Si le coup d’État parlementaire commandité par les États-Unis et dirigé par Juan Guaido avait réussi à renverser le président Nicolas Maduro, les États-Unis auraient imposé leur mainmise, pour la première fois depuis de longues années, sur les immenses réserves pétrolières de ce pays qui en a plus que l’Arabie saoudite. Plus qu’être destiné à subvenir aux besoins en pétrole US, le pétrole vénézuélien devrait servir de levier de pression pour l’administration Trump qui veut compenser le déficit sur le marché mondial de l’énergie, au cas d’une rupture quasi-totale des exportations pétrolières de l’Iran. Car à vrai dire, les sanctions pétrolières américaines contre la RII ont été un cuisant échec avec en toile de fond des exemptions que les Américains ont du lâcher par crainte d’avoir à faire face à un baril de plus de 100 dollars.
Mardi matin, un rassemblement a eu lieu à Téhéran devant l’ambassade du Venezuela pour soutenir le président élu, Nicolas Maduro. Les participants ont scandé des slogans pour condamner la tentative du coup d’État orchestré par les États-Unis au Venezuela.
L’ambassadeur du Venezuela à Téhéran, Carlos Antonio Alcala Cordones, tenant un exemplaire de la Constitution vénézuélienne dans la main, a rejoint les rangs des manifestants pendant quelques minutes pour les remercier de leur soutien et pour répondre aux questions des journalistes.
Le quotidien iranien, Javan publie ce jeudi une analyse signée Abdollah Motevallian laquelle établit des liens qui pourraient exister entre les événements qui se produisent actuellement au Venezuela d’une part et de l’autre, la politique anti-iranienne de Donald Trump caractérisée notamment par le retrait unilatéral de Washington de l’accord sur le nucléaire iranien, annoncé, pour rappel, le 8 mai 2018.
“Les États-Unis souhaitent pouvoir se servir du pétrole vénézuélien, en cas de succès du coup d’État ou de l’action militaire, pour contrôler les prix sur le marché mondial quand Washington passera à la phase dite « black hole » (trou noir) des sanctions totales sur les exportations pétrolières iraniennes.
En effet, les Américains sont bien conscients de l’échec de leurs sanctions économiques contre Téhéran, en raison de la prévision de l’instabilité économique et de la hausse des cours du pétrole pour cause de sanctions US contre le secteur pétrolier iranien. D’autant plus que la politique américaine de créer des vagues de protestations populaires en Iran a échoué complètement, malgré quelques tentatives par Washington en hiver et en été 2018.
Selon Abdollah Motevallian, le nouveau scénario anti-iranien de la Maison-Blanche aura un volet économique minutieusement élaboré, en plusieurs phases par les conseillers du président Trump :
1- En premier lieu, l’Union européenne se charge de convaincre Téhéran de rester loyal à l’accord sur le nucléaire iranien par des dispositifs anti-sanctions comme le SPV (Special Purpose Vehicle) et sans que l’Iran puisse réellement avoir accès à ses revenus pétroliers.
2- Pour empêcher la hausse des cours du pétrole tout de suite après le rétablissement des sanctions américaines sur les exportations pétrolières de l’Iran, le trésor américain a autorisé les gros clients du brut iranien à continuer d’acheter du pétrole à l’Iran.
3- Dans le même temps, les États-Unis exercent des pressions sur les autres exportateurs de pétrole à l’instar du Venezuela, pour qu’ils augmentent leur production et qu’ils régularisent le marché.
Et d’après l’analyste iranien du quotidien Javan, c’est là que la tentative de coup d’État parlementaire au Venezuela peut épouser la politique anti-iranienne de Donald Trump. Abdollah Motevallian écrit : « Si le coup d’État parlementaire commandité par les États-Unis et dirigé par Juan Guaido réussissait à renverser le président Nicolas Maduro, les États-Unis feront leur mainmise, pour la première fois depuis de longues années, sur les immenses réserves pétrolières du pays, un levier pour l’administration Trump pour compenser le déficit sur le marché mondial de l’énergie en cas d’une rupture quasi-totale des exportations pétrolières de la République islamique d’Iran. »
La deuxième étape du plan américain serait mise en œuvre après la réussite éventuelle du plan du coup d’État au Venezuela. Cette deuxième phase, c’est donc celle qui permettrait aux États-Unis de contrôler le secteur pétrolier du Venezuela. Il est à noter que selon les estimations de l’OPEP, les réserves prouvées en pétrole du pays atteindraient 296,50 milliards de barils, ce qui placerait le Venezuela au premier rang mondial devant l’Arabie saoudite.
a) Les partenaires européens de l’Iran (Royaume-Uni, France, Allemagne) trouveront un prétexte, quel qu’il soit, pour mettre définitivement fin à leur mascarade politique autour des dispositifs financiers de contournement des sanctions américaines contre l’Iran.
b) Le régime des sanctions américaines contre l’Iran passera à la phase d’un « black hole » total pour asphyxier l’économie iranienne.
c) Washington imposera une interdiction totale à tous les pays qui voudront continuer à acheter du pétrole iranien.
d) Les États-Unis intensifieront leur projet de déstabilisation interne, en augmentant les pressions économiques sur Téhéran afin de créer des vagues de protestations populaires en Iran dès l’été 2019.
e) Pour créer des menaces sécuritaires contre l’Iran, les États-Unis lanceront une série d’attentats en laissant infiltrer les éléments terroristes via les frontières terrestres du pays.
En conclusion, Abdollah Motevallian estime que le succès du coup d’État américain au Venezuela pourrait être considéré à Washington comme un élément clé du développement de la politique anti-iranienne de la Maison-Blanche.
Avec presstv