Depuis sa création en 2013, la Haute autorité de la bonne gouvernance (Habg) n’a encore pas posé d’actes concrets dans la lutte contre la corruption et les infractions assimilées. Ce qui ne va pas sans conséquences pour les services publics, privés et la société civile.
La seule action qui a été entreprise depuis la création de la Haute autorité de la bonne gouvernance (Habg) est la mesure de la déclaration du patrimoine qui concerne les hautes autorités du pays. Le chef de l’Etat et plusieurs ministres ont été soumis à cet exercice de transparence et de probité. Pendant ce temps, les opérateurs économiques et plusieurs d’autres Ivoiriens subissent le mal. La corruption aux concours d’entrée à la Fonction publique est devenue aujourd’hui une pratique considérée comme normale. Pour s’établir un document administratif, s’acquitter de ses impôts et des frais de dédouanement entre autres, les citoyens sont contraints à faire sortir illégalement de l’argent pour l’aboutissement rapide de leurs activités ou dossiers. Les fournisseurs de l’Etat ont toujours crié sur tous les toits qu’ils reversent 10% de leurs dus à la paie à certains agents du trésor public. A Abidjan, de petits fonctionnaires font sortir de terres des immeubles et construisent des sociétés. Et depuis deux années d’exercice de la Haute autorité de la bonne gouvernance, aucune traque n’a été menée contre les corrupteurs et corrompus, en dépit des plaintes et grincements de dents des opérateurs économiques. Le président de la République Alassane Ouattara qui veut construire un Etat fort à l’horizon 2020, ne saurait accepter que cette situation se poursuive alors qu’il a doté de la Habg des moyens conséquents pour moraliser la vie publique. Alors, pourquoi cette structure éprouve-t-elle du mal à décoller ? Que lui faut-il concrètement pour réussir sa mission? Le conseiller spécial du président de la Haute autorité de la bonne gouvernance, Brou Kouakou Mathurin est monté, hier, au créneau reconnaissant les insuffisances de la structure face à l’ampleur du phénomène de la corruption et les infractions assimilées. C’était à la Maison de la presse, au Plateau, lors de l’atelier de vulgarisation des textes législatives et réglementaires relatifs à la prévention et à la lutte contre la corruption et les infractions assimilées. Le conseiller du président a révélé que, seule, la presse peut booster les actions de cette structure. «Aidez-nous dans notre mission. Allez sur le terrain et dénoncez cette pratique pour nous situer », a-t-il recommandé. Selon lui, pour que la politique de prévention et de lutte contre la corruption soit efficace, il faut qu’elle soit connue de tous et fasse l’objet d’appropriation par l’ensemble des acteurs du secteur public et privé et de la société civile. Pour procéder à une large information, diffusion et vulgarisation de ces différents textes auprès des différents intervenants dans la lutte contre ce fléau, la presse est invitée à sauver l’honneur, à en croire Brou Kouakou. «Je voudrais, pour ce faire, vous encourager à vous engager publiquement dans la lutte. Le combat contre la corruption et les infractions assimilées s’impose comme un devoir pour tous et ne peut être une action personnelle isolée», a reconnu le conseiller du président Seydou Diarra. Achiaou Jacques III, directeur de la sensibilisation et de l’éducation de la Haute autorité pour la bonne gouvernance, dans son exposé, a également engagé la presse à jouer son rôle d’éveilleur de conscience, en cas de corruption et des infractions assimilées. «Ce combat, la Haute autorité de la bonne gouvernance ne le réussira pas seule, sans la presse», a-t-il conclu.
Avec Abidjan.net