Si l’utilisation des drones à des fins industrielles est devenue monnaie courante en Europe ou aux États-Unis, cet outil est encore nouveau sur le continent africain. A Abidjan, en Côte d’Ivoire, une « drone academy » vient d’ouvrir ses portes. Objectif : former des pilotes locaux capables d’inspecter les lignes à haute-tension du pays.
L’idée peut sembler saugrenue. Elle s’inscrit pourtant dans un projet industriel de grande envergure, qui pourrait révolutionner les méthodes de travail actuelles. A Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, la Compagnie Ivoirienne d’électricité (CIE), filiale du groupe franco-africain Eranove, vient d’inaugurer une « drone academy ». Son but ? Former une vingtaine de pilotes au maniement de ces petits engins volants.
Recrutés localement, ces agents de surveillance 2.0 et leurs gadgets high-tech seront chargés de l’inspection des 25 000 km de lignes à haute-tension utilisées par la CIE. Ce programme est une première en Afrique de l’Ouest, où l’utilisation de drones à des fins industrielles ou commerciales est encore balbutiante. Il devrait permettre à la CIE d’améliorer l’efficacité de son réseau électrique, tout en réduisant ses coûts d’entretien. Ce qui ne devrait pas déplaire au 1,3 million de clients ivoiriens de la compagnie d’électricité, encore parfois victimes de coupures de courant, notamment dans certaines régions plus isolées.
Détecter le moindre défaut d’un réseau
En raison de contraintes inhérentes au territoire ivoirien -en particulier les pistes en terre difficilement praticables par les véhicules de dépannage lors de la saison des pluies-, l’accès aux pylônes ou aux lignes électriques endommagées se révèle souvent complexe pour les agents de la CIE. « On a beaucoup de problèmes avec la végétation, il faut contrôler tout le temps, et c’est très dur parce que c’est étalé sur tout le pays », explique Benjamin Mathon, en charge de la formation des futurs pilotes.
Le drone à l’avantage, lui, de permettre l’analyse d’un grand nombre de lignes en un temps limité, sur une surface importante, sans que l’état du réseau routier ne pose réellement problème. Grâce aux caméras et aux capteurs dont sont équipées les aéronefs télécommandés, « des logiciels d’intelligence artificielle analysent automatiquement les images pour détecter tous les défauts : un boulon rouillé sur un pylône, un câble cassé… », précise Benjamin Mathon.
Ouverte aux entreprises étrangères
Les élèves de la « drone academy » apprennent non seulement à maîtriser leur engin en vol, mais également au sol. Ils devront être capables de les monter et de les réparer eux-mêmes, y compris lors d’une intervention. Les futurs pilotes seront aussi formés à l’utilisation de logiciels d’analyse d’images et de données, aux outils de géolocalisation, et à la cartographie aérienne.
Le kit technologique nécessaire pour une utilisation pleine et entière de leur appareil. « C’est un saut technologique important pour la CIE et ses 4 500 employés », s’enthousiasme Dominique Kakou, son directeur général. « Il nous permettra d’inspecter nos ouvrages et d’assurer leur sécurité de manière beaucoup plus fine, et aussi d’optimiser nos coûts ».
Une « drone academy » qui n’est pas réservée à la seule CIE, puisque d’autres entreprises ivoiriennes, mais également originaires de pays limitrophes (Ghana, Togo, Mali, Bukina Faso, Bénin), sont susceptibles d’avoir bientôt recours aux drones, notamment dans les secteurs de l’agro-industrie et des mines.
Avec weforum