Après les soldats, le gouvernement ivoirien va devoir encore passer à la caisse pour satisfaire les revendications des syndicats de la fonction publique. Les deux parties sont en train de parvenir à un accord qui devrait mettre fin à la grève générale qui paralyse l’administration du pays depuis une dizaine de jours. De quoi s’attendre à un retour à la sérénité dans le pays même si cette paix sociale va amplifier les pressions sur les caisses de l’Etat.
La paix sociale a un prix et ce n’est pas Alassane Dramane Ouatarra (ADO) qui dira le contraire. Acculé par une explosion des revendications sociales qui ont débuté dans les rangs des forces de défense et de sécurité avant de s’étendra à l’administration publique, le gouvernement ivoirien a adopté un plan d’urgence pour satisfaire les principales doléances de ses agents. Après les soldats qui ont obtenu gain de cause, un accord est sur le point d’être paraphé, ce vendredi, entre le gouvernement et les principaux syndicats de la fonction publique ivoirienne. Il s’agit de la Plate-forme nationale des organisations professionnelles du secteur public et de l’Intersyndicale des fonctionnaires de Côte d’Ivoire qui ont entamé un mouvement de grève générale depuis le 9 janvier dernier, paralysant ainsi les services publics du pays.
En dépit des assurances données par les autorités, sur instruction du président ADO, d’accéder aux requêtes des deux confédérations professionnelles, ces derniers ont décidé de maintenir leur mouvement jusqu’à l’issue des négociations. Après une première rencontre en début de semaine, la commission interministérielle en charge du dialogue social était de nouveau en pourparlers, hier jeudi, avec les représentants des deux organisations à qui elle a soumis les propositions du gouvernement par rapport aux doléances qu’ils ont exprimées.
Les deux parties devraient se retrouver ce vendredi pour acter un accord qui devrait mettre fin à la grève générale qui paralyse l’administration publique ivoirienne. Dans l’ensemble en effet, le gouvernement a accédé aux principales revendications des syndicats des agentes du secteur public même si les négociateurs ont estimé nécessaire de recueillir entre-temps, l’avis de leur base avant de se décider.
Revendications presque satisfaites
Dans un communiqué rendu public au sortir du dernier round des négociations, le ministre ivoirien de la fonction publique et de la modernisation de l’administration, Pascal Kouakou Abinan, a dévoilé les points de revendications qui ont fait l’objet d’accord entre les deux parties. Ainsi, sur les cinq principales doléances relatives aux régimes de pensions gérés par la Caisse générale de retraite des agents de l’Etat (IPS-CGRAE), le gouvernement a donné son feu vert pour quatre points.
Il s’agit du rétablissement du capital décès, soit 12 mois de salaire, ainsi que celui des allocations familiales et de la majoration pour famille nombreuse, avec la prise en compte d’un nombre maximum de 6 enfants, de 16 à 21 ans. De même, le gouvernement a fait de son accord pour la jouissance immédiate de la pension de réversion et cela sans aucune condition. Par ailleurs, l’intégration des agents journaliers du secteur public à la fonction publique a également obtenue l’agrément du gouvernement qui rappelle que cette mesure a été déjà décidée puisque 1000 agents ont déjà été intégrés depuis 2016 et le solde des 1800 agents concernés le sera d’ici 2018. D’autre part, le gouvernement a accédé à la revendication portant sur la liberté syndicale avec l’autorisation des précomptes à la source au profit des syndicats.
« Soucieux de préserver la paix sociale, le premier ministre, Amadou Gon Coulibaly a, réaffirmé, dès sa prise de fonction, le lundi 16 janvier 2017, la ferme volonté du Gouvernement à rechercher avec l’ensemble des partenaires sociaux, une solution à chacun des problèmes auxquels ils sont confrontés », a indiqué le ministre ivoirien de la fonction publique.
Pression en vue sur les Caisse de l’Etat
Une fois encore, l’Etat va devoir passer à la caisse comme il l’a fait auparavant afin de satisfaire les revendications sociales. La mise en œuvre des différents accords validés par le gouvernement va indiscutablement se traduire par une pression sur les caisses de l’Etat. Conscient d’ailleurs de cette situation qui va nécessiter de racler les tiroirs pour sortir le cash, le gouvernement ivoirien n’a pas manqué d’inviter « l’ensemble des fonctionnaires et agents de l’Etat à tenir compte des efforts considérables consentis depuis 2011 et qui coûtent, chaque année, 244,8 milliards de FCA ». Il s’agit notamment du déblocage des salaires de tous les fonctionnaires et agents de l’administration public, « salaires qui étaient bloqués depuis 1988, et de la reprise des avancements indiciaires chaque deux (2) ans ».
Il reste à savoir si cela suffira à calmer l’appétit des partenaires sociaux qui à l’évidence semble avoir pris pour argent comptant l’embellie que connait l’économie ivoirienne ces dernières années. Avec un taux de croissance annuelle de 7 à 8 % ces dernières années, il y a de quoi faire rêver plus d’un surtout que les autorités ont promis d’importantes « primes sociales » pour ce second et dernier mandat d’Alassane Ouatarra.
Avec la nouvelle république, la 3e qui a été installé il y a quelques semaines, la nouvelle équipe gouvernementale qui a pris fonction la semaine dernière, n’a pas eu d’état de grâce pour prendre la température du contexte socio-économique du pays.
Avec latribune