On peut créer une entreprise sans perdre les avantages du salariat ou, au contraire, larguer totalement les amarres et rechercher un actionnariat international. Portage, Microentreprise, Eurl, Sasu,… revue de détail des principaux statuts disponibles.
Lorsqu’ils créent Finexkap il y a trois ans, Arthur de Catheu et Cédric Teissier adoptent sans hésiter le statut de société par actions simplifiée (SAS). «Cette forme juridique permet de fixer librement le capital, de l’ouvrir à des investisseurs, de modifier la gouvernance, indique Arthur de Catheu.
Cela simplifie les démarches liées à la croissance de l’entreprise : indispensable dans un secteur comme le nôtre, qui nécessite de gros investissements sur le long terme.» Finexkap, une plateforme qui propose une solution de gestion des factures pour les PME et TPE, a levé 18 millions d’euros l’an dernier et emploie aujourd’hui 20 personnes.
Mais tous les projets ne lèvent pas l’ancre pour naviguer en haute mer. Bertrand Couot, créateur de Scope Training, organisme de formation dans l’aéronautique, a préféré, lui, un statut coopératif. «Ce qui m’a convaincu, c’est le système de gouvernance : le pouvoir de décision n’est pas concentré dans les mains d’une seule personne. Pas plus que les bénéfices, d’ailleurs.»
Quelle que soit l’envergure envisagée pour votre projet, il existe forcément une voilure à sa taille, en fonction de vos objectifs.
Selon les statuts, le coût des formalités varie : (Cliquez sur le tableau pour l’agrandir)
PORTAGE ET COOPÉRATIVE : Entreprendre avec un filet
Vous voulez démarrer sans faire une croix sur les avantages du salariat ? Devenez salarié entrepreneur ! Dans cette formule, vous signez un contrat de travail avec une coopérative ou une société de portage. Et celle-ci vous reverse votre chiffre d’affaires sous forme de salaire, diminué de 10% de frais de gestion et, bien sûr, des charges salariales et patronales.
Avantage : vous êtes à votre compte tout en continuant de cotiser à l’assurance chômage. «En revanche, l’entreprise n’a pas de numéro Siret [son immatriculation, NDLR] et le créateur ne peut prétendre à l’aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs d’entreprise (Accre) de Pôle emploi», prévient Jérémie Weiss, chargé de mission à BGE Alsace.
Laquelle de ces formules choisir ? «Le portage salarial s’adresse à des cadres en libéral, assez autonomes pour vendre leurs prestations de conseil. La coopérative propose un accompagnement et des formations qui peuvent intéresser un public moins aguerri», souligne Laure Thiebault, juriste à l’Agence pour la création d’entreprises (APCE).
MICROENTREPRISE : Tester une idée sans s’engager
Au 1 er janvier 2016, l’auto-entreprise est devenue la microentreprise, appellation qui englobe micro et autoentrepreneurs. Tous sont soumis au régime microsocial, dans lequel cotisations et impôts sont calculés uniquement sur le chiffre d’affaires réalisé.
Idéal pour tester son activité – les formalités de création et de radiation sont simples et rapides -, mais pas pour se projeter dans une activité de grande envergure : les plafonds de chiffre d’affaires, 32.900 euros pour des prestations de service et 82.200 euros pour des activités d’achat-revente, réduisent de fait vos perspectives de développement à celles d’un bonsaï.
Attention également à la confusion de vos patrimoines personnel et professionnel en cas d’endettement. En 2015, la loi Macron a rendu la résidence principale insaisissable de droit. Les autres biens doivent toujours faire l’objet d’une «déclaration d’insaisissabilité» chez un notaire.
Mais la microentreprise reste tout de même une «vraie» entreprise, comme le rappelle Jérémie Weiss : «Il faut assurer son activité et ouvrir un compte bancaire dédié.»
48% des sociétés individuelles crées en 2014 sont des sociétés par actions simplifiées unipersonnelles (Sasu). (Source : APCE 2014)
L’entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL) et la société par actions simplifiée unipersonnelle (Sasu) sont les statuts les plus adaptés pour se lancer dans un projet sur le long terme ou à grande échelle.
C’est le choix qu’a fait Thomas Sallantin, créateur, cette année, de Linfluent, une plateforme collaborative de communication sur les réseaux sociaux. «J’ai choisi la Sasu car c’est un statut flexible qui me permettra de m’adjoindre un associé dans le futur. Le statut est également mieux adapté pour convaincre des investisseurs, ce que j’aurai à faire puisque je souhaite développer mon produit à l’international.»
Dans le cadre de la Sasu et de l’EURL, les patrimoines de l’entrepreneur et de l’entreprise sont dissociés. «Le président d’une Sasu peut être salarié de l’entreprise et bénéficier du régime général, même s’il n’a pas droit au chômage», explique Laure Thiebault. Mais il échappe ainsi au Régime social des indépendants (RSI), cauchemar de bon nombre de créateurs !
L’avis de Bénédicte Raphélis Soissan : «J’ai fondé Clustree avec un statut de société par actions simplifiée, la forme qui permet le plus aisément de lever des fonds.»
INTRAPRENEURIAT : Créer sans quitter sa boîte
Quel est le point commun entre la microfinance internationale chez BNP Paribas et Google Maps chez Alphabet ? Ces activités ont été mises au point par des salariés intrapreneurs.
Cette manière de réinventer son travail sans quitter sa société a le vent en poupe dans les grandes entreprises. Mais n’«intraprend» pas qui veut. «Il faut vendre son concept à quelques personnes bien placées dans l’entreprise, susceptibles d’encourager les nouvelles idées», souligne Véronique Bouchard, professeure à l’EM Lyon et auteure d’Intrapreneuriat. Innovation et croissance (Dunod).
A charge ensuite pour l’intrapreneur de montrer rapidement que son projet tient la route et de convaincre sa hiérarchie de le financer. «L’intrapreneuriat constitue une bonne façon de changer son travail de l’intérieur, résume Véronique Bouchard. Mais attention : le projet peut avoir des impacts sur d’autres services et l’intrapreneur ne se fera pas que des amis ! Pour réussir, il faut bien connaître l’organisation et ses enjeux politiques, et jouir d’une bonne réputation au sein de l’entreprise.»