La lutte effrénée contre toute forme de douleur a popularisé le recours aux drogues antalgiques dérivées de l’opium. Avec une mortalité galopante à la clé.
Les deux seules causes de mortalité qui progressent de manière significative aujourd’hui sont l’obésité, en grande partie causée par la consommation de sucre, et l’usage de drogues antalgiques dérivées de l’opium, comme l’a mis en évidence une évaluation récente des causes de mortalité dans le monde. Un article publié en mars dans la revue Science (1) insiste d’ailleurs sur la nécessité absolue de trouver rapidement des traitements antalgiques qui soient non addictifs et moins dangereux.
En effet, aux États-Unis, on a noté ces quinze dernières années une multiplication par quatre du nombre de décès liés à l’usage de médicaments dérivés de l’opium. Ces substances, autrefois réservées à un usage très limité et hospitalier pour les douleurs aiguës post-traumatiques, pour les douleurs neurologiques ou dans le cadre de soins palliatifs, sont désormais prescrites d’une manière extrêmement banale. Alors qu’elles sont utilisées pour soulager aussi bien des douleurs dentaires que des douleurs chroniques non malignes, leur usage explose.
Légalisation du cannabis thérapeutique
Les 60 % de la population se plaignant d’avoir des douleurs dans le dos constituent un vaste marché ouvert aux drogues dérivées de l’opium et à ses conséquences funestes. La lutte contre la douleur a pris un tour absolument incontrôlable, au point de mettre à mal le vieux précepte du serment d’Hippocrate « D’abord ne pas nuire », au profit d’une désormais priorité absolue : la lutte contre toutes les douleurs. Pourtant, les antalgiques opioïdes ont montré leur totale inefficacité au-delà de trois mois de traitement pour soulager les douleurs chroniques sans lésions. Pis, ces substances étant addictives, l’augmentation permanente de la dose devient nécessaire. Parfois, les médecins prescrivent des antalgiques majeurs, extrêmement dangereux, comme ceux administrés aux chanteurs Prince et Michael Jackson pour des douleurs banales, à l’origine de leur décès.
Face à cette situation inquiétante, il est indispensable de restreindre de manière drastique le recours aux opiacés et d’arrêter de croire que la priorité absolue de la médecine moderne est de soulager sans discernement toutes les douleurs par des drogues. Simultanément, il est nécessaire de développer de nouvelles molécules non addictives. En ce sens, la légalisation du cannabis thérapeutique comme drogue antalgique dans un nombre croissant de pays constitue un signe important. En effet, le cannabis est l’une des drogues les moins addictives, et il est clair que ses dérivés font partie du hit-parade des futures drogues, associant effets antalgiques et euphorisants, sans risques d’addiction avérés. L’intolérance à la douleur de nos sociétés modernes et le fait que celle-ci soit devenue une cause de compassion majeure ont transformé une partie de la population occidentale en drogués institutionnels aux opiacés. La mortalité galopante qui en découle ne fait pas la une des journaux, ni ne préoccupe l’OMS.
Avec wikistrike