Présenté au départ comme un rebelle diplomate «policé», Iyad Ag Ghali, 60 ans, qui a longtemps écumé hôtel et autres villas huppés de Ouaga 2000 au frais de l’Etat burkinabè, et qui avait fui le Faso à la chute de Blaise Compaoré en 2014, vient de se proclamer ennemi public numéro 1 par la revendication du double attentat de vendredi ayant tué 8 militaires à Ouagadougou. Entre 2012-2014, Iyad, prend ses quartiers à Ouaga 2000, entretenant des relations de complicité avec les plus hautes autorités du pays. Il joue un rôle prépondérant dans les négociations pour la sortie de crise au Mali, dirigées par le ministre des Affaires étrangères Djibril Bassolé représentant Blaise Compaoré (médiateur de la crise malienne désignée par la Cedeao).
Même si le chef de guerre touareg malien, né à Boghassa (dans le nord du Mali) a promis récemment d’épargner son pays, c’est là qu’il a fait ses premières armes dans les années 70 avant de rejoindre la Libye où il intègre les troupes du Colonel Kadhafi. Il combat au Liban et au Tchad avant de regagner le Mali où il déclenche la rébellion touarègue de 1990-1996. Il fonde et dirige le Mouvement populaire pour la libération de l’Azawad (MPLA), puis le Mouvement populaire de l’Azawad (MPA) avant de signer la paix en 1992 et de rallier l’État malien. À la fin des années 1990, il commence à se tourner vers l’islamisme, il voyage et est appelé à plusieurs reprises pour négocier la libération d’otages occidentaux détenus par les djihadistes. En 2012, au début de la guerre du Mali, il fonde le groupe salafiste djihadiste Ansar Dine dans le but d’instaurer la charia au Mali. Avec la chute du régime Compaoré au Burkina et celle d’Amadou Toumani Touré au Mali, il disparait des radars officiels et endosse une posture de plus en plus radicale. C’est par vidéos qu’il fera ensuite des apparitions sporadiques. En 2017, il prend la tête du Jamaat Nosrat al-Islam wal-Mouslimin, né de la fusion de la plupart des groupes djihadistes maliens. Ce groupe a revendiqué l’attaque de Kidal qui a tué 5 soldats nigériens et la double attaque du 2 mars 2018 à Ouagadougou qui a fait 8 morts parmi les forces de défense et de sécurité burkinabè. Iyad Ag Ghali est un terroriste et un criminel contre lequel la France mène la guerre sans la moindre négociation a déclaré Emmanuel Macron en décembre dernier à Niamey.