L’opposition djiboutienne a dénoncé lundi « l’impasse » dans laquelle se trouve la mise en œuvre de l’accord-cadre signé fin décembre 2014 avec le président Ismaël Omar Guelleh et censé régler la crise née de la contestation des législatives de 2013.
« Plus de cinq mois après la signature de l’accord-cadre, soit quatre mois de plus que le délai prescrit pour les réformes démocratiques immédiates (…) force est de constater que les termes de l’accord ne sont nullement concrétisés », écrit dans un communiqué Ahmed Youssouf Houmed, le président l’Union pour le salut national (USN), coalition de sept partis djiboutiens d’opposition.
L’USN, qui s’était vu attribuer dix des 65 sièges de l’Assemblée après les législatives de 2013, avait contesté ces résultats, affirmant avoir remporté le scrutin. Le parti du président Guelleh avait lui obtenu les 55 autres sièges.
De longs mois de négociations chaotiques entre pouvoir et opposition, lancées sous pression internationale, avaient finalement abouti le 30 décembre 2014 à un « accord-cadre sur le dialogue politique », aux termes duquel l’USN renonçait implicitement à revendiquer sa victoire électorale en échange de réformes démocratiques et institutionnelles à Djibouti.
Les deux parties avaient notamment convenu de rapidement procéder à une réforme de la Commission électorale, à la création d’un statut de l’opposition politique et de la mise en place d’un code de conduite des partis politiques.
L’accord prévoyait que les projets de loi relatifs à ces trois points devaient être « conçus et élaborés » par une commission parlementaire paritaire et transmis « dans les 30 jours » au président de la République pour approbation en Conseil des ministres et transmission à l’Assemblée nationale.
D’autres réformes étaient également prévues « à court et moyen terme », notamment celle de la loi sur les médias, ou le renforcement des textes relatifs aux droits de l’Homme et aux libertés publiques.
« Plus de cinq mois de négociations constantes et de prolongations multiples (…) n’ont pas permis de traduire pleinement dans les actes les termes de l’accord », déplore Ahmed Youssouf Houmed qui demande la médiation de la communauté internationale pour faire appliquer cet accord.
« Le temps presse et l’élection présidentielle que l’accord-cadre est censé rendre libre et transparente (…) approche à grands pas », souligne le président de l’USN.
La présidentielle est prévue en 2016 et Ismaël Omar Guelleh, au pouvoir depuis 1999, a confié à l’AFP début mai ne pas exclure d’y briguer un quatrième mandat, comme le lui permet la constitution de Djibouti amendée en 2010.
AFP