Selon la Banque mondiale, l’organisation terroriste ne va pas chercher ses recrues étrangères parmi les pauvres et les moins bien formés.
Ce n’est pas la première fois que des documents des recruteurs de l’Etat islamique tombent entre les mains d’anaystes occidentaux. En mars dernier la chaîne de télévision britannique Sky News avait ainsi affirmé avoir récupéré les questionnaires recrutement remplis par quelques 22.000 membres de Daech , originaires de 51 pays différents.
Cette-fois-ci c’est la Banque mondiale qui s’est penchée sur des données internes de l’organisation terroriste portant sur 3.803 recrues étrangères embrigadées entre 2013 et 2014. Et les conclusions de cette analyse bousculent certaines idées reçues sur le portrait robot du soldat de Daech et l’image d’Epinal d’une brute peu éduquée et facilement manipulable où simplement intéressée par de l’argent. .
« Nous avons trouvé que le groupe Etat islamique n’est pas allé chercher ses recrues étrangères parmi les pauvres et les moins bien formés, mais plutôt le contraire », constate en effet la Banque mondiale qui a analysé, dans le cadre d’ une étude consacrée à la situation économique de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) , ces documents.
Et ceux-ci s’avèrent être une mine d’information où l’on trouve des données sur le pays de résidence du recruté, sa nationalité, son niveau d’éducation ou bien encore ses expériences précédentes dans le jihadisme et sa connaissance de la charia.
Loin de l’image du terroriste illettré
« L’une des découvertes les plus importantes est que ces personnes sont loin d’être des illettrées », constate de fait la Banque mondiale : la plupart des recrues « assurent avoir une formation secondaire. Une partie importante a poursuivi ses études jusqu’à l’université », précisent les chercheurs de l’institution internationale, qui fixent à 27,4 ans la moyenne d’âge des effectifs étrangers de l’EI.
« Les plus jeunes recrues viennent de Libye (avec une moyenne d’âge de 23,7 ans) et les plus âgés d’Indonésie (33,5 ans en moyenne), constate la Banque mondiale.
Dans le détail en effet, 43,3% des recrutés ont effectué des études secondaires, 25,4% sont allés à l’université. Seulement 13,5% ne sont pas allés au-delà de l’école primaire. Quant à ceux qui s’avouent illettrés ils ne représentent que 1,3% des recrues. Reste 16,3% qui n’on pas donné d’information sur leur formation.
« Les recrues du groupe Etat islamique provenant d’Afrique, du sud et de l’est de l’Asie et du Moyen-Orient sont significativement plus éduquées que leurs compatriotes. La grande majorité affirme avoir eu un emploi avant de rejoindre l’organisation », explique la Banque mondiale. Mais l’organisation recrute dans pratiquement tous les pays du monde.
L’origine des recrues de l’Etat islamique est aussi diverse que possible, constate la Banque mondiale : dans le monde musulman, l’Arabie Saoudite, la Tunisie, le Maroc, la Turquie et l’Egypte forment le Top 5 des pays d’où proviennent le plus grand nombre de recrues.
Hors monde musulman, ce sont de Russie, de France et d’Allemagne que viennent les recrues étrangères.
La motivation des candidats étrangers
Selon l’étude, les recrues se sont rendues en Syrie avec des objectifs « divers ». « Certaines souhaitaient apporter leur aide à l’administration de l’organisation, d’autres arrivaient avec le désir de mettre un terme à leur vie en se mettant à leur service et d’autres voulaient simplement se battre », souligne l’étude.
« La proportion de ceux souhaitant participer à des tâches administratives, mais aussi celle de candidats au suicide augmente avec le niveau d’éducation », explique l’étude.
La marginalisation « paraît être un risque de radicalisation » en concluent les analystes de la Banque mondiale qui pointent du doigt « le chômage » comme une des principales causes de l’engagement auprès de l’Etat islamique.
Et de plaider pour des politiques régionales plus favorables à l’emploi et à la croissance qui seraient, selon la Banque mondiale, le meilleur moyen de prévenir le développement de la violence et de l’extrémisme.
Si la Banque mondiale ne rentre pas dans le détail des documents analysés, les informations dévoilées au printemps dernier par Sky News permettaient de constater que, comme toute organisation totalitaire, l’Etat Islamique met un point d’honneur a être procédurier.
Selon Sky News en effet, les candidats doivent remplir un formulaire contenant 23 questions.
Les questionnaires comportent ainsi les noms de famille des postulants terroristes, mais aussi celui de combattants, les adresses, les numéros de téléphones, les contacts familiaux, l’identité de la personne qui les a recommandé, le groupe sanguin ou bien encore le « niveau de compréhension de la charia » .
avec lesechos