(Investir au Cameroun) – En un simple clic sur son téléphone portable, il sera désormais possible pour un malade de trouver gratuitement un médecin en fonction de sa spécialité et de sa localisation, et prendre un rendez-vous immédiatement ou plus tard. A compter du 25 décembre 2016, telle est la révolution que va apporter l’application «Docta» au Cameroun, pays dans lequel on dénombre un seul médecin pour 10 000 habitants (en 2013, Ndlr), contre la norme d’un médecin pour 1000 habitants édictée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
«La première version bêta a été lancée le 28 octobre 2016. Je me suis personnellement rendu au Cameroun pour accompagner les médecins pilotes, afin de tester l’outil. Une deuxième version bêta est sortie le 23 novembre 2016. Mais, l’application sera ouverte le 25 décembre 2016, pour la prise effective de rendez-vous. Ce sera notre cadeau de Noël à notre pays», explique Elie Teumawe, ingénieur camerounais en informatique basé à Paris, qui a développé «Docta».
Selon son développeur, en plus de mettre en relation patients et médecins, «Docta» propose également aux médecins membres (ils sont 50 pour l’instant, Ndlr), «un service complet de gestion des rendez-vous, une forte réduction des rendez-vous non honorés grâce à un système de Sms/email de rappel». Toujours pour les médecins, l’application permet «de faire connaître sur internet les spécificités de leur activité par des patients et futurs patients, leur offre la possibilité de rejoindre la plus grande communauté des médecins qui favorise la collaboration au Cameroun et dans le monde, le partage d’expériences, de connaissances, de compétences et les échanges, notamment sur différents cas cliniques».
Plus tard, souligne Elie Teumawe, cette application rendra possible le paiement des frais de santé en ligne, donnant ainsi la possibilité aux membres de la diaspora d’aider leurs proches restés au pays ; elle proposera un service de géolocalisation des hôpitaux et pharmacies, avec la possibilité de déceler en temps réel la pharmacie de garde la plus proche ; et mettra à la disposition des patients des bases de données et d’informations sur les pathologies, tout en sensibilisant les populations sur les comportements à risques.
L’application «Docta», qui ambitionne de révolutionner l’accès aux techniciens de la santé au Cameroun, explique son promoteur, est née d’une expérience personnelle, mais davantage d’une révolte. «Lors de mon séjour au pays en 2014, je suis tombé malade. Mon frère aîné chez qui je résidais m’a conduit dans une clinique à Tsinga (quartier de Yaoundé), pourtant située très loin de la maison. Dans cette très bonne clinique, on a découvert que j’avais le paludisme. Il fallait y retourner tous les jours, juste pour prendre une injection», narre Elie Teumawe.
Et de poursuivre : «A ce moment-là, j’ai pensé qu’une application recherchant les médecins et les hôpitaux, tout en donnant une information détaillée au patient, serait bien pour s’orienter rapidement. Ensuite, la violence inouïe et l’émotion provoquées par l’affaire Monique Koumatekel m’ont définitivement convaincues à lancer l’application Docta».
Pour rappel, Monique Koumatekel est une jeune camerounaise décédée en couches à l’hôpital Laquintinie de Douala en avril dernier, après avoir parcouru plusieurs hôpitaux dans lesquels elle n’avait pas pu être prise en charge. Pour sauver les bébés (grossesse gémellaire) de cette patiente boudée par l’hôpital Laquintinie, sa sœur, désespérée, avait entrepris de lui ouvrir le vendre en plein air, à l’aide d’un bistouri de fortune. La scène s’est déroulée sous les caméras de téléphones portables de curieux, qui avaient aussitôt inondé les réseaux sociaux de ces images insoutenables.