« Il y a l’or et toutes sortes de perles, mais la chose la plus précieuse, ce sont les lèvres instruites», c’est cette phrase tirée du Livre des Proverbes dans la Bible, qui a servi de prétexte à Guillaume Soro pour s’adresser à la classe politique, hier dimanche, comme c’est devenu pour lui, un rituel.
Selon le président de l’Assemblée nationale monocolore de Côte d’Ivoire, «la stabilité du monde tient au respect de la parole donnée entre les hommes, mais aussi à la peine que ceux qui dirigent les hommes fournissent pour être bien entourés». Et il poursuit : « toute la richesse du monde ne vaut donc ni la paix, ni la justice, ni la fraternité humaine que nous recommande la sagesse. D’où la nécessité de bien choisir des « lèvres instruites » pour nous éclairer ».
« Inspirées par l’amour divin ces lèvres ne parlent ni pour simplement parler, ni pour nuire, mais pour bâtir et pour prévenir. Pour soigner et pour sauvegarder. Et non pour calomnier, tromper ou pour distraire de l’essentiel », ajoute Guillaume Soro.
Le président du Parlement ivoirien se sent-il inutilement calomnié, trompé ? Se considère-t-il comme la cible d’une campagne visant à lui nuire ou à le détruire ? Ou alors se sent-il victime d’une trahison de la part d’une personne qui lui aurait donné sa parole et qui ne serait pas sur le point de tenir sa promesse ?
On n’imagine pas que Guillaume Soro parle « pour simplement parler ». « Puisse l’Eternel entourer tous les princes de ce monde de « lèvres instruites », afin que les peuples soient conduits à bon port, dans la paix, l’entente, et dans la fraternité vraies! », professe-t-il. Et il ne s’oublie pas. « Puissions-nous exercer nous-mêmes la responsabilité de parler avec lucidité et responsabilité, afin que nul ne souffre par notre incontinence verbale, de la moindre injustice! Oui, Chers Frères et Sœurs, soyons aussi des «lèvres instruites» pour tous ceux qui nous entourent et qui nous tendent volontiers l’oreille », conclut-il ce qu’on pourrait appeler son homélie de ce dimanche, veille du 14ème anniversaire de la tentative de coup d’Etat de 2002 muée en rébellion armée, dont il assume l’entière responsabilité.
Dans un contexte politique marqué par une guerre larvée entre les prétendants au trône présidentiel, dans le camp de l’actuel chef de l’Etat, Alassane Ouattara, ces lignes sonnent comme une réponse du chef du parlement au président du PDCI, Henri Konan Bédié, qui, la veille, dans son village natal de Daoukro, avait appelé à la mise hors jeu de tous ceux qui aspirent à prendre le pouvoir d’Etat pas des voies non constitutionnelles. Notamment par les armes.
Par ces mots, le député de Ferkessédougou semble rappeler à Bédié et à Ouattara qu’ils doivent bien leur position d’aujourd’hui aux armes que ses amis et lui ont pris en septembre 2002, contre le régime constitutionnellement établi du président Laurent Gbagbo. Et que par conséquent, il ne devrait pas être frappé d’ostracisme. Bien au contraire, il pense même que ses deux mentors devraient respecter leur promesse de lui remettre le pouvoir après les deux mandats de l’actuel chef de l’Etat. La paix et la stabilité de ce pays pourraient largement dépendre du respect de la parole donnée.