Le chairman du Social democratic front (Sdf) a accordé une interview à un journal français ce mardi. Pour lui, Paul Biya est le seul responsable des troubles enregistrés en zone anglophone.
Ni John Fru Ndi accuse le régime de Yaoundé de n’avoir pas su répondre au malaise des anglophones. Le leader emblématique de l’opposition camerounaise s’est ainsi exprimé dans une interview publiée par le journal français Le Monde ce mardi 3 octobre 2017.
Interrogé sur les évènements du dimanche 1er octobre, John Fru Ndi affirme avoir donné sa bénédiction aux manifestants. « J’avais vu les choses arriver. On pouvait les éviter. Souvenez-vous, j’ai supplié Paul Biya au palais d’Etoudi, en février. Lorsque Paul Biya m’a salué, j’ai tiré sa main vers moi. Je lui ai parlé : « Monsieur le Président, si tu peux payer de l’argent, faire libérer les otages et négocier avec Boko Haram, tu peux aussi pardonner ton propre peuple » Mais il ne m’a pas écouté. Au lieu de cela, j’ai été accusé de vouloir empêcher que les « criminels » [anglophones] qu’ils avaient arrêtés soient jugés« , confie-t-il.
Pour John Fru Ndi, la page de l’indépendance des régions anglophones est plus que jamais d’actualité, au vu de la réaction des gouvernants dans la gestion de cette crise. « Dans huit régions du pays, des représentants du pouvoir ont marché contre les anglophones« , ajoute-t-il. « Cela signifie qu’ils leur disent : « Nous n’avons pas besoin de vous. Partez ! » »
Le chairman accuse le président Biya de n’avoir pas condamné la violence, précisément celle exercée par des policiers, qui auraient tiré à balles réelles sur des manifestants désarmés. « Avez-vous entendu que les manifestants ont tiré sur les policiers ? Qu’ils ont sorti des machettes ? C’étaient des jeunes hommes et femmes désarmés. Qui a donné l’ordre de tirer et de tuer ces gens-là ? Je pense que Monsieur Biya doit être amené à la Cour pénale internationale et qu’on doit le juger pour crimes contre l’humanité. »
La Cour pénale internationale (CPI) a été créée par la Convention de Rome du 17 juillet 1998. C’est une juridiction permanente, destinée à punir les crimes les plus graves contre le droit humanitaire international, lorsque les criminels ne peuvent pas être jugés dans leur pays. Le Cameroun a signé la convention de Rome de 1998, mais ne l’a jamais ratifié. Ce qui, de fait, l’exclue de la compétence de cette juridiction.
Il existe cependant des cas de personnes qui ont été traduites devant la CPI alors que leur pays n’en était pas encore membre. C’est le cas de l’ancien président de la Côte d’Ivoire Laurent Gbagbo, qui fut traduit devant ladite cour en décembre 2011, à la suite de violences post-électorales dans son pays.
John Fru Ndi pense que « tout est entre les mains de Monsieur Biya », même si celui-ci « est déterminé, tout comme les membres du Rdpc, à détruire ce pays ». « Il est trop tard« , conclue le président du Sdf.
Avec journalducameroun