La brouille entre Addis-Abeba et Le Caire sur la gestion des eaux du Nil ne devrait pas se régler de sitôt, en témoigne le niet opposé par le gouvernement éthiopien à la proposition de la diplomatie égyptienne de confier l’arbitrage du litige né de la construction du Haut barrage de la renaissance éthiopienne à la Banque mondiale.
La crise régionale autour de la gestion des eaux du plus long fleuve du monde, le Nil, semble être dans l’impasse, après que le Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn ait rejeté la proposition égyptienne d’une médiation menée par la Banque mondiale dans la dispute issue de la construction d’un barrage hydroélectrique par Addis-Abeba sur sa partie du cours d’eau stratégique.
Négociation au point mort
Le projet éthiopien du Haut barrage de la Renaissance inquiète le gouvernement égyptien, qui craint que cet ouvrage d’art ne restreigne les eaux qui descendent des hauts plateaux éthiopiens, avant de de traverser le désert soudanais pour atteindre ses champs et ses réservoirs. L’Ethiopie réfute de son côté, que le barrage, qui mobilise un investissement de 4 milliards de dollars puisse engendrer un tel impact.
La construction de cette infrastructure vise à faire d’Addis-Abeba, l’un des plus importants exportateurs d’énergie du continent. Pour l’heure, les négociations entre les différentes parties bloquent depuis des mois sur la question du libellé de l’étude d’impact environnemental du barrage. Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Shoukry a dans une tentative pour débloquer la situation proposé en décembre dernier une médiation de la Banque mondiale.
L’Ethiopie ne veut pas entendre parler de la Banque mondiale
« Rechercher un soutien professionnel est une chose, transférer l’arbitrage à une institution est une autre chose. Alors nous leur avons dit que ce n’est pas acceptable pour nous », a déclaré Hailemariam à la presse éthiopienne.
Le refus d’un arbitrage de la Banque mondiale par l’Ethiopie a été tempéré par le Premier ministre éthiopien, qui malgré son refus de la proposition égyptienne a assuré « qu’il est possible de parvenir à un accord grâce à la coopération et à l’esprit de confiance ».
Une position que semble partager, le Raïs égyptien Abdel Fattah al-Sissi, qui suite au refus éthiopien s’est engagé à ne pas laisser les différends sur la construction du barrage « ruiner » les relations du Caire avec Addis-Abeba. Le partage et l’utilisation des eaux du Nil est un sujet de dispute récurrent entre les pays traversés par le fleuve, des tensions qui pourraient dégénérer en un conflit susceptible de déstabiliser la sous-région en cas de détérioration de la situation.
Les ambitions du méga-barrage éthiopien
Le Haut barrage de la Renaissance éthiopienne, dont les travaux sont achevés à 60% devrait produire à termes 6.000 MW. Ce projet stratégique pour Addis-Abeba s’inscrit dans le cadre de son plan de développement 2015-2020, qui vise à porter la production électrique éthiopienne à 17.346 MW, contre une capacité actuelle d’un peu plus de 4.300 MW issus des segments hydrauliques, éoliens et géothermiques.
La mise en œuvre de ce projet représente ainsi un impératif pour la réalisation des objectifs éthiopien en production d’énergie. Le principal point de discorde entre l’Ethiopie et l’Egypte se rapporte à la vitesse à laquelle le réservoir du barrage devra être rempli. L’inquiétude du Caire s’explique par la dépendance de son secteur agricole au Nil, dont les eaux représentent également la première source d’eau potable des égyptiens.
Avec latribuneafrique