Plus d’un mois après la mesure du gouvernement fixant les montants de caution et d’avance de loyers à quatre mois cumulés, à la pratique, les propriétaires de maisons font de la résistance en demandant des cautions allant de six à dix mois aux potentiels locataires.
Mercredi 12 juillet, au terme d’un conseil des ministres présidé par le chef de l’État, Alassane Ouattara, le porte-parole du gouvernement, Bruno Nabagné Koné, ministre de la Communication, de l’Economie numérique et de la poste, annonce l’adoption d’un décret fixant les frais de ’’caution à un maximum de deux mois et deux mois au titre d’avance sur loyer’’.
Jean-François Akmel, journaliste de son état, sillonne les quartiers d’Abidjan à la recherche d’un logement après qu’il a quitté l’appartement qu’il occupait, à la demande du propriétaire pour des ‘’travaux’’. L’homme de média dit être ‘’sidéré’’ par le comportement des propriétaires de maisons qui ignorent la décision gouvernementale.
‘’ J’ai eu un appartement de trois pièces à 90. 000 F CFA le loyer mensuel à Yopougon. Mais le hic, le gars (propriétaire) exige trois mois de caution et trois autres mois d’avance soit un total de six mois, équivalent à 540.000 FCFA. C’est excessif !’’, se lamente M. Akmel.
Comme lui, Daniel Kouassi, cadre du Trésor public, nouvellement, affecté à Abidjan en provenance d’Abengourou ne sait à quel saint se vouer face aux ‘’enchères’’ des propriétaires de maison. Il raconte avoir obtenu des propositions de logements à Cocody, quartier huppé de la capitale économique ivoirienne, dont les montants de cautionnement lui donnent le ‘’tournis’.
‘’Pour des logements de 200. 000FCFA le loyer, les différents propriétaires demandent huit mois, voire dix mois de caution et d’avance. C’est inadmissible pour un appartement qui est déjà amorti’’, se désole-t-il.
Partout dans les communes d’Abidjan, à chaque coin de la rue, des tableaux sont visibles avec des propositions de logement fixant la caution à six, sept, huit mois. Contrairement à la décision du gouvernement.
‘’Ce n’est pas nous qui fixons ces montants. Ce sont les propriétaires qui le veulent ainsi. Nous ne sommes que des démarcheurs. Si un éventuel locataire est intéressé, on l’oriente vers le propriétaire pour marchander. Généralement, le propriétaire ne descend pas en dessous de cinq mois’’, révèle Amadou Traoré, un jeune démarcheur.
Pourtant le ministre Bruno Koné, porte-parole du gouvernement a été sans équivoque en avertissant que ‘’le paiement de sommes autres que celles prévues (4mois cumulés) est une infraction fiscale et qui sera sanctionnée comme telle’’.
Pour Euphrasie Yao, juriste, à défaut d’un décret d’application tant que le Parlement n’a pas adopté le décret du gouvernement pour en faire une loi applicable à tous, les propriétaires continueront de ruser. ‘’Et là encore, il faut un suivi sur le terrain, car il y a des lois d’interdictions qui sont restées lettre morte dans ce pays’’, ajoute Mme Yao.
De fait, ce qui pourrait constituer un ‘’soulagement’’ pour les candidats à la location devient un ‘’cauchemar’’ pour les Ivoiriens qui continuent de subir la ‘’loi’’ des propriétaires des maisons.
Avec APA