Dans son dernier rapport sur les technologies disruptives qui se développeront cette année, le cabinet KPMG évoque l’internet des objets, l’impression 3D, l’intelligence artificielle ou la santé connectée. Mais les contraintes de cybersécurité pourraient freiner ces innovations.
Le monde numérique est en route, mais il n’en a pas fini de perturber les activités traditionnelles. Car si en 2015 les technologies ont ébranlé plusieurs secteurs, notamment le transport ou le commerce, elles vont poursuivre ce que les économistes nomment la “shumpeterisation” de l’économie pour qualifier ce que l’innovation détruit pour émerger selon la théorie de l’économiste autrichien Joseph Shumpeter.
Dans son étude “Global Technology Innovation Survey” (PDF), le cabinet KPMG a interrogé dans le monde entier 832 dirigeants d’entreprises technologies sur ce qu’ils attendent ou ce qu’ils craignent de l’année qui démarre.
Tous s’accordent sur le fait que le Cloud, cette technologie de stockage en ligne, n’en est qu’à ses prémisses. Selon le cabinet, c’est la technologie qui aura le plus d’impact dans le monde lors des trois prochaines années. Il note ensuite les orientations par régions du monde. Les États-Unis s’orientent vers la santé connectée, la Chine dans l’intelligence artificielle, tandis que l’Europe et le Moyen-Orient ciblent l’impression 3D. Mais, KPMG prévient que la cybersécurité pourrait être un frein au développement de ces technologies.
Des réglementations encore balbutiantes
“Ces contraintes sont des préoccupations majeures pour les entreprises et avec les récentes affaires de piratages, le public a conscience qu’aucun secteur ne peut se sentir hors de danger”, constate Marie Guillemot, responsable des technologies, média et télécommunication chez KPMG. “L’accès aux réseaux explose et nous ne sommes plus seulement dans la confidentialité des données, mais de plus en plus dans leur sécurité. Avec l’émergence de la santé connectée, de la robotique ou des véhicules autonomes, cet enjeu devient hautement sensible.”
Et pour cette spécialiste, la complexité des enjeux n’est pas seulement technique. Elle met aussi en jeu la réputation des entreprises et plus encore. “Leur responsabilité est engagée”, indique Marie Guillemot qui signale que la difficulté est que dans de nombreux usages, les environnements ne sont pas réglementés. “C’est ce que l’on constate entre autres dans les voitures connectées dont la réglementation est loin d’être définie. Pour les entreprises qui travaillent dans ce secteur, c’est un véritable défi”.
Et pour faire face à ces enjeux, elle explique qu’il ne s’agit pas seulement d’intégrer et maitriser des techniques. “Il faut aussi recruter des compétences et les entreprises qui seront les premières à donner confiance au public auront un véritable avantage sur les autres.”
Mais si la cybersécurité est en tête des freins à l’innovation, ce n’est pas le seul élément à pénaliser les entreprises. Dans l’étude KPMG, la complexité des technologies est le second élément à être pointée par les responsables interrogées. Un point sur lequel ils pourront faire face en recrutant les compétences nécessaires. L’heure du CDO (chief digital officer)sonnera-t-elle en 2016?
avec bfmbusiness