résent à la 3ème édition de la fête des mères organisée par l’OFFPI le samedi 11 juin 2016 au jardin Saint Clément
d’Aboboté, le président Abou Drahamane Sangaré a été intraitable. Il a administré un cours de droit au chef de l’Etat et
à ses juristes à propos de la réforme de la constitution. Pour lui, le régime veut remplacer la loi fondamentale par une
«charte». Sangaré estime que les chefs traditionnels qui proposent un troisième mandat sont juste allés «faire allégeance
à Monsieur Ouattara» et met en garde en indiquant que son parti prendra ses «responsabilités». Le gardien du
Temple parle du procès du président Laurent Gbagbo et de la pétition lancée pour sa libération et de ceux qui l’ont initiée.
Non sans rendre un vibrant hommage à Simone Gbagbo. Large extraits de son dense discours.
«Merci à tous ceux qui sont là. Merci d’abord à nos chefs. J’ai écouté la voix des chefs. Le chef pour moi est digne de considération et j’attends toujours
que les chefs parlent. Pour le moment ce qui se passe-là, des personnes se sont cooptées, se sont choisies pour faire allégeance à Monsieur
Ouattara. Je n’ai pas encore entendu les chefs parler et je souhaite écouter les chefs parler parce que vous êtes les
garants de l’unité et de la cohésion de la Côte d’Ivoire. Vous incarnez le peuple de Côte d’Ivoire, vous ne pouvez pas parler n’importe comment et pouvoir parler
pour introduire la division en Côte d’Ivoire. Ceux qui sont au pouvoir ont suffisamment divisé la Côte d’Ivoire, vous ne pouvez pas être les complices de cette division. Donc moi j’écoute la voix
les chefs et le FPI observe, la Côte d’Ivoire observe. Si les chefs ne prennent pas leurs responsabilités, nous, nous prendrons nos responsabilités.
Nos valeurs ne sont pas négociables
Merci Marie Odette Lorougnon d’avoir initié ce mouvement. Tu nous as parlé des difficultés qu’il y a eues. Mais je pense que nous t’avons compris. Au FPI, tous ceux qui sont assis pouvaient se vendre au pouvoir et avoir tout l’argent qu’ils veulent. Mais nos valeurs ne sont pas négociables. Donc l’argent n’est pas une fin pour nous. Nous sommes venus en politique pour assurer le bien-être des populations (…) Nous sommes ici pour parler d’une grande dame, de la Première Dame (…) C’est la femme qui a choisi la politique dans un milieu d’hommes. C’est aussi la femme politique parce qu’elle a été Secrétaire générale du SYNARES. Elle a été Secrétaire générale du Front populaire ivoirien. Elle a été le premier Secrétaire
général du Front populaire ivoirien en 1988 (…) Donc femme politique parce qu’elle a dirigé toutes ces institutions là.
C’est aussi la femme du politique. Elle est la femme de Laurent Gbagbo, c’est déjà un poids lourd à porter. Et Simone Gbagbo a commencé à souffrir depuis.
En 1989, elle a été invitée à un stage de linguistique à Bordeaux. Elle a déposé son passeport. On lui a enlevé son passeport.
Ce n’est qu’en décembre 89 qu’on lui a donnée. Elle n’a pas pu aller pour cette formation-là, immédiatement
après le congrès du FPI. Elle a souffert en 92. En 96, il y a eu cet accident de circulation.
Donc tout cela agit bien sûr sur la chair. C’est pourquoi je suis à l’aise quand on me dit qu’on a senti Simone
fatiguée. Je dis non, vous ne la connaissez pas encore. La chair peut avoir des
moments de lassitude vu son parcours mais l’esprit est toujours là, le mental est toujours là. On ne peut pas lui enlever ça.
«Personne ne peut vider le FPI de sa substance»
Simone Gbagbo et Laurent Gbagbo ont quelque chose en commun. Laurent Gbagbo, même s’il est fatigué, malade, quand tu le mets devant un micro, il renaît, dès qu’il voit un micro, il renaît.
Et Simone Gbagbo, c’est comme ça. Et je sais qu’elle allait renaître au palais [de justice]. Quand Simone rentre, on se lève. C’est de la considération. Je ne dis
pas que tout le monde l’admire, mais c’est de la considération. On ne peut pas se lever quand une criminelle rentre dans une salle. Quand Simone rentre, on
l’acclame. On ne peut pas acclamer une criminelle. Quand tu choisis la manifestation de la vérité, tu ne peux pas être à l’aise. La vie c’est un choix. Choisir, c’est
renoncer. Tu ne peux pas choisir quelque chose et puis dire si je savais ou bien tu ne peux choisir quelque chose, refuser les inconvénients pour avoir des avantages
seulement. Quand vous faites un choix, restez dans le choix. Le choix c’est au début. Ceux qui ont choisi le FPI, c’est au début qu’ils ont fait le choix.
Vous devez rester déterminés. Et quand je viens ici vous voir, avec tout ce que vous avez subi, et que vous êtes encore là, solides, vous êtes encore le socle du FPI, je vous dis merci et c’est ça le FPI.
Merci pour cette mobilisation, merci pour cette détermination. Nous les premiers responsables, c’est la base qui
nous fait. Vous êtes le socle, vous êtes les fondations, et sans les fondations on ne peut pas faire monter le mur. Je
pense que nous sommes en train de mener un grand combat ensemble.
L’espoir et la détermination, c’est ce qui nous reste aujourd’hui. Personne ne peut vider le FPI de sa substance. Le FPI c’est une idée qui irradie le monde. C’est
pourquoi Simone a déjà gagné son combat.
C’est la chair qui est prisonnière sinon l’esprit rayonne sur le monde, comme Laurent Gbagbo est prisonnier à
la CPI mais son esprit rayonne sur le monde. Nous allons mener ensemble ce combat pour que la Côte d’Ivoire renaisse. En rendant hommage, il fallait rendre hommage à notre première
maman qui est la Côte d’Ivoire. C’est la Côte d’Ivoire notre première maman et aujourd’hui la Côte d’Ivoire va mal, de plus en plus mal.
«Seul le peuple doit être là pour parler de la constitution»
Et on vient ajouter à ce mal avec des problèmes de constitution. Vous savez, la constitution c’est clair. Simone a déjà
donné la voie mais le FPI va prendre position. La constitution c’est clair et là
je ne dis rien de nouveau. Il y a la révision et il y a l’élaboration d’une constitution.
Le peuple a le pouvoir constituant originaire. Ça veut dire que tout part du
peuple. Et le peuple fait une constitution, il vous dit pour réviser je vous
donne le pouvoir dérivé : les conditions de révision sont dans la constitution.
Mais maintenant si on veut faire une nouvelle constitution qui n’est pas une
révision, il faut que je sois au départ parce que je suis souverain. Et nul individu, nul section du peuple ne peut s’attribuer
la souveraineté du peuple. Seul le peuple doit être là pour parler de la
constitution. C’est ce qu’on appelle la constituante. Le peuple se réunit en
constituante pour élaborer la constitution.
Aujourd’hui, on choisit des experts. Attention ! Je ne critique pas ces experts, ils sont dignes de considération.
Je les ai côtoyés à la Fac de droit, ce sont des personnes qui connaissent le
droit. Mon problème n’est pas là. C’est au niveau de la forme. Non non non ! Le
peuple doit être présent, toutes les composantes de la société, si on doit aller à
une nouvelle constitution, il faut que le peuple soit présent. Et le peuple présent, peut même être convoqué et peut
dire qu’il n’y a rien, pourquoi changer de constitution. Le peuple peut le dire. Mais
il faut que le peuple se prononce parce que c’est un faux débat : dire que la
constitution est confligène. Quelle que soit la meilleure constitution, si vous
venez avec les armes de l’armée française, forcément la constitution ne peut pas tenir. Donc il ne faut pas déplacer
les problèmes en Côte d’Ivoire. Ce n’est pas la constitution qui a posé problème,
c’est ceux qui ont refusé justement de respecter la constitution qui posent problème.
Donc il ne faut pas voir des problèmes là où il n’y en a pas.
En 2000 il y a eu une constituante. Le parallélisme des formes, ce qui a été fait
en 2000 doit être fait si on veut faire une nouvelle constitution. Il faut que le peuple dans toutes ses composantes s’explique.
Les juristes sont là pour soigner la forme, pour aménager, pour agencer mais c’est le peuple qui se prononce et
le peuple justement donne le projet au pouvoir pour pouvoir justement soumettre à référendum. Ça c’est l’élaboration
d’une constitution. On ne peut rien ajouter à cela. Ce n’est pas une question de
personne ou quoi, ce n’est pas ça qui nous intéresse, c’est comme ça on fait
une constitution. Sinon, ce que nous voyons-là, c’est une charte. C’est une
charte qu’on octroie aux populations de Côte d’Ivoire. Ça veut dire que c’est une charte qu’on donne aux populations de Côte d’Ivoire sans leur avis. Or, c’est le
peuple de Côte d’Ivoire qui offre à son pays une constitution. Nous ne sommes
pas dans la même démarche. Et nous ne pouvons pas accepter cela. Donc moi je pense que le temps est encore venu de
rectifier le tir. Le temps est venu de faire entendre le peuple de Côte d’Ivoire. Si le peuple de Côte d’Ivoire se sent mal à
l’aise avec cette constitution, il passe à une autre République. Mais on ne peut pas parler au nom de la Côte d’Ivoire
sans la Côte d’Ivoire. Pourquoi allons nous parler au nom du peuple ivoirien sans le peuple ivoirien ? Et le peuple de Côte d’Ivoire doit parler. Il y en a qui
peuvent trouver la constitution confligène, il y en a qui peuvent dire…
Comme je suis une partie du peuple aussi je dois parler, la constitution va s’appliquer à moi. Pourquoi je ne vais
pas parler ? Mais le peuple délègue justement différentes composantes, a des délégués partout. C’est pourquoi après il
y a le référendum, si on pouvait dire que le peuple a déjà… Mais on verra vraiment
si ceux qui sont les délégués ont respecté la volonté du peuple.
Donc le débat est à la fois clair et simple. On ne peut pas piétiner le peuple, on
ne peut pas enjamber le peuple pour octroyer une constitution à la Côte d’Ivoire quel que soit le pouvoir que l’on se donne. Dans ce sens, comme l’a dit la
Première Dame, nous allons rester vigilants et le FPI doit rester vigilants pour la Côte d’Ivoire parce que le FPI porte les valeurs de la Côte d’Ivoire. Nous allons
rester vigilants.
Une pétition pour Gbagbo le 22 juin
Je profite aussi de l’occasion pour dire que nous sommes en train de faire une oeuvre immense. On vous a parlé de pétition.
C’est une arme démocratique. C’est l’arme utilisée par les pays dits développés.
Le lancement de la pétition aura lieu le 22 juin. Cette cérémonie aura lieu
à l’Hôtel Belle Côte. Soyez là, venez ce jour pour montrer que Gbagbo est là et que le peuple de Côte d’Ivoire réclame
Gbagbo. Et quand je parle de Laurent Gbagbo, bien sûr, Gbagbo libéré, Blé Goudé va être libéré, Simone va être
libérée, nos prisonniers doivent être libérés, nos exilés doivent être libérés.
Montrez que vous êtes là. Et la pétition, ce n’est pas seulement une affaire
nationale, c’est une affaire internationale. Vous serez suffisamment édifiés. Cette partie, chaque mouvement va prendre la pétition et va s’organiser pour que la pétition rencontre le plus grand
nombre d’audience. Il s’agit de la Côte d’Ivoire, il s’agit de Laurent Gbagbo. Ce monsieur a toujours été respectueux de la constitution de son pays (…) Si
aujourd’hui il est à la CPI c’est parce qu’il a respecté la constitution, la décision du Conseil constitutionnel. Donc cette pétition doit montrer la place de
Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire et en Afrique. Son combat a déjà gagné l’Afrique, son combat a gagné le monde
(…) Le temps travaille en notre faveur et le temps travaille en faveur de Laurent Gbagbo. Non non non ! Pour ce que ce
monsieur a fait pour la Côte d’Ivoire, pour ce que ce monsieur a fait pour les valeurs, il ne peut pas rester entre quatre murs à la CPI. Il y a toujours une
vérité historique et la vérité triomphe toujours (…) Aujourd’hui sur le terrain, le FPI est incontournable grâce à vous. On
fera toutes les rencontres, toutes les discussions, s’il n’y a pas le FPI, tel qu’on le connait, le FPI avec Laurent Gbagbo, il n’y aura pas de possibilité
d’évolution. Donc nous, nous pensons qu’il est encore temps de se ressaisir.
Quand on fait la politique, on se dit à un moment donné, ils vont comprendre. Et
je souhaite qu’ils comprennent (…) C’est l’écrivain émérite Bernard Dadié qui est
l’initiateur de la pétition. Ce monsieur est digne de respect. Toute son histoire
est une histoire de résistance. Donc faites honneur à Bernard Dadié. Nous avons aussi le Premier ministre Koffi-
Goh qui est aussi l’initiateur (…) Je souhaite aussi que les tournées continuent
à l’intérieur de la Côte d’Ivoire. Amoikon, tu es là, tu es coordonnateur, tu as
réussi les tournées à Abidjan et dans la ceinture d’Abidjan. Mais il y a une immense attente des populations. Donc
à ce niveau là, nous t’attendons pour que les tournées continuent. Les chefs, vous m’avez demandé une audience. Je ne peux pas refuser de recevoir les chefs.
Organisez-vous, prenez votre temps, nous sommes à votre disposition (…)
Les élections viennent. Les élections législatives, c’est un moment important dans la vie d’un parti. Le débat doit vous
revenir. Le débat doit aller dans les bases. Moi je veux entendre ce que ma
base pense de ces élections. C’est la base qui doit me donner le mot d’ordre pour traduire cela et il faut justement traduire cela auprès des populations. Et
ce mot d’ordre là doit être fidèle à nos valeurs, fidèle à nos cohérences et qu’on soit à l’aise pour expliquer ce mot d’ordre aux populations et que les populations
se retrouvent dans ce mot d’ordre là, et que ce ne soit pas un mot d’ordre opportuniste. Donc menons un débat digne de notre histoire, un débat digne de notre parti et je vous fais confiance.
La Côte d’Ivoire ne peut pas rester à genou. On ne peut pas accepter le démembrement de la Côte d’Ivoire. On
ne peut pas accepter que la Côte d’Ivoire soit bradée. On ne peut pas accepter la vente de la Côte d’Ivoire, que la Côte d’Ivoire soit mise aux enchères. Donc
notre rôle, ce que nous savons faire le plus, ce que nous savons faire le mieux, c’est de résister, de nous battre. Nous
n’avons pas besoin d’armes parce que la meilleure arme c’est dans la pensée,
c’est dans le mental. Je vous remercie»
avec ivoirebusiness