Reçus par vagues différentes par le chef de l’Etat depuis son séjour helvétique, quelques dignitaires de son régime auraient évoqué avec lui les questions d’actualité liées à l’avenir immédiat du Cameroun, à l’instar du règlement de la crise anglophone, la probabilité d’un remaniement ministériel, et éventuellement la question de la succession à la tête de l’Etat.
L’information n’a rien d’officielle. Toutefois, à en croire certaines sources autorisées au sein du sérail, le chef de l’Etat n’est pas de tout repos durant son séjour helvétique, où il examine avec attention les questions d’actualités liées à l’avenir du pays. Dans ce sillage, il aurait reçu depuis quelques semaines certains dignitaires, discrètement sélectionnés et invités en Suisse. Selon nos sources, c’est par vagues successives que ces dignitaires se sont déplacées pour la capitale suisse ces derniers temps, et c’est individuellement qu’ils auraient eu des entretiens en tête-àtête avec le chef de l’Etat.
C’est le cas de l’ancien ministre Edouard Akame Mfoumou dont le passage au ministère des Finances dans les années 1995 est cité comme une référence, et qu’on présente toujours comme un proche de Paul Biya malgré sa sortie du gouvernement il y a plus de 20 ans ; de Remy Ze Méka – l’autre élite du Sud qu’on dit très proche du cercle présidentiel ces derniers temps, ou encore de Jean Baptiste Béléoken – ancien chef de protocole sous Ahidjo et qui a aussi travaillé avec Paul Biya comme ministre des Domaines et des Affaires foncières dans les années 2008. Difficile d’être exhaustif sur le nombre de ces personnalités qui ont été aperçues à Genève autour de l’hôtel du chef de l’Etat ces derniers temps.
Remaniement
Même si rien n’a filtré de ces entretiens. Mais comme il est d’usage, les observateurs au parfum de ces «consultations», imaginent qu’elles auront porté, selon toute vraisemblance, sur des sujets d’actualité au Cameroun. En bonne place, la résolution de la crise anglophone pour laquelle, visiblement, le chef de l’Etat aurait voulu avoir les avis de ces dignitaires. On se rappelle que lors de l’une de ses dernières sorties médiatiques sur le sujet, le ministre Issa Tchiroma Bakary de la Communication et porte-parole du gouvernement, avait laissé entendre que le chef de l’Etat travaillait à la résolution de cette crise, en dépit des accusations de villégiature que d’aucuns croyaient déceler dans son séjour helvétique.
Il y a fort à parier que le chef de l’Etat, pourtant annoncé au pays en fin de semaine dernière, revienne avec des solutions en béton pour conjurer définitivement cette crise qui continue à mettre en péril le vivre ensemble qu’il n’a de cesse de prôner au Cameroun. A en croire nos sources, ces «consultations» de sortie de crise devraient se poursuivre une fois de retour au bercail, avec dans l’agenda présidentiel, des entretiens avec les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale.
Préjugeant de quelques mesures à prendre pour dénouer cette crise, certains analystes évoquent toujours la forte probabilité d’un remaniement ministériel.
Principaux enjeux de ce changement de l’équipe gouvernementale, porter certains ressortissants des régions anglophones à quelques postes ministériels dits de souveraineté, afin de répondre aux complaintes portant sur leur sous-considération dans la structure gouvernementale.
Mais aussi et surtout, trouver de nouvelles élites proches des populations et particulièrement de la foultitude de jeunes qui ont exprimé leur colère dans les rues des villes des deux régions les 22 septembre et le 1er octobre 2017. De nouveaux hommes politiques qui seront chargés entre autres d’animer le dialogue national serein que le chef de l’Etat, de même que certaines institutions internationales, appellent comme solution à cette crise dans les deux régions anglophones.
Toutefois, font relever quelques analystes éclairés, ce remaniement ministériel attendu ne viendrait pas juguler seulement la crise dite anglophone.
Il s’impose désormais à leurs yeux comme une réponse à la conjoncture socio-politicoéconomique ambiante, marquée du sceau de l’austérité et de la crispation du climat social. De manière globale, le chef de l’Etat aurait à coeur de renouveler la classe politique actuelle dont certains ministres sont en poste depuis plus de 20 ans, une situation qui contribuerait à exaspérer certains esprits en mal d’affirmation et de nomination.
Réformes constitutionnelles
Toutefois, selon une autre analyse, la qualité des personnalités ainsi «consultées» prête le flanc à d’autres enjeux autour de ces rencontres. Pour ces esprits éclairés, il n’est pas exclu qu’avec ces «confidents», le chef de l’Etat ait évoqué la question taboue de la succession à la tête de l’Etat. Difficile d’en dire davantage, sauf à spéculer sur la probable volonté du président d’évoquer avec ses «amis» et «confidents» l’avenir du Cameroun après lui. Si tout le monde sait que Paul Biya serait disposé à briguer un nouveau mandat à la tête de l’Etat, il se susurre dans certains cercles, qu’il pourrait éventuellement passer la main en cours de mandat, compte tenu de plusieurs facteurs, afin de réaliser une transition pacifique du pouvoir, telle qu’il en avait bénéficiée de son prédécesseur en 1982.
A ce titre, les réformes constitutionnelles qui seraient actuellement en cours de préparation dans le sérail, donneraient une indication sur l’opportunité et la vraisemblance de cet enjeu, qui pourrait décliner ses contours d’ici la convocation de la prochaine session parlementaire, avec en ligne de mire, la modification de certaines dispositions de la loi fondamentale.
Sans être dans les secrets de Dieu, des spéculations évoquent les hypothèses de l’instauration d’un poste de vice-président de la république, qui serait dévolu à un ressortissant anglophone si jamais le président élu est francophone, et vice-versa. Il en est de même de l’élargissement de certains prisonniers de l’opération Epervier. Une liste aurait déjà été arrêtée par Paul Biya. Nous y reviendrons.
Une innovation qui pourrait induire la disparition du Sénat, 3 ans seulement après sa création. Dans le sillage des changements attendus, on parle également de la modification du Code électoral, particulièrement dans ses dispositions relatives à la mise en place de la décentralisation prévue par la Constitution du 18 janvier 1996. Des innovations qui devraient radicalement changer le visage du paysage politico-constitutionnel du Cameroun, et ramener le pays sur le chemin de la sérénité. Qui vivra verra.
Avec cameroun24.