En crise depuis plus de cinq ans essentiellement en raison de la chute des cours des matières premières, l‘économie africaine a pourtant essayé de sortir la tête de l’eau en 2018. Et d’après des prédictions, cet essor devrait se poursuivre en 2019. Non sans se heurter à quelques embûches.
Bien que gênée par des facteurs comme la dette, la corruption et surtout la chute des matières premières, la gouvernance économique du continent aura été marquée par la mise en œuvre de nouvelles politiques dont les résultats semblent déjà perceptibles. De quoi alimenter le psychisme de ceux qu’on appelle communément « afro-optimistes ».
Si des Africains voient déjà l’avenir en rose, c’est parce que l’année qui pointe à l’horizon annonce le début de la stabilisation des cours de la plupart des matières premières. Le dernier rapport 2018 de la Banque mondiale rendu public en octobre fait état d’une stabilisation des cours des matières premières dont le pétrole (75 dollars par baril), principale source de revenus du Nigeria et de l’Angola qui constituent, avec l’Afrique du Sud, les principales locomotives de l‘économie africaine.
Quitte à attirer davantage d’investisseurs et créer davantage de richesses pour booster une croissance économique estimée à 3,6 % contre 3,1 % en 2018. Il y a de l’optimisme à l’horizon économique du continent. Un optimisme alimenté aussi par des réformes mises en œuvre par des gouvernants conscients que la réforme est le pilier d’une économie. Occupant jadis la queue, des pays africains comme l‘Île Maurice, Djibouti et le Togo ont amélioré leurs environnements des affaires en 2018.
Ce sursaut est illustré par le classement Doing Business de la Banque mondiale qui énumère les pays où il sera aisé de faire les affaires en 2019. « Ces résultats impressionnants me rendent optimiste pour l’avenir de l’Afrique. Les géants que sont la Chine et l’Inde ne sont pas les seuls à améliorer spectaculairement leur climat des affaires. Des petits pays comme Djibouti, et même des pays fragilisés par des conflits comme la Côte d’Ivoire y parviennent aussi », se félicitait Shanta Devarajan, directeur pour l’économie du développement et chef économiste par intérim de la Banque mondiale.
Dette, chômage,….Défis de taille
Mais tout ne s’annonce pas rose pour l‘économie africaine en 2019. Il y a d’abord la question de dette dont la Chine détient la plus grande part avec 14 %. Ayant atteint 57 % du PIB, soit le double de ce qu’elle était il y a cinq ans, la dette africaine a fait l’objet d’une grande réflexion des pays du G20 à Buenos Aires en juillet. Une inquiétude unanime s’est dégagée. Passés de 4 à 11 % du budget, les remboursements devraient, selon des experts, limiter l’investissement dans des projets de développement.
Et la crise économique est presque à la lisière de certains pays, estime le Fonds monétaire international (FMI). Parmi ces États, le Congo-Brazzaville, même si le président Sassou-Nguesso avait rassuré ses compatriotes que le pays était « loin de la banqueroute ».
Autre grand danger : la guerre commerciale entre les deux premières puissances économiques du monde. Des spécialistes estiment que le duel entre la Chine et les États-Unis pourrait avoir pour principale conséquence, la chute des prix des matières premières, à même de freiner la mise en œuvre des mesures sur l’assainissement du climat des affaires. La très redoutée et redoutable guerre commerciale sino-américaine pourrait, en effet, provoquer un ralentissement de la croissance économique en Afrique.
Une croissance qui, comme d’habitude, ne sera pas inclusive. Par conséquent, elle ne devrait pas vraiment contribuer à la réduction d’un chômage de masse touchant principalement 60 % des 200 millions de jeunes (15 à 24 ans) que compte le continent qui fait face à plusieurs défis en attente d‘être relevés.
Avec Africanews