Alors que tous les organismes nationaux et internationaux ont revu depuis longtemps leurs taux de croissance à moins de 2%, le département des Finances a finalement annoncé son intention de s’aligner sur eux. Une prévision bien loin des 3% espérés en début d’année devrait être annoncée en juillet prochain devant le parlement.
Enfin Mohamed Boussaid, ministre des Finances marocain, fait preuve de pragmatisme. Alors qu’il a toujours évité le sujet de la révision du taux de croissance, depuis que les institutions nationales et internationales ont annoncé des révisions drastiques à la baisse, il aborde enfin le sujet.
Au cours d’une conférence annonçant la tenue d’un forum dédié au modèle de développement marocain, l’argentier du royaume a annoncé que le taux de croissance pour l’année 2016 devrait se situer à moins de 2%.
« Pour le moment, nous ne pouvons annoncer aucun chiffre précis, nous explique une source au département des Finances. La loi organique nous contraint à présenter les réalisations à mi-parcours du budget devant le parlement au courant du mois de juillet ».
Cultures et liquidités
La révision à la baisse s’explique par les réalisations du secteur agricole. Le Maroc fait face à la pire des années de sécheresse, jamais enregistrée depuis trois décennies, s’accordent à dire les experts.
Les chiffres de la campagne céréalière, annoncées il y a plusieurs semaines par le ministère de l’Agriculture font état d’une récolte de 33 millions de quintaux : cela représente moins que la moitié des 70 millions de quintaux prévus dans la loi de finances 2016.
« Le recul de la valeur ajoutée agricole aurait pu être encore plus grave si ce n’est des mesures d’urgences prises ayant permis de sauver les autres branches agricoles (autres que les céréales) », affirme notre source.
Et d’ajouter : « La reprise assez modérée de secteurs comme les BTP ou les télécoms, ainsi que le dynamisme des secteurs exportateurs tels que l’automobile, nous ont évité d’afficher un taux de croissance négatif ».
Le coussin de sécurité du FMI renégocié mais reconduit
Face à cette performance économique peu reluisante, le royaume se trouve presque contraint de reconduire la ligne de précaution de liquidités, accordées par le Fonds monétaire international (FMI) pour une deuxième fois en 2014 et qui doivent expirer en juillet 2016. En tout cas, le ministre des Finances, ne semble plus déterminé à mettre fin à cette ligne de crédit de 5 milliards de dollars, quand bien même elle n’a été jamais utilisée par le royaume au cours de ces deux dernières années.
Dans une déclaration à l’agence Reuters, Mohamed Boussaid a néanmoins expliqué que les termes de cette ligne de précaution seront renégociés. Le royaume devrait certainement réduire le plafond de ce parachute anti-crise qui avait déjà baissé de 6 à 5 milliards de dollars entre 2014 et 2015.
Avec Jeune Afrique.