Conseils de coach Associé chez EY, spécialiste des marchés de capitaux, Franck Sebag conseille les entreprises, PME, ETI qui souhaitent se financer sur les marchés boursiers. Selon lui, pour réussir, une introduction en Bourse (ou IPO, comme disent les professionnels du secteur, pour « Initial Public Offering ») doit répondre à 10 règles clefs.
1. Préparer en amont son plan d’IPO, en prenant le temps nécessaire
Si certaines opérations sont bouclées en 4 ou 5 mois, il en faut près de douze selon Franck Sebag, pour être réellement à l’aise dans la préparation de l’introduction en Bourse d’une société familiale classique. « C’est le temps nécessaire pour présenter deux ou trois ans de comptes et mener à bien les restructurations, ventes de filiales, etc. qui sont souvent nécessaires », estime-t-il.
2. Être à l’écoute du marché, pour déclencher au bon moment.
« Compte tenu du temps de préparation des opérations, il est parfois difficile de lever les fonds car l’entreprise n’est pas toujours en phase avec le marché. Il faut une adéquation entre la préparation et la fenêtre de tir : cela signifie être prêt au moment où les marchés s’ouvriront », détaille Franck Sebag.
3. Disposer d’options alternatives
Si le marché n’est finalement pas prêt au moment où l’entreprise, elle, le sera. « Beaucoup de solutions sont possibles – depuis la BPI, jusqu’à des placements privés, éventuellement américains, ou encore une cession industrielle. Mais il ne faut pas être pris au dépourvu et être prêt à switcher très rapidement de l’IPO vers une autre solution de financement », estime Franck Sebag,
4. Préparer l’opération avec des experts rodés au sujet
« Dans une vie de chef d’entreprise, une introduction en Bourse est une opération rare. Or, il n’y a pas de temps à perdre : il faut aller chercher à l’extérieur les bons professionnels qui ont, eux, l’habitude et l’expertise des IPO », explique Frack Sebag.
5. Rassembler la bonne équipe en interne
Non seulement pour préparer l’IPO et la mener à bien mais aussi pour faire face aux obligations de l’après-IPO. « Il est essentiel de bien structurer son équipe de management, non seulement pour l’opération mais aussi pour la suite. L’IPO en elle même est très consommatrice de temps. Le dirigeant et son directeur financier seront mobilisés à plein temps pendant plusieurs mois or il faut, dans le même temps, des ressources pour faire tourner l’entreprise… En outre, l’IPO n’est qu’une première étape : c’est à long terme qu’il faut prévoir les ressources nécessaires pour produire les informations financières, dialoguer avec les investisseurs, etc. », indique Franck Sebag.
6. Préparer sa gouvernance
En sortant des structures familiales et en la faisant évoluer vers le professionnalisme. « Une introduction en Bourse sur Euronext impose le respect des règles de gouvernance définies par Middlenext ou par l’AFEP-MEDEF : administrateurs indépendants, respect de la parité, etc. », précise Franck Sebag.
7. Apprendre à communiquer avec les investisseurs
Ce qui est loin d’être simple… « Il faut passer d’une communication centrée sur le produit à une communication financière à destination de ces investisseurs, professionnels ou particuliers ».
8. Réussir son « road-show »
« Le dirigeant doit être prêt à aller présenter son entreprise, en face à face, à des investisseurs qui n’y connaissent rien, et les convaincre. Il faut savoir “vendre” non pas ses produits, mais sa société », indique Franck Sebag.
9. Attirer les bons investisseurs
« Selon le profil de l’entreprise, il vaudra mieux se tourner soit vers des investisseurs institutionnels, soit vers des particuliers. C’est un sujet important car, ensuite, la volatilité du titre ne sera pas la même. Certains investisseurs sont très court-termistes et risquent de vendre leurs titres dans la semaine qui suit l’IPO. D’autres seront là pour accompagner l’entreprise à long terme. Les banques peuvent aider l’entreprise à identifier les profils et à trouver la bonne répartition entre ces différents types d’investisseurs », explique Franck Sebag. Même dilemme dans le choix des analystes. « Tous n’ont pas la même réputation et la même influence : il est important d’attirer un analyste phare de son secteur pour que sa “Note sur l’entreprise” ait du poids », indique Franck Sebag.
10. Tenir ses promesses après l’introduction en Bourse
« Il ne faut pas vendre la lune. Mieux vaut, au contraire, sous-promettre et surprendre agréablement ses investisseurs… Les marchés sont sensibles à des données exogènes : beaucoup d’éléments, comme par exemple la baisse du pétrole, peuvent avoir un effet négatifs sur le cours de l’entreprise. Autant se garder, au niveau de l’entreprise, une capacité de croissance », explique Franck Sebag.
Combien coûte une introduction en Bourse ?
« Il faut compter environ 7 % pour des levées de fonds comprises entre 10 et 50 millions d’euros, et un minimum de 450.000 euros pour un financement de l’ordre de 5 millions d’euros, compte tenu de certains frais fixes », explique Franck Sebag. Par ordre décroissant : la banque et l’analyse financière représentent la part la plus importante des frais (environ 5% des fonds levés) ; le commissaire aux comptes et les experts-comptables ; les juristes et avocats ; la communication financière, dont l’importance financière varie fortement selon la cible (investisseurs institutionnels ou particuliers). « Les investissements marketing on line sont coûtent aujourd’hui très cher, mais cela peut être pour l’entreprise une opportunité de communication », reconnaît Franck Sebag ; et, enfin, les coûts liés aux marchés (AMF, Euronext, etc.).
Avec business.lesechos.fr