Interrogé mardi sur la coopération sécuritaire entre la Tunisie et les États-Unis, le président Béji Caïd Essebsi a reconnu – pour la première fois – que des drones américains ont été autorisés à survoler le territoire tunisien. Une déclaration qui relance la polémique, en Tunisie et chez ses voisins, autour des agissements de l’armée américaine dans la région.
Le Washington Post en date du 26 octobre révélait que les États-Unis ont « secrètement étendu leur réseau mondial de bases de drones à l’Afrique du Nord, déployant des appareils sans pilote et du personnel militaire américain dans une structure en Tunisie pour mener des missions espionnes en Libye voisine. » D’après le quotidien américain, les drones décolleraient d’une base tunisienne depuis fin juin et auraient « joué un rôle clé dans une vaste offensive aérienne américaine contre un fief de l’État islamique » en Libye.
Ont aussitôt suivi des démentis du porte-parole du ministère de la Défense, Belhassen Oueslati, puis du chef du gouvernement, Youssef Chahed, qui a affirmé au journal Le Monde, à la veille de sa visite à Paris, qu’aucun drone ne décollerait « de chez nous vers la Libye. »
À l’occasion d’une interview télévisée le 22 novembre, Béji Caïd Essebsi a lui aussi démenti l’existence d’une base militaire américaine en Tunisie, sans pour autant nier l’utilisation de drones dans le cadre de missions d’entraînement des forces armées tunisiennes par « 70 militaires américains » sur place.
Mais que sait-t-on vraiment ? Pourquoi ce sujet suscite-il autant de malaise ? Retour sur les dits, les non-dits et les qu’en-dira-t-on.
Un « système de sécurisation » des frontières
Les autorités tunisiennes et américaines sont d’accord sur une chose : les drones en question, quelles que soient leurs trajectoires, servent à la surveillance et non à l’attaque. « Dans le cadre de la coopération bilatérale tuniso-américaine, nous avons acquis des drones pour former nos militaires à utiliser cette technologie et pour le contrôle de nos frontières sud-est avec la Libye, afin de détecter tout mouvement suspect », avait déclaré à l’AFP Belhassen Oueslati. Une réponse qui met de côté l’information du Washington Post selon laquelle « des officiels américains ont déclaré que [ces drones] pourraient être armés à l’avenir si la Tunisie donnait son autorisation aux Etats-Unis. »