Les Russes et les Français
« La première ressemblance qui me vient à l’esprit concerne la tendance des Russes et des Français à accorder une très grande importance à l’histoire, au passé, et à les sacraliser, affirme Erwann Pensec, rédacteur français. J’ai l’impression que cette caractéristique n’est pas aussi forte dans les autres pays que j’ai pu visiter ».
« Il en découle parfois une certaine réticence à changer les codes et à aller de l’avant, et donc une mentalité souvent réactionnaire, considère-t-il. Ensuite, les Russes, comme les Français, ont un regard très critique sur les choses, ils aiment remettre en question l’information à laquelle ils sont exposés. J’ai en effet rencontré de nombreux Russes passionnés par les théories du complot etc., or en France le scepticisme face à certains sujets est également très fort, comparé à d’autres pays occidentaux ».
Par ailleurs, Erwann Pensec a noté le nationalisme, voire le chauvinisme de ces deux populations, tout comme leur passion pour l’art de recevoir. Dans ces deux pays l’invité est roi et on met un point d’honneur à ce qu’il se sente à son aise.
« Enfin, j’ai souvent entendu des étrangers dire que les Français n’étaient pas très souriants, ce qui nous fait un point commun supplémentaire avec les Russes », conclut-il.
Les Russes et les Britanniques
« Il y a peu de ressemblances entre les Britanniques et les Russes, avance Thomas Hodson, un rédacteur venu du Royaume-Uni. On peut néanmoins apercevoir quelques similarités dans la façon dont les deux pays se sont développés ».
« Les deux empires ont commencé à s’étendre au XVIè siècle et ont chuté au XXè, provoquant une perte de statut. Tous deux ont toujours été à la périphérie de l’Europe, n’en faisant pas réellement partie. La Russie comme le Royaume-Uni a une société essentiellement post-chrétienne, c’est-à-dire que la majeure partie de la population n’est plus chrétienne, il s’agit plus d’une étiquette. Les deux doivent beaucoup à la Scandinavie – les Vikings au Royaume-Uni et les Varègues en Rus’ », explique Hodson.
À un niveau plus personnel, on peut également constater quelques similitudes, au-delà bien sûr du fait de boire, qui est commun à beaucoup d’autres nations. George Nelson, un rédacteur de Somerset qui vit à Moscou depuis deux ans, remarque que les Russes et les Britanniques apprécient parler de la météo.
« Je dirais que les deux aiment se plaindre de la vie en général (même si chez les Britanniques cette tendance est plus forte). Je pense que nous partageons un certain sens de l’humour, nous sommes capables d’autodérision et sommes plutôt bons lorsqu’il s’agit de sourire face au malheur, analyse-t-il.On peut aussi dire que ces deux nationalités ont les même goûts en matière de nourriture : on l’aime lourde, bourrative et riche en viande, même si bien entendu les deux pays ont également plusieurs plats délicieux ».
Les Russes et les Américains
Le rédacteur et journaliste américain John Varoli, qui réside et travaille à Moscou et Saint-Pétersbourg depuis de longues années, pense que la géographie est l’un des facteurs clefs influençant la façon dont les gens abordent la vie. Étant donné que ces deux nations ont un vaste territoire, elles présentent certains points et caractères communs.
« Tous deux ont un optimisme et une confiance en l’avenir sans limites, ainsi qu’une capacité à rêver grand, à avoir des projets ambitieux et globaux. Bien entendu, je sais qu’une certaine portion de la population russe est assez pessimiste, mais d’un autre côté nombreux sont ceux à afficher un très grand enthousiasme, et à sentir qu’ils peuvent faire et accomplir n’importe quoi, tout comme beaucoup d’Américains. Pour comparer, les Européens ne pensent absolument pas de cette manière … », a-t-il déclaré à Russia Beyond.
Nona Ethington, une bibliothécaire de l’Ohio ayant séjourné à plusieurs reprises en Russie et y ayant même habité deux ans, suppose qu’en raison de l’immensité de leur territoire, les États-Unis et la Russie ont tous deux un égo immense. Ils aiment donc brandir et faire flotter leur drapeau et démontrer leur puissance militaire à la moindre occasion.
« Malheureusement, cela signifie parfois que nous dépensons plus d’efforts et d’argent à exercer notre influence sur le monde qu’à régler des problèmes internes. Nous partageons donc plusieurs problèmes de société, tels que des infrastructures vieillissantes et usées, des économies qui peinent à se moderniser, d’importants taux d’alcoolisme et de consommation de drogues », regrette-t-elle.
Si l’on parle de la population en général, Américains comme Russes sont très terre-à-terre, ajoute Varoli, soulignant que si l’on exclut les résidents des principales zones urbaines, la population des deux pays est très pragmatique et directe. « Les deux sont plus simples (dans le bon sens du terme), et il est facile d’avoir affaire à eux, parce qu’on sait quelle est leur position et ce qu’ils pensent », partage-t-il.
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