L’entrepreneur togolais Claude Grunitzky, co-fondateur de la chaîne de télévision musicale “Trace TV”, estime qu’il est temps pour l’Afrique de considérer la technologie comme un secteur d’avenir sur le continent.
Son nouveau projet, “True Africa”, qui a pour objectif de promouvoir la créativité et l’innovation numérique sur le continent, devrait voir le jour en septembre 2015.
En attendant, Claude Grunitzky a mis sur pied plusieurs forums de jeunes entrepreneurs dans divers pays africains dont le Togo, le Burkina Faso et bientôt le Sénégal, permettant d’acquérir les connaissances théoriques et pratiques nécessaires à la création d’entreprises.
Pour lui, il est essentiel de travailler avec les jeunes car ceux sont eux “qui sont en train de réinventer le futur de l’Afrique et qui parviennent à comprendre et maîtriser les technologies”.
Un frein subside néanmoins au développement technologique sur le continent, “c’est l’accès à Internet”. C’est un obstacle “à la créativité des jeunes et à la création d’une Afrique moderne avec des inventions “made in Africa”. Et les femmes sont de plus en plus réactives, le taux de participation étant passé de 12 à 17 % en une année. Selon l’entrepreneur qui considère que la transmission est une mission, “les femmes doivent savoir qu’elles peuvent postuler et qu’il n’y a pas de discrimination”. Vous avez été nombreux à poser des questions concernant l’entreprenariat. Voici ce qu’a répondu Claude lors de sa venue mardi 14 juillet :
BBC Afrique : Quels sont les domaines prometteurs ?
Claude Grunitzky :
Il y a de nombreuses opportunités dans les nouvelles technologies. Il ne faut pas négliger le commerce de proximité et l’agriculture qui représente, dans un pays comme le Togo, 70 % des emplois. Il faut donc accompagner les jeunes, les aider à structurer leurs idées et éventuellement trouver des partenaires. Armand Rodolphe Djaleu : Comment véritablement entreprendre en Afrique dans un contexte où le financement manque et où il faut avoir quelqu’un devant ?
Claude Grunitzky :
Les jeunes entrepreneurs africains porteurs de projets qui n’ont pas encore créé leur première entreprise disent toujours que les financements manquent. Mais ce n’est pas comme ça qu’il faut réfléchir. Les financements on les trouvera toujours à partir du moment où on a une bonne idée. Ça prend du temps, c’est plus difficile mais si l’idée est vraiment bonne, il y a des modes de financement participatif sur Internet.
Elikem Agbalegno
Elikem Agbalegno : Comment entreprendre une activité quelconque quand on exerce un métier qui ne nous convient pas ? Comment fait-on pour créer une fabrique de produits cosmétiques ou pratiquer le football ?
Claude Grunitzky :
Le seul conseil que je donne aux jeunes qui sont un peu perdus, comme mon compatriote togolais, c’est vraiment de suivre sa passion. J’ai rencontré beaucoup de jeunes lors de ces forums de jeunes entrepreneurs, depuis 2013, qui me disent qu’ils veulent entreprendre mais qu’ils n’ont pas vraiment d’idée précise de ce qu’ils veulent faire. Je pense que ce n’est pas la manière de procéder, il faut déjà commencer par suivre sa passion. Si sa passion c’est le foot, il faut qu’il entreprenne dans le foot, un site Web pour le foot ou il peut commencer à faire de la distribution de produits liés au foot et rester cantonné au foot plutôt que de se disperser.
Fechal Nsarma : Je rêve de faire des études en Business des affaires dans un pays anglophone. Lequel me conseilleriez-vous ?
Claude Grunitzky :
J’ai aussi fait des études au Massachusetts Institute of Technology (MIT), à Boston aux États-Unis. Mais en réalité je pense qu’il y a beaucoup d’opportunités au Canada aujourd’hui. Même si on dit que les États-Unis c’est le pays du business, on se rend compte qu’en matière d’immigration, de visa, d’obtention des visas d’étudiants, les Canadiens sont beaucoup plus ouverts à accueillir les jeunes Africains.
Koffic Sanic : Quel regard portez-vous sur le Tony Elumelu Entrepreneurship Programme (TEEP) lancé le week-end dernier ?
Claude Grunitzky :
Pour moi, ce programme est la référence absolue. J’avais rencontré Tony O. Elumelu. En 2011 à Nairobi, il m’avait expliqué ce qu’il voulait faire pour les jeunes parce qu’il savait que j’étais dans une logique de mentorat moi-même et autour de l’entreprenariat. Il a mis 100 millions de dollars à la disposition de projets de jeunes Africains, ça en fait un projet rêvé pour encourager et stimuler, motiver les jeunes entrepreneurs sérieux.
Avec BBC Afrique