Ce Français de 58 ans a fait ses premières armes en Côte d’Ivoire en 1973. En mars, le président Ouattara l’a rappelé pour devenir son conseiller spécial. .
Discret, très discret. Forcément, pour un homme de dossiers. Et éminemment secret aussi. Philippe Serey-Eiffel fuit la lumière. Rien à voir avec son arrière-arrière-grand-père, Gustave, le célèbre constructeur de la tour Eiffel. Mais depuis l’accession d’Alassane Dramane Ouattara (ADO) à la charge suprême, il lui est de plus en plus difficile de rester à l’écart du rayonnement et du tapage médiatiques. Et pour cause. Fidèle compagnon du chef de l’État ivoirien, il occupe, à 58 ans, un poste stratégique : conseiller du président de la République chargé de gérer les affaires économiques et les infrastructures.
Sorte de Claude Guéant à la mode ivoirienne, il a un droit de regard sur tous les dossiers économiques et financiers (cacao, café, sécurité…). Et comme l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, il n’hésite pas à convoquer des ministres pour exiger des éclaircissements. Homme de confiance d’ADO, Philippe Serey-Eiffel est l’un des principaux artisans – avec Marcel Amon Tanoh, le directeur de cabinet à la présidence – de la venue de François Fillon à Abidjan, le 14 juillet, et de la défense des intérêts économiques français dans le pays.
LIMOGÉ PAR BÉDIÉ.
Né en juin 1953 à Neuilly-sur-Seine, près de Paris, ingénieur des Ponts et Chaussées, il a fait ses premières armes en Côte d’Ivoire en 1973, sous Houphouët-Boigny, recruté par le tout-puissant Antoine Cesareo, qui régnait sur la DCGTX (Direction et contrôle des grands travaux, aujourd’hui Bureau national d’études techniques et de développement). « C’est un jeune plutôt frêle mais au regard malicieux et plein d’intelligence », disait-il de lui. Philippe Serey-Eiffel gravit tous les échelons de l’institution et accède au poste de directeur général adjoint en 1989.
Devenu Premier ministre, ADO le nomme à la tête de la DCGTX en 1990. Il s’occupe des travaux d’infrastructures et des grands chantiers de privatisation, qui profitent beaucoup aux groupes français. Il est limogé en 1994 par Henri Konan Bédié. De retour en France, il s’occupe de son vignoble dans le Bordelais, de l’Association des descendants de Gustave Eiffel, qu’il préside, et travaille pour la société Scetauroute puis pour Réseau ferré de France. Mars 2011 : ADO le rappelle aux affaires ivoiriennes.
Depuis le 12 janvier 2016 le décret n 2016-03 en article 1 portant nomination de Ministres d’Etat et de Ministres a la Présidence de la République
Nomme Ministre,Secrétaire Général Délégué de la Présidence de la République chargé des grands projets M Philippe Serey-Eiffel Aussi arrière petit fils de Gustave Eiffel
Qui est Gustave Eiffel?
Premiers pas
Sa famille porte longtemps le nom double « Bönickhausen dit Eiffel ». Son deuxième nom est ajouté par un ancêtre allemand originaire de la région allemande de l’Eifel, à Marmagen, qui s’installe à Paris au début du xviiie siècle, car les Français ne peuvent pas prononcer son nom de famille réel, Bönickhausen. Gustave souhaite retirer ce nom ayant « une consonance allemande qui inspire [des] doutes sur [sa] nationalité française, et ce simple doute est de nature à [lui] causer soit individuellement, soit commercialement, le plus grand préjudice »3. En effet, en 1875, un dessinateur que Gustave a licencié le diffame en l’accusant d’être un espion à la solde de Bismarck. Gustave porte plainte, fait condamner le dessinateur et, le 12 mars 1877, se pourvoit devant le garde des Sceaux pour ne plus porter que le nom d’Eiffel4. L’autorisation de porter le patronyme d’Eiffel lui est accordé par un jugement du tribunal de première instance de Dijon du 15 décembre 18801,2.
Gustave Eiffel est né dans un milieu modeste ; son père, Alexandre Bönickhausen Eiffel, officier, engagé dans les armées napoléoniennes en 1811, devint secrétaire de l’intendance militaire de Dijon, où il épousa en 1824 Catherine Moneuse, fille d’un négociant de bois. Celle-ci se lança dans le négoce de la houille à une époque où ce marché était en pleine expansion et parvint, à grands efforts, à se constituer une petite fortune personnelle.
Durant son enfance, Eiffel vécut au Castel, actuellement lycée Le Castel, avec ses parents, à Dijon. En 1843, Eiffel entre au collège Sainte-Barbe avant d’être admissible à l’École polytechnique, mais surtout admis en 1852 à l’École centrale des arts et manufactures à Paris. Il y effectue ses études d’ingénieur, et en obtient le diplôme en 18556. Il réside à Clichy, à partir de 1856.
Débuts
Après s’être employé pendant quelques mois à la poudrerie de Châtillon-sur-Seine puis à la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest, Eiffel fait la rencontre, en 1856, de Charles Nepveu, entrepreneur qui s’est spécialisé dans la construction métallique qui, grâce aux progrès de la métallurgie, connaît à cette époque une grande diffusion. Résistant, léger et facile à manipuler, ce matériau est bien souvent préféré à la pierre par souci d’économie. Le jeune ingénieur fait bientôt la preuve de ses talents. Sa première grande réalisation fut la passerelle Eiffel à Bordeaux en 1858 en collaboration avec Paul Régnauld, chantier dont il assume, à vingt-six ans, la direction. Gustave Eiffel utilise alors la technique de fondation à l’air comprimé lors de l’exécution des piles tubulaires. Or Gustave Eiffel est l’auteur d’une étude : Le fonçage par pression hydraulique des piles concernant cette nouvelle technique7. Le succès de l’entreprise, qui doit relier la Compagnie des chemins de fer du Midi à la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans, lui assure une première renommée. Au début des années 1860, sa collaboration avec Paul Régnauld l’amène à réaliser la Passerelle Saint-Paul et l’Observatoire Sainte-Cécile à Arcachon.
En 1862, à 30 ans, il se marie avec Marguerite Gaudelet, qui a 18 ans. Le couple aura cinq enfants, trois filles et deux garçons, nés entre 1863 et 1873. Sa femme meurt en 1877, à l’âge de 32 ans.
Premiers succès
Le premier grand chantier de Gustave Eiffel est, en 1858, le pont ferroviaire de 500 mètres de long de Bordeaux dont il assure à 26 ans seulement la direction des travaux – une prouesse technique sur une rivière aussi large, qui lui permet de tester toute une série d’innovations qui feront sa force par la suite.
Eiffel, fort de ses premières expériences réussies, décide de fonder sa propre société. En 1866, il fait l’acquisition des Ateliers Michwell de constructions métalliques, à Levallois-Perret, juste à l’ouest de Paris.
L’entreprise emporte alors plusieurs grandes commandes d’édification de viaducs et de bâtiments à structure ou charpentes métalliques. Pour ce faire, il n’hésite pas à parcourir l’Europe entière.
Le talent de l’ingénieur centralien, sa vivacité à saisir toute nouvelle idée ou projet, mais aussi sa grande capacité à s’entourer de brillants collaborateurs, contribuent au succès de la société Eiffel : Théophile Seyrig en 1868, Émile Nouguier à partir de 1875, Maurice Koechlin à partir de 1879, etc. Maurice Koechlin sera d’ailleurs à l’origine en 1881 de la conception de l’armature de fer de la statue de la Liberté, dessinée par Bartholdi et inaugurée à New York en 1886.
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