Le patrimoine professionnel de Bernard Arnault (LVMH), première fortune de France, vaut 47 milliards d’euros, l’équivalent de 2,6 millions d’années de Smic. Les dix plus fortunés de France possèdent 241 milliards d’euros à eux seuls.
Le patrimoine professionnel de Bernard Arnault, l’homme le plus fortuné de France selon le classement 2017 du magazine Challenges [1], vaut 46,9 milliards d’euros. Il faudrait à un smicard 2,6 millions d’années pour gagner cette somme. Et encore, il ne s’agit que de son patrimoine professionnel. Tout ce qui relève du domaine privé ou qui ne repose pas sur un outil de travail n’est pas comptabilisé. Le montant cumulé de la fortune professionnelle des 500 personnes les plus riches de France représente 570 milliards d’euros. À eux seuls, les dix premiers du classement possèdent 241 milliards. Quant au dernier du classement, Jean-Baptiste Rudelle (fondateur de la start-up Criteo), il détient tout de même 120 millions d’euros de patrimoine professionnel. Le seuil d’entrée dans le top 500 des plus grandes fortunes professionnelles ne cesse de s’élever : il a augmenté de 30 % en un an et a été multiplié par neuf depuis 1996. Ni la crise, ni le niveau de la fiscalité française, n’ont entamé la progression des grandes fortunes. Elles vont particulièrement bénéficier de la réduction de l’impôt sur la fortune [2] et surtout de la baisse de l’impôt sur le revenu pour les revenus du patrimoine, mesures votées à la fin de l’année 2017.
Ces fortunes sont démesurées rapportées à ce que possèdent la plupart des ménages, dont la moitié d’entre eux détiennent moins de 114 000 euros. Au-delà d’un certain niveau, l’accumulation de biens prend un sens différent de celui du commun des mortels. À un milliard d’euros de patrimoine ce n’est plus l’utilité (profiter d’une belle maison, d’un avion privé, etc.) du bien détenu qui compte, mais d’autres éléments. D’abord, ces fortunes permettent de mettre à l’abri de toutes difficultés financières ses descendants, sur plusieurs générations. Les hauts patrimoines du début du siècle dernier ont toujours des descendants aisés, sauf catastrophe. Ces fortunes servent aussi des stratégies de distinction personnelle : investir par exemple dans l’art, pour afficher une qualité spécifique. Elles permettent de s’acheter une image de bienfaiteur : riche certes, mais généreux. Enfin, ces fortunes professionnelles ont pour vocation d’élaborer des stratégies d’entrepreneur, de développement de l’actif professionnel : racheter d’autres entreprises, investir un secteur économique, etc.
Les dix plus grandes fortunes professionnelles en France | |||
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Société | Patrimoine professionnel en milliards d’euros |
En nombre d’années de Smic* | |
Bernard Arnault | LVMH | 46,9 | 2 639 214 |
Liliane Bettencourt | L’Oréal | 35,8 | 2 014 582 |
Axel Dumas | Hermès international | 30,9 | 1 738 843 |
Gérard Mulliez | Groupe Auchan | 30,0 | 1 688 197 |
Serge Dassault | Groupe Marcel Dassault | 21,6 | 1 215 502 |
Alain et Gérard Wertheimer | Chanel | 21,0 | 1 181 738 |
François Pinault | Kering | 19,0 | 1 069 191 |
Patrick Drahi | Altice | 14,7 | 827 216 |
Pierre Castel | Castel Frères | 11,5 | 647 142 |
Xavier Niel | Iliad | 9,4 | 528 968 |
Source : Challenges, 27 juin 2017 – Classement 2017 – © Observatoire des inégalités
Avertissement : le classement de Challenges ne prend pas en compte les dettes contractées.
Photo / Domaine public CC0
[1] Voir « Le top 10 des Fortunes de France en 2017 », Challenges, juin 2017.
[2] La fortune professionnelle était déjà exonérée pour l’activité professionnelle principale, mais pas pour les participations minoritaires au capital de sociétés.