Devant la frilosité du marché sous-régional, Abidjan a décidé de se tourner vers les marchés internationaux. Objectif : réaliser une partie des 1 310 milliards de FCFA d’obligations qui lui sont nécessaires pour financer les dépenses de fonctionnement de l’État.
Après des émissions de dette en 2014, pour un montant de 750 millions de dollars (550 millions d’euros), en 2015, pour un milliard de dollars et en 2017, pour un montant de 1,25 milliard de dollars, le gouvernement ivoirien prépare en coulisses une quatrième levée de fonds sur les marchés internationaux, prévue pour le mois de mars.
Pour l’exercice budgétaire en cours, le Trésor public de Côte d’Ivoire a en effet un objectif d’obligations de 1 310 milliards de francs CFA (2 milliards d’euros) de titres. Mais la frilosité du marché sous-régional a incité les autorités ivoiriennes à s’orienter vers les marchés internationaux : Abidjan n’escompte plus que 25 % de la somme annoncée – soit 330 milliards de FCFA – du marché sous-régional (des fonds qu’elle doit mobiliser avant la fin du mois d’octobre 2018, selon son calendrier budgétaire). Les 980 milliards de FCFA restant devant être trouvés sur les marchés internationaux.
Une tranche est prévue en FCFA pour montrer la solidité de notre monnaie et faire taire les rumeurs de dévaluation
Si aucun objectif précis n’a filtré pour ce dernier, il devrait se situer dans une fourchette comprise entre 850 millions et plus de 1 milliard d’euros. Quant à ses caractéristiques, elles font encore l’objet de travaux préparatoires.
Des titres en francs CFA
Pour la première fois, la Côte d’Ivoire proposera aux investisseurs internationaux des titres en francs CFA, et ce à hauteur de 200 milliards de FCFA. « Nous aurons les tranches habituelles en dollar et en euro. Mais, une tranche est prévue en franc CFA pour montrer la solidité de notre monnaie et faire taire les rumeurs de dévaluation. C’est un signal que nous envoyons au marché et aux investisseurs », explique une source proche du dossier.
« Nous avons constaté que les banques de la région sont devenues réticentes sur les émissions. En décembre 2017, nous avons dû en annuler plusieurs », révèle une autre source au cœur du dossier.
Début 2017, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), dans un souci d’inciter les établissements bancaires à financer les économies, a relevé les taux à ses guichets et mis en place de nouvelles limites quant aux capacités de refinancement des banques sur leurs fonds propres. « Certaines banques avaient cette habitude de venir emprunter à des taux faibles au guichet de la Banque centrale pour aller acheter des titres publics à des intérêts plus élevés, et réalisaient ainsi une bonne partie de leur bilan » révèle-t-on du côté de la BCEAO.
Avec jeuneafrique