Les bons résultats de ces trois derniers mois pourraient aider l’économie sud-africaine à retrouver un peu d’un punch qu’on désespérait de voir.
L’Afrique du Sud souffle un peu. La croissance du troisième trimestre, à 2,2 % fait en effet sortir le pays de l’épisode de récession dans lequel il avait plongé au début de l’année, le deuxième qu’il ait connu depuis 1994. Le PIB s’était en effet contracté à 2,6 % au premier trimestre et à 0,4 % au deuxième, à cause notamment d’un repli des secteurs de l’agriculture et des transports. Au contraire de ces trois derniers mois, qui sont, eux, marqués par les bons résultats des secteurs de l’industrie, de l’agriculture et des transports, d’après par les chiffres de l’Institut national de la statistique (StatsSA), publiés le 4 décembre.
Les secteurs porteurs
Principal moteur de la croissance positive de ces trois derniers mois : la production manufacturière. Cette industrie a progressé de 7,5 %, boostée par l’augmentation de la production de fer et d’acier, de produits pétroliers ou encore de véhicules à moteur. C’est même la plus forte augmentation qu’ait connue le secteur depuis le deuxième trimestre de 2016. Autre progrès à souligner, celui des transports. Le domaine a bondi à 5,7 % de croissance au troisième trimestre, devenant ainsi le deuxième contributeur de la croissance globale de l’Afrique du Sud. Il s’agit d’ailleurs de la plus forte augmentation trimestrielle des transports, du stockage et des communications depuis le troisième trimestre de 2007.
Enfin, les secteurs de la finance, de l’immobilier et des services aux entreprises tirent également leur épingle du jeu, en enregistrant une hausse de leur croissance de 2,3 %. Ce sont les activités liées à l’intermédiation financière, aux assurances et à l’immobilier qui contribuent, le plus, à la hausse. Au contraire de l’industrie minière, « principal frein à la croissance économique » d’après StatsSA, qui accuse une baisse de 8,8 %. Des niveaux de production plus faibles ont été enregistrés pour les métaux du groupe du platine, le minerai de fer, l’or, le cuivre et le nickel.
L’activité agricole, elle, a rebondi après deux trimestres consécutifs de croissance négative, pour enregistrer une hausse de 6,5 % au troisième trimestre. La forte croissance de la production de grandes cultures, de cultures horticoles et de produits animaux a contribué à la reprise. Le secteur pourrait en revanche pâtir de la mise en application de la réforme agraire. Le Parlement sud-africain a en effet donné son feu vert aux expropriations sans compensation des terres arables détenues par les Blancs, qui possèdent encore 73 % des exploitations agricoles. La décision, prise mi-novembre, pourrait fragiliser la confiance des investisseurs dans le secteur, mais aussi dans toute l’économie du pays, au vu des conséquences désastreuses de la réforme opérée au Zimbabwe.
Un équilibre fragile
Attirer les investisseurs, c’est pourtant la pierre angulaire de la politique de Cyril Ramaphosa depuis son arrivée au pouvoir en février dernier. Le président veut en effet acquérir plus de 100 milliards de dollars d’investissements dans le pays d’ici cinq ans. Mais la nation arc-en-ciel continue d’essuyer les plâtres de la décennie de gouvernance controversée de Jacob Zuma. La corruption, couplée notamment à la chute des cours des matières premières a encore des conséquences sur l’économie d’aujourd’hui : valeur du rand de plus en plus instable face au dollar, déficit budgétaire en hausse, chômage galopant… Autant de facteurs qui empêchent encore un réel redressement économique.
Cela dit, la reprise de la croissance constatée ce trimestre pourrait bien amorcer une dynamique. Dans une interview accordée à Reuters, le directeur de la banque Goldman Sachs en Afrique subsaharienne, Colin Coleman, a ainsi affirmé que la croissance pourrait rebondir à 2,8 % en 2019, quand le Fonds monétaire international (FMI) table, lui, sur 1,7 %. Une perspective possible, selon lui, grâce à l’amélioration attendue de la conjoncture économique mondiale, conjuguée aux conséquences des mesures prises par le gouvernement en 2018. Les élections législatives prévues en début d’année montreront si les Sud-Africains partagent son avis.
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