Selon l’ONG Freedom House, trente gouvernements ont tenté de déformer l’information en ligne en 2017 contre 23 l’année passée.
De plus en plus de pays suivent l’exemple de la Russie et de la Chine en manipulant les réseaux sociaux et en traquant les opposants sur internet. Et pour Freedom House -une ONG présente aujourd’hui dans 65 pays- ces pratiques menacent gravement la démocratie.
Selon son dernier rapport sur la liberté de l’internet, trente gouvernements ont manipulé internet en 2017 pour déformer l’information en ligne, contre 23 l’année précédente.
Ces manipulations incluent l’usage de commentateurs payés, de trolls, de “bots” – des comptes automatisés – ou de faux sites d’information selon ce rapport intitulé “Freedom on the Net” (Liberté sur internet).
Le rapport indique que ces tactiques de manipulation et de désinformation en ligne ont joué un rôle important dans les élections d’au moins 18 pays au cours de l’année écoulée, y compris aux États-Unis.
“L’usage de commentateurs rémunérés et de “bots” politiques pour diffuser la propagande gouvernementale a d’abord été développé par la Chine et la Russie, mais c’est maintenant un phénomène mondial”, a expliqué Michael Abramowitz, le président de Freedom House.
Pour Sanja Kelly, directrice du projet “Freedom on the Net”, ces manipulations sont souvent difficiles à détecter, “et plus difficiles à combattre que d’autres types de censure, comme le fait de bloquer certains sites web”. 2017 marque selon l’organisation la septième année consécutive de déclin de la liberté sur internet.
La Chine en tête de classement
Pour la troisième année, la Chine est classée en tête des pays qui manipulent internet, en raison d’un renforcement de la censure et de la lutte contre l’anonymat en ligne et de l’emprisonnement de dissidents s’exprimant sur le web.
Le rapport mentionne aux Philippines une “armée de claviers” dans laquelle les gens sont payés 10 dollars par jour pour donner l’impression d’un soutien généralisé à la politique de répression brutale du trafic de drogue; et l’utilisation par la Turquie de quelque 6.000 personnes pour contrer les opposants au gouvernement sur les réseaux sociaux.
Accusée d’avoir cherché à influencer les élections aux États-Unis et en Europe, la Russie a quant à elle renforcé ses contrôles de l’internet dans le pays.
Les blogueurs qui attirent plus de 3.000 visiteurs par jour doivent désormais s’enregistrer auprès du gouvernement russe et se conformer à la loi sur les médias de masse. Les moteurs de recherche ont interdiction de prendre en compte les pages internet provenant de sites non enregistrés.
Freedom House exprime également son inquiétude face aux restrictions croissantes sur les VPN – des réseaux privés virtuels qui permettent de contourner la censure – désormais en place dans 14 pays.
Les États-Unis ne sont pas épargnés, selon le rapport. “Si l’environnement en ligne aux États-Unis est resté dynamique et diversifié, la prévalence de la désinformation et des contenus partisans a eu un impact significatif”, indique le rapport, ajoutant que “les journalistes qui contestent les positions de Donald Trump ont été confrontés à un harcèlement en ligne de façon flagrante”.
Avec AFP