La presse américaine indique que Donald Trump a décidé d’annuler la rencontre prévue avec le dictateur nord-coréen Kim Jong-un.
Face aux déclarations dures de la Corée du Nord, Donald Trump a tranché. Le président américain a envoyé jeudi un courrier à Kim Jong-un pour lui faire part de sa décision d’annuler le sommet prévu le 12 juin à Singapour, où ils devaient se rencontrer pour la première fois au terme de discussions menées depuis le début de l’année dans le cadre de la désescalade des tensions sur la péninsule coréenne. Le milliardaire a, pour justifier sa décision, évoqué l’«énorme colère et l’hostilité évidente» dont ont fait preuve les Nord-Coréens dans leurs récentes déclarations. «Il est, je pense, inapproprié, en ce moment, d’organiser cette réunion attendue de longue date», écrit le président américain. La mesure apparente de ces propos s’efface quelques phrases plus loin, dans une référence au «feu et la fureur» dont il avait menacé la Corée du Nord à l’été dernier : «Vous parlez de vos capacités nucléaires, mais les nôtres sont si énormes et puissantes que je prie Dieu qu’elles ne soient jamais utilisées.»
Lettre de Trump à Kim Jong Un pic.twitter.com/c8TnvLTLyi
— Olivier O'Mahony (@olivieromahony) May 24, 2018
Donald Trump laisse tout de même la porte ouverte, assurant qu’il a «très hâte» de rencontrer Kim Jong-un un jour : «En attendant, je vous remercie pour la libération des otages qui sont désormais chez eux avec leurs familles. C’était un beau geste et très apprécié.» Il poursuit : «Si vous changer d’avis à propos de ce sommet très important, n’hésitez pas à m’écrire ou m’appeler. Le monde, et la Corée du Nord en particulier, a perdu une grande opportunité vers une paix durable, la prospérité et la richesse. Cette opportunité ratée est un moment vraiment triste de l’histoire.»
Pence, une “marionnette politique”
Depuis plusieurs semaines, en effet, le discours de la Corée du Nord s’est durci. Début mai, les autorités de Pyongyang avaient mis en garde les Etats-Unis contre «toute provocation» : affirmer que la venue de Pyongyang à la table des négociations serait «un signe de faiblesse» n’est «pas favorable» pour le dialogue et pourrait «ramener la situation à la case départ», avait prévenu un porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères.
Peu après l’annonce, ce jeudi, du démantèlement du site nucléaire nord-coréen, la vice-ministre nord-coréenne des Affaires étrangères avait qualifié le vice-président américain Mike Pence de «marionnette politique», car il avait défendu la comparaison de l’accord signé par le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi sur le désarmement avec celui qui est envisagé pour son propre pays : «En tant que personne au fait des affaires américaines, je n’arrive pas à contenir ma surprise face à une remarque aussi ignorante et stupide venant de la bouche d’un vice-président américain».
Comparaison risquée avec le modèle libyen
«Comme l’a dit le président, cela ne finira comme la Libye que si Kim Jong-un ne parvient pas à un accord», avait assuré Mike Pence, défendant les commentaires du conseiller à la sécurité nationale John Bolton qui avait établi en premier la comparaison. Mais l’évocation de l’exemple libyen, qui s’est achevé sur la chute et la mort de Mouammar Kadhafi en 2011, n’a pas plu à la Corée du Nord et avait été critiqué par de nombreux experts comme une comparaison dangereuse à établir face à un régime imprévisible qui se disait prêt à un accord.
La sortie américaine de l’accord sur le nucléaire iranien, également, avait été considérée comme une décision délicate en pleines négociations avec la Corée du Nord : «Si tout ce que les Etats-Unis font est de se retirer d’accords internationaux qu’ils avaient signé dans le passé, cela n’est pas bon pour la crédibilité américaine et pourrait avoir un impact sur la capacité américaine à mener d’autres négociations sur des sujets divers, comme vis-à-vis de la Corée du Nord. Quelle mesure incitative les Américains peuvent-ils avancer pour encourager les Nord-Coréens à s’asseoir autour de la table et discuter de leur programme nucléaire? Ils peuvent venir et en débattre, pour apaiser tout le monde, mais si j’étais eux, je ne céderais rien», nous avait expliqué Dina Esfandiary, spécialiste de l’Iran au sein du Centre for Science and Security Studies du King’s College de Londres.
Avec parismatch