La candidature de Haguibou Soumaré à la présidentielle de 2019 charrie un faisceau d’affabulations et de fantaisies. Aux dernières nouvelles, l’ex-patron de la commission de l’UEMOA s’est engagé en politique pour laver l’affront relatif à son départ de cette organisation sous-régionale. Il se dit qu’il cherche à régler des comptes après que Macky Sall ne l’a pas soutenu, en 2016, quand il a voulu rempiler à la tête de cette institution. Qu’à cet égard, il est aiguillonné par Alassane Dramane Ouattara, Alpha Condé et Yayi Boni. Si le dernier nommé n’est plus aux commandes du Bénin, le premier des Ivoiriens-qui a manœuvré en sous-sol à la rescousse de Karim Wade-doit une fière chandelle au pape du Sopi, tandis qu’entre le chef de l’Etat guinéen et son homologue sénégalais, les relations, empoisonnées par Ebola et par la crise gambienne, ont souvent été heurtées. Comme du temps de Sékou Touré, une certaine presse prête, à tort ou à raison, à Conakry de servir de basse-arrière à certains opposants sénégalais. C’est ainsi qu’il ne peut pas être totalement exclu que Me Wade parraine la candidature de Soumaré suivant le principe selon lequel « l’ennemi de mon ennemi est mon ami ». Toutes choses qui ne suffisent pas, pour autant, à établir des connexions entre les Wade et le prédécesseur de Me Souleymane Ndéné Ndiaye au 9e étage du Building Administratif.
En somme, comme l’a écarté Haguibou lui-même hier depuis Touba dans les colonnes de Dakaractu, il n’est pas le plan B du Pds. Autrement, la présence de Ngoné Ndoye, qui fait office de numéro 2 à ses côtés, serait difficilement imaginable d’autant plus que celle -ci n’est pas, à ce qu’on sache, en odeur de sainteté avec le Président Wade après que ce dernier l’a traitée de tous les noms d’oiseau suite à une affaire qui a défrayé la chronique au lendemain de la bérézina libérale de 2012.
Dès lors qu’il lui manque la caution morale et matérielle de Abdoulaye Wade, comment lire dans les courbes de la Providence le destin présidentiel du néophyte ? Certes, comme Macky Sall, celui qui est passé de ministre-délégué à Premier ministre, doit à un nuage de félicité son ascension fulgurante dans le pouvoir sopiste, cependant, comparaison n’est pas raison, peu de facteurs-clé de succès le prédisposent à réunir en huit mois les conditions d’une victoire à la présidentielle. Quand il créait l’Apr en 2008, Macky Sall était déjà politiquement éprouvé par son statut d’ancien directeur de campagne de Wade, contrôlait une ville, un vaste mouvement de soutien au sein du Pds, et pouvait surfer sur la bulle médiatique afférente au supposé projet de dévolution monarchique du pouvoir pour se poser en martyr.
A rebours, en plus de devoir composer avec un électorat au vote plus affectif qu’objectif, Soumaré devra tenter d’endiguer la concurrence de Ousmane Sonko, d’Abdoul Mbaye ou encore de Thierno Alassane Sall, qui sont porteurs du même discours.
Avec dakaractu