L’Afrique n’échappe pas à la règle. Comme partout ailleurs sur la planète, la consommation en électricité y augmente de manière régulière depuis plusieurs années. De nombreux pays de ce continent en plein développement investissent donc dans de nouvelles unités de production d’énergie, afin de répondre au mieux à la demande, et d’éviter de pénaliser une croissance encore fragile. Et plutôt que d’opter pour le pétrole, le gaz ou le charbon, certains lorgnent résolument du côté des énergies renouvelables. Si le solaire a la cote -pour d’évidentes raisons climatiques-, les centrales électriques à biomasse ne sont pas en reste.
La Côte-d’Ivoire sera ainsi bientôt le premier pays au monde à utiliser les déchets issus de la production de cacao pour produire de l’électricité. L’équipement, dont le coût est évalué à 232 millions d’euros, est prévu pour entrer en service en 2023. Si le projet est mené par la Société ivoirienne des énergies nouvelles, son étude de faisabilité est financée par l’Agence américaine pour le commerce et le développement. Une participation qui s’inscrit plus largement dans le rétablissement de relations économiques et commerciales actives entre les deux pays. Depuis l’élection d’Alassane Ouattara à la présidence, en 2012, celles-ci ont en effet augmenté de 55%, ce qui fait désormais des États-Unis un partenaire de premier ordre de la Côte-d’Ivoire.
250 000 tonnes de CO²
Mais alors, pourquoi le cacao ? Tout simplement parce qu’avec 35% de la production mondiale -soit 1,4 million de tonnes de fèves récoltées-, la Côte-d’Ivoire est leader sur le marché de ce précieux ingrédient. Elle avait donc toutes les raisons de chercher à améliorer les performances de cette filière, notamment en valorisant les résidus de son exploitation, à savoir les cabosses vidées et les fèves inutilisables. Plutôt que d’être simplement brûlés, les quelque 26 millions de tonnes de déchets produits chaque année serviront ainsi bientôt à alimenter une centrale électrique à biomasse.
Autre avantage : la combustion de ces déchets dans une chaudière adaptée -alors qu’ils sont encore aujourd’hui le plus souvent incinérés à l’air libre- devrait permettre d’économiser 250 000 tonnes de CO² chaque année. De plus, la future centrale à biomasse sera construite à Divo, dans le sud de la Côte-d’Ivoire, l’une des plus importantes régions productrices de cacao du pays. Le combustible sera donc disponible en quantité et à proximité directe de l’unité de production électrique, ce qui limitera les coûts en transport et les émissions de CO² qui l’accompagnent. Avec ce projet, la Côte-d’Ivoire confirme qu’il est possible de valoriser des déchets, tout en améliorant son bilan carbone. Une stratégie gagnant-gagnant.
Avec la tribune afrique