Colloque international: Bernard Dadié, une icône
Les 22 et 23 septembre, les spécialistes, les meilleurs, ont procédé au Cnoa de Cocody-Cité des arts, à la mise en lumière des vies artistique, politique et familiale du seigneur de la littérature ivoirienne.
Bernard Dadié, c’est elle », répond généralement et avec tout son sérieux, le seigneur de la littérature, quand on lui pose la question de savoir qui il est. Il désigne ainsi sa femme envers qui il se veut reconnaissant. À elle, Assamala Ama Rosalie, il doit beaucoup et a tenté de le faire savoir en 1982, dans ‘‘Les contes d’Assamala’’.
Ama, cette femme qui, selon le témoignage de la famille rendu public par Claire Dadié, la fille, a été une chance pour notre auteur. « C’est elle qui a veillé admirablement sur l’éducation de ses enfants pendant de longues périodes dues à ses voyages et obligations professionnelles, en particulier pendant la période d’incertitude 63,64 et cela, avec une dignité remarquable ».
Femme au foyer, elle lui a assuré une hygiène culinaire. Chez les Dadié, on ne dîne pas après 19h, favorisant ainsi une bonne digestion. Tout le reste du temps est consacré aux études (pour les enfants) et à l’écriture pour le père. Ce dernier s’est nourri de chair blanche, pas d’excès d’alcool. Elle a su accepter les contraintes matérielles en période drastique. C’est pourquoi, ‘‘une reconnaissance particulière lui a été adressée’ pour avoir créé un climat favorable à la production, littéraire de notre écrivain-siècle,’’ lors de la clôture des travaux du colloque.
Colloque riche de 3 discours d’ouverture, d’une quinzaine de communications et d’une conférence inaugurale. Sous le thème « Dadié hier, aujourd’hui, demain», on a pu franchir les frontières du temps et analyser, outre le volet familial, l’aspect journalistique. « Pour être journaliste et pour écrire, point n’est besoin d’être grand clerc, il faut, pour coucher noir sur blanc, avoir le cœur en peine», tels sont les propos de Dadié rapportés par Alphonse Voho Sahi à qui il est revenu la charge d’analyser la dimension journalistique de l’homme.
Cet aspect humain a été aussi la tâche d’Oulai Tiabas qui a mis en exergue le combat du politique datant du régime Houphouët-Boigny. Un politique fidèle à lui-même et constant. D’autres communicateurs se sont attachés à la production fictionnelle de l’auteur. L’enseignante d’université Adom a insisté pour établir, dans « Oracle des poètes de la génération zouglou», sa communication, un lien entre Dadié et la génération zouglou qui, comme lui, prend ancrage dans l’actualité et l’environnement ambiant.
À Nicole Vinciléoni et Virginie Konandri, il a plu de mettre en lumière la femme chez l’auteur. L’une est revenue sur le rôle de l’épouse compensant l’absence de la mère, l’autre sur la réhabilitation de la femme à qui un double rôle politique et militaire est confié par le truchement de ‘‘Béatrice du Congo’’et de la ‘‘Reine Abla Pokou’’. « Je n’en parle plus », dira le Pr Bokiba, originaire du Congo, venu livrer sa communication relative à « Dadié et la négritude», mouvement duquel l’auteur ivoirien semble avoir été quelque peu déçu. C’est l’ouvrage ‘‘Cailloux Blancs’’paru chez Nei qui sera le prétexte d’intervention du Pr Zigui Koléa pour exprimer l’éternité esthétique de l’homme-siècle.