En l’absence du plasticien sénégalais, le commissaire de l’exposition M. Ouardane a mis l’accent sur son engagement humanitaire et social.
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Une exposition d’art se tient actuellement à la Médiathèque de Khouribga. Elle regroupe des œuvres originales d’une pléiade d’artistes africains dont des Sénégalais. L’initiative organisée en marge de la 19e édition du Festival de films africains de Khouribga, contribue à décentraliser les lieux socialement assignés à l’art africain.
L’art et la culture sont des éléments importants pour la consolidation des rapports et la création de confiance entre les peuples. La fondation Ocp et l’Association Arcane l’ont si bien compris qu’ils ont ensemble porté un projet artistique d’échange entre le Maroc et les autres pays d’Afrique. Ce projet, une exposition d’art contemporain ouverte le 18 juillet dernier, se poursuivra jusqu’au 30 septembre à la Médiathèque de la ville des phosphates. Selon les organisateurs, «cette exposition répond non seulement à la nécessité de mettre en exergue notre africanité mais elle contribue également à décentraliser les lieux socialement assignés à l’art africain».
«Nous ambitionnons à travers cette initiative de promouvoir la mobilité, l’échange, la mise en valeur des talents et l’expression des sensibilités les plus diverses de l’Afrique», a avoué Abderhamane Ouardane, le commissaire de cette expo internationale. En tout, ce sont 24 artistes de 10 pays différents dont le Sénégal qui sont exposés.
On retrouve dans les collections d’œuvres venues de divers horizons, celle du plasticien sénégalais de renommée internationale, Kalidou Kassé. Ce sont deux tableaux sans titre, réalisés à partir de Pastel gras sur du papier Kraft. «Mon œuvre porte le sceau indélébile de mon appartenance culturelle et contemporaine», écrit Kalidou Kassé, qui, pour présenter son travail, mentionne dans une note collée à côté de ses créations : «Revendiquant mon statut d’artiste africain, j’interpelle la lumière pour triompher des ténèbres, afin de témoigner sur les espaces de liberté arrachés à la tyrannie et à la démocratie célèbre… .»
En l’absence du plasticien sénégalais, le commissaire de l’exposition M. Ouardane a mis l’accent sur son engagement humanitaire et social. Il y avait aussi, venant du Sénégal, des œuvres réalisées à partir de feutre et crayon sur papier de Mamadou Cissé. Cet artiste autodidacte a toujours pratiqué le dessin. M. Cissé a une grande passion pour l’architecture et son travail offre à voir de beaux portraits de la ville. «Sous sa plume, naissent des ensembles urbains articulés autour d’axes de circulation dans un jeu savant de perspective», explique-t-on, précisant que «Ses mégalopoles imaginées sont le reflet des projets architecturaux utopistes.»
De grands talents artistiques réunis
Il y a également dans cette exposition internationale montée suite à une «sélection très sérieuse», des œuvres qui frappent à l’œil et qui témoignent de la créativité, du génie de ces artistes. C’est le cas du plasticien Congolais Alden Paul Mvoutoukoulou. Son projet «En-vi-ron-ne-ment- malade», en plus d’être un chef d’œuvre, est une invite à la réflexion sur la problématique du lien entre la santé et l’environnement.
Le décès de sa mère qui a absorbé beaucoup de médicaments aurait été l’élément déclencheur de son travail réalisé à partir des plaquettes de médicaments. Une création qui pose aussi le problème de la pollution des déchets pharmaceutiques. Il alerte sur la mauvaise santé de cet «en-vi-ron-ne-ment» aussi bien naturel qu’urbain, tout en poétisant sur les dangers qui guettent la nature. Outre le projet du Congolais Alden Paul Mvoutoukoulou, on remarque aussi les portraits assez expressifs de l’Ethiopienne Aïda Muluneh. La photojournaliste présente son œuvre intitulée «The morning bride».
Sa photographie a fait l’objet de débat à Khouribga. Car en plus du fait que l’Ethiopie était le pays à l’honneur pour cette 19e édition du festival de films de Khouribga, une cérémonie consacrée spécialement à son honneur, a permis à Aïda Muluneh de revenir sur son projet artistique. «On connaît l’Ethiopie comme pays de la famine à travers le monde. Moi, je cherche à travers mes images à montrer les plus belles couleurs de mon pays… », a expliqué la photographe.
Plusieurs autres artistes éthiopiens étaient de la sélection : Wendimagegn Gashaw, Ephrem Solomon, Emaunel Tegene, Tamrat Gezahengne. Mais aussi les Marocains Brahim Boukry, Aicha Ahardane, Fatima Bousaid, Oussama Mahassine, les burkinabè Marta Maïga, Saïdou Dicko ou encore le Congolais Yvanovitch Mbaya, pour ne citer que ceux-là. Tous ont fait parler leur talent, assurant en définitive la promotion de la diversité des expressions culturelles en Afrique. Une exposition d’art contemporain d’Afrique qui mérite de faire le tour du continent.