Si certains voient dans le limogeage de Thierry Tanoh, intervenu ce 10 décembre, une purge anti-Bédié, le gouvernement met en avant des objectifs non atteints dans le secteur de l’énergie.
Le chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara, a procédé le 10 décembre à un réaménagement technique du gouvernement, en mettant fin aux fonctions de Thierry Tanoh, le ministre du Pétrole, de l’Énergie et des Énergies renouvelables. Tout s’est enchaîné le dimanche 9 décembre, à la mi-journée, quand le Premier ministre a proposé au président un réajustement dans son équipe.
Une décision qui n’est pas une surprise : depuis plusieurs mois, le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, reprochait en privé à son ministre de tâtonner sur plusieurs dossiers, notamment dans le secteur pétrolier. « On pourrait voir dans ce limogeage les tensions entre le président Alassane Ouattara et son allié Henri Konan Bédié, dont Tanoh est le protégé. Il n’en est rien, son départ est purement technique », confie une source proche du chef de l’État.(…)
Dossiers à l’arrêt
Certes, Thierry Tanoh a fait revenir dans l’offshore ivoirien des majors du secteur pétrolier. Mais tous les contrats signés ne satisfaisaient pas le chef du gouvernement. Dans les 17 contrats de partage de production signés avec les compagnies pétrolières, le montant des bonus à verser à l’État était très bas, dans le contexte de fortes tensions budgétaires que connaît le pays. Les bonus payés par BP et l’américain Kosmos Energy après la signature des permis pétroliers sur les blocs pétroliers (CI-526, CI-603, CI-602, CI-707 et CI-708) étaient de moins de 2 millions de dollars par bloc.
Plusieurs projets dans le gaz naturel étaient à l’arrêt ou bloqués, notamment l’installation du terminal de regazéification et de stockage de gaz naturel liquéfié dans le port d’Abidjan pour alimenter les centrales thermiques de production d’électricité du pays. Ce projet de plus 200 millions de dollars est piloté par un consortium conduit par le français Total. Or, depuis plusieurs mois, les négociations butaient sur le prix du gaz que paiera le gouvernement. Ce désaccord a retardé l’installation du terminal prévu mi-2018.
Le britannique Vitol était également à l’arrêt sur le bloc CI-202 où il devrait produire du gaz naturel. En outre, si la capacité de production électrique installée a bien augmenté de 55 % depuis 2011, elle n’est aujourd’hui que de 2 200 MW. Si loin des 4 000 MW qui constituaient l’objectif par atteindre à l’horizon 2020, rappelé à plusieurs reprises par Alassane Ouattara.
Voici donc les vraies raisons qui ont milité au limogeage de Thierry Tanoh
Avec Jeune Afrique