A deux mois de la fin d’année, l’Etat zimbabwéen a déjà une idée un peu plus précise de ce que sera son déficit budgétaire au titre de 2018. Alors que Harare était parti sur une prévision de 5%, il s’attend désormais à un déficit de… 11,1% du PIB ! En cause, la lourde charge des dépenses publiques dans un contexte économique difficile.
Le Zimbabwe devrait enregistrer un déficit budgétaire de 11,1% en 2018, prévoit le ministère des Finances, selon la sortie médiatique ce lundi 29 octobre d’un haut responsable du Trésor, rapporte Reuters. Un nouveau pronostic, deux fois plus élevé que la prévision avec laquelle l’Etat a démarré l’année en cours. En cause, la lourde charge des dépenses publiques brutes dans un contexte économique difficile. Des dépenses alourdies notamment par la hausse des salaires dans la fonction publique et ainsi qu’un grand nombre de décaissements effectués et non prévues dans le budget annuel.
Selon un document de stratégie pré-budgétaire du Trésor obtenu par la presse locale, ce déficit budgétaire 2018 y est chiffré à 2,3 milliards de dollars, soit trois fois le niveau initialement prévu, sachant qu’en juin déjà, ce dernier avoisinait 1,4 milliard de dollars.
Une économie mal-en-point
Ce n’est plus un secret pour personne, l’économie zimbabwéenne n’est pas au mieux de sa forme depuis quatre ans au moins. D’ailleurs ces derniers mois, c’est le sujet qui fâche dans le pays. Bien que la croissance ait connu une légère reprise en 2017 à 3,4% après avoir frôlé la récession à 0,6% en 2016, les autorités envisagent jusque-là une année 2018 embellie avec une prévision de croissance d’au moins 4,5% pour la banque centrale, tandis que le ministère des Finances, plus optimiste pronostique 6,3% porté par les activités agricoles et minières du pays.
Mais la croissance sera-t-elle vraiment au rendez-vous dans ce pays qui chiffre actuellement sa dette nationale à 16,9 milliards de dollars dont 9,5 milliards de dollars de dette intérieure et 7,4 milliards de dollars de dette extérieure, avec en plus une inflation en hausse de 5,39%. De plus, les Zimbabwéens doivent faire face actuellement à une grave pénurie de devises qui en favorise le trafic illicite.
En novembre, le gouvernement devra normalement dévoiler son budget 2019 et sera très attendu au niveau de la maîtrise de ses défenses. Comme pour rassurer, ce dernier envisagerait déjà une réduction de sa masse salariale de 330 millions de dollars entre 2019 et 2020. Après avoir suscité la confiance par sa nomination en septembre dernier, le ministre des Finances, Mthuli Ncube, a plus que jamais le challenge de rationaliser et stabiliser les finances de l’Etat.
Avec la tribune afrique