent bien si tous ces discours de croissance les concernent, eux.
Alors, tenir compte de ces préoccupations et y appliquer des solutions et correctifs idoines, tel devrait être le nouveau défi d’Alassane Ouattara. Car se lancer sur la dernière ligne droite pour l’émergence économique, sans consolider les acquis du premier mandat serait manquer au second rendez-vous de l’Histoire qui consiste à s’y maintenir. Et qui serait aussi synonyme de de mauvais présage quant à la mise en œuvre du Plan national de développement 2016-2020 (PND 2016-2020).
Y rester
Mais une fois ce réglage opéré avec réussite, Ouattara pourra songer à s’attaquer effacement à cet ambitieux programme qui vise à mener la Côte d’Ivoire dans le rang des pays émergents. Avec une prévision d’investissement de 30 000 milliards de francs CFA d’ici 2020.
A côté, d’autres challenges comme la consolidation de la démocratie, la réconciliation nationale et la cohésion sociale, seront des enjeux importants pour la gouvernance Ouattara durant ce second mandat. C’est à ce prix qu’il réussira sa sortie. Que son nom pourra demeurer, rester, et être gravé dans l’Histoire. Pour que le mythe ne l’emporte pas sur la réalité.
avec ladiplomatiquedabidjan