En voilà deux qui pourraient bien révolutionner le métier de paysan. Pionniers d’une agriculture 100% locale, bio et… urbaine, c’est dans des containers que les fondateurs d’Agricool, Guillaume Fourdinier et Gonzague Gru, font pousser leurs fruits et légumes. D’abord à Paris, avec une première récolte de fraises, puis ailleurs en France, grâce aux fonds levés auprès de Xavier Niel et de l’incubateur The Family, notamment. Comme ces «cooltivateurs», des dizaines d’entrepreneurs bousculent des métiers traditionnels, décuplant les opportunités d’y bâtir des success stories.
DÉMOCRATISER LES SERVICES DE CONCIERGERIE
“Un boulevard.” Voilà comment les fondateurs de SoyezBCBG et de MIB Clean voient le marché du repassage, de la cordonnerie ou de la couture avec livraisons à domicile. Et pour cause : horaires contraignants, poids des paquets, délais aléatoires…, les pressings traditionnels, notamment, cumulent les inconvénients. L’astuce de MIB Clean ? Leur fournir l’outil numérique leur permettant de gérer des livraisons : géolocalisation des livreurs, appli mobile, paiement en ligne, etc. “On a commencé avec un pressing partenaire à Paris en 2014, ils sont aujourd’hui une quarantaine dans toute la France, et notre chiffre d’affaires a bondi de 115% en 2015”, précise son fondateur Mario Vilsaint. Il suffit au client de passer commande en ligne et de choisir l’heure et le lieu de collecte, puis de remise, du linge. Le tout pour un prix identique à celui facturé en magasin (livraison gratuite au-delà de 40 euros). Quant aux pressings, ils reversent une commission de 10% à MIB Clean. Déjà rentable, la jeune pousse est en train de lever 800.000 euros.
Ils inventent le pressing livré à domicile
Mise de départ 5.000 euros*
© SP
“On devait être tous les jours en costume, mais en sortant à 23 heures, impossible de les porter au pressing”, se souviennent ces trois anciens consultants. Alors ils ont pensé leur start-up SoyezBCBG pour les cadres sup parisiens : commande, collecte et livraison fixées en ligne, service assuré par des pressings labellisés Haute Qualité. Leur chiffre d’affaires devrait doubler, autour de 500.000 euros en 2016.
* Apport personnel des trois fondateurs.
>> En vidéo : Comme les services de taxis, les hôtels ou encore les banques, les pressings sont à leur tour menacés par l’ubérisation.
REMETTRE LE RÉTRO À LA MODE
Réédition de vieux meubles, électroménager looké années 1950, vêtements vintage… Vous pensiez que la vague rétro n’avait épargné aucun secteur ? Erreur. Nous en avons identifié au moins deux prometteurs. La location de voitures, d’abord. Un filon que Fabrice et Linda Le Roy ont été les premiers à exploiter, sur la Côte d’Azur, où leur société Rent A Classic a démarré en 2009 avec trois véhicules. Sept ans plus tard, elle réalise 2 millions d’euros de chiffre d’affaires et sa flotte, valorisée 2,1 millions, compte quarante modèles mythiques, de la Ferrari Dino 246 GT (celle de Tony Curtis dans “Amicalement vôtre”) à la Porsche 356 de James Dean. Tournages, rallyes d’entreprise (Microsoft, Adidas, Samsung…), mariages, vacances de riches particuliers (Emma Watson, Brad Pitt et Angelina Jolie), ces pièces de collection se louent jusqu’à 600 euros par jour. Le couple Le Roy lorgne désormais sur la Normandie et la société SuperCar Road Trip a lancé le même service dans le Bordelais, mais d’autres spots touristiques restent inexploités. Les fondateurs de Fizzer, aussi, entendent surfer sur la vague rétro. Leur trouvaille ? Une appli permettant d’envoyer par la poste une vraie carte postale depuis son téléphone ou son ordinateur. Une fois la photo choisie et le message rédigé, pour 1,59 euro, Fizzer se charge d’imprimer la carte et de l’expédier. Disponible en douze langues, cette start-up normande vise 100.000 utilisateurs en 2016 et la place de numéro 1 en Europe en 2018.
REPENSER L’HÔTELLERIE BON MARCHÉ
A force d’entendre ses copains étrangers se plaindre du coût de nos hébergements touristiques pour les jeunes, Julien Routil et ses deux associés y ont vu une idée de business : en 2014, ils ont inauguré à Lyon leur première auberge de jeunesse new-look, Slo living hostel, suivie d’une seconde en juin prochain. “Les entrepreneurs du tourisme low-cost ont une autoroute devant eux”, confirme Vanguelis Panayotis, consultant en stratégie hôtelière. A condition de décrocher le bon lieu à un loyer raisonnable – “il ne doit pas dépasser 20% du chiffre d’affaires” et de repenser les codes de ce type d’hébergement : déco soignée, dortoirs plus petits, restauration maison, personnel de réception «ambassadeur» de la ville, etc. Moyennant quoi, on peut vite afficher complet et devenir rentable. “Avec 5 salariés et 400.000 euros de chiffre d’affaires, on était positif dès le premier exercice”, assure le trio lyonnais, dont le groupe rebaptisé Modern Nomads vient de gagner un des concours Réinventer Paris, où il ouvrira en 2019 une auberge de jeunesse de 150 lits “révolutionnaire”…
Ils revisitent nos auberges de jeunesse
Mise de départ 200.000 euros*
Matthieu Bégué, Louis Kervillant et Damien Börjesson, les trois fondateurs des Piaules.
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© Bruno Levy pour Capital
Un lieu où les jeunes touristes se sentent chez eux à Paris : voilà comment ces trois copains passés par des écoles de commerce ont rêvé Les Piaules, une auberge de jeunesse qui a tout d’un boutique-hôtel, mais à 22 euros la nuit en dortoir de huit. “Notre modèle est low-cost – une prestation de base et des services ajoutés payants – pas l’expérience offerte”, précisent-ils. Déco branchée, Wi-Fi supersonique, restauration made in Belleville (café, bière, pain, fromages, charcuterie, etc.) et «rooftop» avec vue imprenable sur la capitale. Bien parti pour réaliser 2 millions d’euros de chiffre d’affaires dès cette année, le trio cherche déjà une deuxième adresse.
Nombre de réservations par jour en décembre 2015 : 320 lits
Nombre de réservations par jour en février 2016 : 1.160 lits
* Apport personnel des trois fondateurs.
>> En vidéo : Des demeures aristocratiques du XVIIe siècle en plein Marais ou bien une ancienne halle de marchandises dotée de l’une des plus grandes centrales solaires urbaines de France: à Paris, les auberges de jeunesse jouent la carte de l’originalité.
PROPOSER LE GARDE-MEUBLES ENTRE VOISINS
Rarement en centre-ville et hors de prix : pour les citadins, le stockage reste un casse-tête. Or les besoins sont énormes : éclatement des familles, mobilité des étudiants… D’un autre côté, beaucoup de propriétaires disposent d’espaces vides : greniers, caves, box, etc. “Une aubaine”, pour Mickael Nadjar (HEC) et Adam Levy-Zauberman (Essec), qui, lorsqu’ils étaient chefs scouts, ne savaient jamais où ranger leur matériel. Et voilà comment est née en 2013, grâce à une levée de fonds de 300.000 euros auprès de business angels, la première plate-forme entre particuliers, Costockage. Un succès immédiat : “On est passé de 50.000 mètres cubes d’espace à louer à 400.000 aujourd’hui, et 1.200 personnes par jour cherchant à stocker.” Les loueurs fixent leur prix et le site prend une commission sur chaque réservation. Soit un chiffre d’affaires de 400.000 euros attendu en 2016, dix fois celui de 2014 ! Quant aux loueurs, certains empochent jusqu’à 500 euros par mois. Si d’autres “Airbnb du stockage” ont vu le jour à Bordeaux (Jestocke.com) ou à Lille (Ouistock.fr), des régions entières restent à conquérir. Quant à Costockage, il a déjà refusé plusieurs offres de rachat par des historiques du secteur…
INVENTER LE DÉMÉNAGEMENT COLLABORATIF
En France, près de 3 millions de foyers déménagent chaque année. Mais, rebutés par le coût des professionnels, les deux tiers le font par leurs propres moyens. C’est à ceux-là que plusieurs jeunes pousses ont décidé de vendre un modèle à la fois flexible et low-cost. Et parfois 100% collaboratif, comme Mydemenageur.com, qui met en relation des “gros bras” et des particuliers. Résultat : “Quand un déménagement de 35 mètres cubes à 10 kilo mètres coûte en moyenne 2.000 euros, il revient chez nous à 600 euros”, assure Dorian Touly, fondateur du site. Lancée par une ancienne prof d’anglais, Areeba Rehman, la plate-forme FretBay, elle aussi, secoue le métier. Des camions qui repartent à vide ? Des particuliers cherchant à transporter des biens volumineux ? Comme son concurrent Cotransportage, ce site Web les met en contact, moyennant une commission de 13% facturée au professionnel. Bien vu : après avoir levé 431.000 euros en 2013 et avec des tarifs 75% moins chers que ceux d’un déménageur traditionnel, FretBay compte déjà 500.000 utilisateurs.
Ils sont les rois du déménagement low-cost
Mise de départ 5.000 euros*
© SP
2 millions d’euros facturés en 2015, le double attendu en 2016: ces trois copains de master en finance de Nanterre ont fait du chemin. L’astuce de leur entreprise Des bras en plus? “Comme les compagnies low-cost, notre site indique une gamme de prix selon les jours et, en quelques clics, le client réserve une prestation à la carte”, précise Farid Lahlou. Objectif: devenir numéro 1 français du déménagement.
* Gagnés lors du concours Envie d’agir du ministère de la Jeunesse et des Sports.
PROFITER DU RETOUR EN VOGUE DE LA BARBE
Ça ne vous aura pas échappé : autrefois synonyme de laisser-aller à tendance gauchiste, la barbe est redevenue à la mode, s’accommodant du costume-cravate comme du jean-baskets. A condition toutefois de l’entretenir au poil près. Et voilà comment le métier de barbier a retrouvé une seconde jeunesse, notamment à Paris et à Lyon : Les Mauvais Garçons, Le Barbier des faubourgs, L’Atelier vintage, etc. Mais une barbe se soigne aussi à domicile. Et pour ça, il faut le bon matériel. Ganaël Bascoul l’a bien compris en lançant en 2013 Monsieur Barbier, le premier site de vente en ligne spécialisé (et bientôt une boutique à Paris) : rasoirs à main, blaireaux, mousses, crèmes, etc. “On n’y trouve que le top, comme la marque Thiers Issard, dernier fabricant au monde de coupe-choux à la main”, précise cet ex-consultant chez Ernst & Young, qui table sur un chiffre d’affaires de 500.000 euros en 2016. Et souligne que, comme dans la coiffure, le business de barbier peut s’étendre à la franchise, à la prestation à domicile, à des lignes de produits, etc. Autant d’opportunités à saisir.
A SAVOIR
– 400 euros : les deux jours de formation de barbier pour les coiffeurs diplômés.
– Une baisse de motivation ? Le Moovjee (Mouvement pour les jeunes et les étudiants entrepreneurs) propose un coaching personnalisé.
– 5.000 euros : le triporteur électrique de livraison de pressing.
– En région, Réseau Entreprendre finance de nombreux projets.
avec capital.fr