Alstom et Siemens voulaient unir leurs forces pour rivaliser avec le plus gros constructeur au monde. Actif dans 102 pays, il compte 180 000 employés et affiche un revenu qui dépasse les 30 milliards de francs
Le grand rival d’Alstom et de Siemens, CRRC, est partout. A Buenos Aires, ses trains relient le centre à la banlieue. Ses locomotives connectent aussi l’Ethiopie à Djibouti. En Inde, il a installé une usine qui assemble des rames de métro destinées à la ville de Nagpur. A la Suisse, il fournit des composants. Le plus gros constructeur ferroviaire au monde est présent dans 102 pays, comme en témoigne une liste sur son site internet affichant les équipements vendus à travers la planète.
Malgré une expansion fulgurante ces dernières années, c’est en Chine, où se trouve son siège, que CRRC réalise encore une grande partie de son chiffre d’affaires et où roulent ces trains à grande vitesse les plus perfectionnés, dont les plus récents atteignent les 380 km/h. La Chine compte en effet le réseau à grande vitesse le plus développé du monde.
Mastodonte de 180 000 employés
Basé à Pékin, China Railway Rolling Stock Corporation, de son nom complet, est né de la fusion de deux entreprises, CNR et CSR, en 2015, avec l’objectif clair d’unir leurs forces pour conquérir le monde, au lieu de se livrer une guerre des prix. Néanmoins, l’expansion ne se passe pas toujours sans encombre. Ses équipements suscitent par exemple de plus en plus de méfiance aux Etats-Unis, où CRRC a remporté de nombreux contrats grâce à des prix cassés.
Alstom et Siemens craignent cette concurrence à grande échelle. Car le groupe chinois est un mastodonte de 180 000 employés. Selon son dernier rapport annuel, il a généré des revenus de 30,7 milliards de francs pour l’année 2017. A eux deux, le champion français et son homologue allemand auraient dû enregistrer quelque 17,7 milliards de francs tout en étant présents dans une soixantaine de pays.
C’est ce déséquilibre qui a poussé Bruno Le Maire, ministre français de l’Economie, à qualifier la décision européenne d’interdire la fusion des groupes allemand et français d’«erreur économique», qui «va servir les intérêts de la Chine». Autre manifestation de ce décalage, d’après lui, CRRC fabrique 200 trains à grande vitesse chaque année, contre 35 pour Siemens-Alstom.
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