Cette diversification et l’essor des jeux indépendants sont favorisés par la forte croissance du marché, due à l’adéquation du principal modèle d’affaires,
le Free-to-Play (F2P), au marché russe. D’une part, ce modèle est mieux adapté au pouvoir d’achat (limité) des joueurs russes qui accèdent au jeu gratuitement et peuvent acheter, s’ils le souhaitent, des compléments de jeux et des articles virtuels. Les joueurs russes dépensaient en moyenne autour de 40 dollars par an, soit moins que les joueurs d’Europe de l’Est. D’autre part, le Free-to-Play permet de circonvenir la menace du piratage des jeux, la gratuité en supprimant très largement la raison d’être. Le piratage a été en effet une plaie chronique ayant affectée les industries des médias et contenus. L’International Intellectual Property Alliance (IIPA) donnait
un taux de 87 % en 2004 et de 63 % en 2011 pour le piratage de logiciels. Selon la société SuperData près de 70 % des jeux vidéo seraient piratés dans le pays, en raison de la faiblesse de la protection de la propriété intellectuelle, combinée à des prix au détail élevés.
Près de 70 % des jeux vidéo seraient piratés Le gouvernement russe a adopté, en 2013, une loi pour la protection de la propriété intellectuelle dont les effets attendus devraient être positifs.
Les joueurs russes favorisent dans l’ordre, les jeux F2P pour 32,6 % d’entre eux, les jeux sur réseaux sociaux pour 29,7 %, sur mobiles pour 15,6 %, et P2P pour 7,9 %. À l’inverse,
ceci explique le faible niveau des jeux sur consoles : 6,1 % dans l’ordre des préférences. Toutefois,
les consoles sont utilisées par 32 % d’entre eux, les consoles étant souvent partagées entre plusieurs joueurs. La moitié des 20 millions de joueurs sur console utilisent des consoles Sony. En 2013, les ventes de logiciels pour consoles représentaient 55 millions de dollars, celles de matériel, 85 millions. La chaîne russe
M.video contrôle 23 % des ventes au détail de consoles dont le prix moyen, en baisse, tourne autour de 175 dollars.
Les estimations de la part de marché pour les MMO varient autour de 30 % de l’ensemble des jeux. Un jeu de guerre domine le marché,
World of Tanks, un jeu introduit en 2010 et décliné depuis de différentes façons (avions, navires de guerre…). Ayant largement dépassé le bestseller habituel
World of Warcraft (seul jeu non-russe dans les premières ventes du pays), ses recettes dépassent le reste des recettes cumulées des dix premiers jeux (80 millions de joueurs dans le monde dont 19 millions en Russie en 2014). Le jeu crée par la société biélorusse,
Wargaming, fondée en 1995 à Minsk, avec le lancement de
Iron Age, est un jeu de client MMO qui offre des combats de chars. Sa particularité est d’être « gratuit pour gagner » (
free to win) ce qui signifie que même des joueurs qui n’ont jamais rien dépensé pour le jeu peuvent gagner. On notera que le jeu
War Thunder, récemment créé par la société russe Gaijin, gagne du terrain. Le groupe Mail.Ru détient une place prééminente pour ce type de jeux avec quatre jeux parmi ces six premiers titres.
Les principaux jeux MMO en Russie, classés par niveau de recettes (2013).
Les jeux sur mobile et sur réseaux sociaux ont adopté les modèles F2P sous une forme ou une autre. Les jeux sur serveurs, principalement des jeux sur réseaux sociaux étaient en seconde position en incluant les casual games. Ils assurent leurs recettes à partir des micro-transactions, les ressources publicitaires venant en complément.
Android domine clairement le marché en Russie avec une part de près de 75 %.
Les joueurs sur mobile sont avant tout des hommes, 58 %, et 49 % ont entre 21 et 35 ans, pour 29 % qui ont moins de 21 ans, et 22 % plus de 35 ans. Près de 30 % de ces joueurs paient. On notera que la propension à payer pour jouer est importante sur les réseaux sociaux : 44 % des joueurs sont dans ce cas . De plus, sur les réseaux sociaux,
les joueurs sont avant tout des joueuses. Le tableau 2 donne les principaux jeux sur mobile. Les jeux non russes connaissent une forte poussée, amenée par les jeux sur mobile.
Les principaux jeux sur mobile par téléchargements et recettes (2013).