Comment se porte l’Anader plus de 20 ans, après sa création?
L’Agence nationale d’appuis au développement rural (Anader) a été créée, il y a une vingtaine d’années, à la suite des programmes d’ajustement structurel. Elle a été créée dans des conditions difficiles. Sous la pression des bailleurs de fonds qui ont conseillé que l’ensemble des trois structures d’encadrement agricole dont la Satmaci, la Cidv et la Sodepra soient fusionnées pour donner naissance à une entité qui devrait veiller au bien-être des exploitants agricoles sur le terrain. Notre mission est de faire d’eux, de véritables professionnels. En leur permettant d’acquérir de bonnes pratiques agricoles. Pour avoir des produits de qualité.
Les crises militaro-politiques n’ont certainement pas permis sa croissance rapide ?
Tout à fait ! Il a fallu au départ, créer la structure, qui avait un statut de société d’économie mixte. En 1998, l’Anader est devenue une société anonyme, de par la volonté de l’État qui voulait se doter d’un instrument pérenne de conseil agricole, parce que les autres organismes qui existaient ont eu des sorts peu enviables. Nous avons tous traversé la phase de crise qui a amené le Fida et la Banque mondiale a arrêté leurs financements. Mais depuis 2011, les choses sont rentrées dans l’ordre et nous sommes en train de reconstruire cet outil de conseil agricole.
Peut-on dire que l’Anader a après la crise, pu réactiver tout son maillage du territoire national ?
Elle a tout son maillage et elle veut aller plus loin. Nous étions à six directions régionales, nous sommes passés à sept. La recommandation principale que nous avons eue du ministère de l’Agriculture est que l’Anader devrait pouvoir se développer et s’adapter à la demande des paysans. En notre sein, nous sommes en train de nous réorganiser. Concernant la filière café et cacao, par exemple, nous avons discute avec le Conseil du Cafe-cacao, pour voir quel est le
dispositif que nous devons mettre a la disposition des paysans en termes d’appui, pour qu’ils
produisent non seulement mieux, mais aussi qu’ils améliorent la qualité de leurs produits. Ce, à travers un dispositif dédié (un système à base deux) aux producteurs de café et de cacao. Aussi, après la reforme de la filière coton et anacarde, nous avons avec le Conseil du Coton et d’Anacarde, mis en place un dispositif qui est adapte aux exploitants agricoles. C’est la même chose que nous ferons pour le riz. Pour être en phase avec le monde rural, nous avons dans ce cadre, relevé le niveau des agents d‘encadrements au Bac +3.
Depuis quelques années sur le terrain, de nouvelles structures rivées font de l’encadrement
et le conseil agricole. Comment gérez-vous cette cohabitation ?
La réforme n’a pas dit que l’Anader avait le monopole de l’encadrement agricole. C’est mieux ainsi et c’est la compétition qui fera que les agriculteurs seront bien servis. Quand nous avons fait la reforme, nous avons tenu compte de la recommandation qui dit que les exploitants agricoles doivent être ceux qui demandent un service de conseil agricole et s’ils sont de ce fait, satisfaits de
nos prestations, qu’on leur propose, ils en redemanderont davantage. Nous sommes dans cette
logique de compétitivité là.
Il a été confié à l’ANADER au niveau de la filière café-cacao, la lutte contre la pourriture brune et le Swollen Shoot. Quel point peut-on faire à ce jour ?
≪La pourriture brune≫, c’est l’exemple type de la mauvaise gestion d’une plantation de cacaoyers. Dans la conduite d’un champ de cacaoyers, il y a un certain nombre de pratiques qu’il faut observer. On a dit qu’il faut 1350 pieds à l’hectare, il faut respecter cela, pour éviter que l’humidité se développe et permette aux champignons de ≪la pourriture brune≫ de se développer. Il est préconisé qu’il a des travaux d’entretien des arbres qu’il faut opérer, il faut le faire. Avec certains partenaires du secteur, nous avons réussi à travers les conseils agricoles, l’appui aux
producteurs et le traitement grâce au Conseil du Café-cacao. Ainsi, nous avons réussi à faire reculer
cette maladie et nous sommes en alerte. Quant au Swollen-shoot, c’est une maladie que nous avons
découverte dans la région de Sinfra. Avec le Centre National pour la Recherche Agricole (CNRA) et le
Conseil café-cacao, un programme spécifique qui s’adresse à cette maladie a été mis en place.
L’ANADER est chargée avec les équipes du Conseil café-cacao, de détecter tous les champs, qui ont été impactés par le swollen-shoot et où nous faisons de l’arrachage systématique. Les planteurs ont été formés à reconnaitre la maladie déjà au départ, soit sur les rameaux, soit sur les nervures. Nous avons certes fait beaucoup de formation, mais il faut continuer dans ce sens, et que les gens comprennent que cette maladie n’a pas de médicaments et donc, il faut arracher les pieds contamines. Des mesures d’accompagnement existent pour soutenir les producteurs. En mettant à leur disposition, des nouvelles variétés de cacaoyers, pour faire de nouvelles pépinières. Mais aussi et surtout, des rejets de bananiers et de la semence de maïs, pour s’adonner en attendant, a d’autres cultures de diversification. Le tout, à travers un programme vigoureux que nous déroulons.
Peut-on dire que la situation est sous contrôle et quel a été l’impact de cette maladie ?
La situation est sous contrôle. Le tout, c’est de savoir à quoi nous avons affaire et ce que nous devons faire. Nous connaissons le virus qui est à la base et nous savons comment accompagner les producteurs pour ne pas qu’ils soient désespérés. Tout cela est prévu dans notre schéma de travail que nous appliquons sur le terrain. En termes d’impact sur la production, il n’est pas significatif, quand on sait que nous sommes à ce jour, à 1,700 million de tonnes. Dès que nous avons constaté que cette maladie était en train de s’étendre, le ministère et les différentes équipes ont pris des mesures vigoureuses et nous avons en si peu de temps, fait un diagnostic sur l’ensemble de territoire national avec l’implication de tous les acteurs. Pour que cette maladie ne puisse pas avoir le temps de s’étendre.
Que faites-vous aussi, pour lutter contre les maladies du cotonnier, la mouche de la mangue,
de la pomme de cajou et en quoi consiste l’intervention de votre structure, dans le règlement des récurrents conflits entre agriculteurs et éleveurs dans le nord du pays ?
Je voudrais commencer par la mangue. Vous êtes certainement au courant de tout le programme qui est déployé pour le traitement de tout le verger au nord. Il ne s’agit pas de faire un seul traitement, étant donné qu’il s’agit d’une maladie. Il faut agir régulièrement avec des produits phytosanitaires qui puissent permettre aux paysans, de pouvoir exporter leurs fruits, en respectant les normes relatives aux limites résidus de pesticides exigés à l’entrée des marches de la consommation, notamment sur le marché européen. Au niveau de la recherche, ils ont toute une gamme de maladies qui n’existe pas pour l’instant chez nous et Dieu merci. Notre rôle à nous, c’est de nous approprier des résultats et de les divulguer sur le terrain auprès des exploitants. En ce qui concerne le cotonnier, il est par excellence, la plante qui est visée par toute une panoplie de maladies. Là aussi, il se pose un problème de semence qui a été réglé heureusement avec le soutien du ministre Sangafowa. Mais ce qui nous complique un peu la vie, c’est le changement climatique.
Sur ce point, notre dispositif de veille est en alerte permanente pour remonter l’existence de pathologies détectées sur le terrain, afin que la bonne décision soit prise très rapidement. (…) En ce qui concerne la gestion des conflits entre éleveurs et agriculteurs, je crois qu’il s’agit d’un vieux problème qui est dû à la transhumance, pourtant bien règlementée. Les textes existent et des solutions doivent être trouvées à travers l’application des textes au niveau du Comite permanent interÉtats de lutte contre la Secheresse dans le Sahel(Cilss) et la communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
avec abidjan.net