En prélude aux élections municipales et régionales du 13 octobre 2018, le PDCI-RDA a demandé le mercredi 29 août 2018 un réaménagement de la date butoir du dépôt des dossiers de candidatures prévue ce jour. Voici la réponse de la CEI.
A la question d’un journaliste d’Afrikipresse de savoir pourquoi, le PDCI a choisi le dernier jour du dépôt des dossiers de candidatures à la CEI, pour tenir une conférence de presse, Maurice Kakou Guikahué a répondu : « Nous sommes libres de tenir notre conférence quand on le souhaite. Nous sommes indépendants de la CEI ». Qu’à cela ne tienne. Mais alors que M. Guikahué entretenait la presse, dans une salle annexe, c’est le branle bas. Des piles de dossiers sont entassées à même le sol en attente d’être rangées correctement. Et au maire de Toulepleu, Denis Kah Zion de nous rassurer : « Nous serons dans le délai de la CEI ».
Ce que le PDCI est allé négocier à la CEI
CEI-Abidjan, carrefour Duncan (II plateaux). Il est 19h lorsque nous nous rendions au siège de la commission électorale indépendante (CEI). Impossible de se frayer un chemin. Sur la voie qui mène au siège depuis la station d’essence, les forces de l’ordre font tout le possible pour réguler la circulation. Une file indienne d’au moins 500 mètres attend de franchir le portail principal. À l’intérieur dans la cour arrière, au moins 20 boxes sont dressés pour recevoir les dossiers de candidatures. « Nous savions que les gens allaient venir à la dernière minute. Mais cela ne nous gêne guère. Tout ce qu’on demande c’est d’être là dans la cour avant minuit. Car après, nous allons fermer le grand portail », explique M. Zady Pierre, responsable du box Guémon.
« Moi je ne comprends pas. Comment des responsables politiques peuvent demander qu’on viole les textes de lois que nous nous sommes fixés ensemble. Les textes disent que la CEI doit clôturer la réception des dossiers de candidatures 45 jours avant la tenue du scrutin. Ce qui nous donne la date du 29 août si on tient compte du 13 octobre. Toute à l’heure, des responsables du PDCI sont venus nous demander de leur accorder encore deux jours de plus. Ce que nous avons refusé, car ce sont les mêmes qui diront demain que la CEI ne respecte pas les textes », révèle une source à la CEI. La même source ajoute : « Nous leur avons dit qu’ils doivent impérativement ouvrir les dossiers de candidatures. Et comme le règlement intérieur de la CEI nous donne dix jours pour examiner les dossiers, nous pouvons jouer là-dessus et permettre à toux ceux qui souhaitent compléter leurs dossiers de le faire pendant cette période qui ne doit pas excéder les 10 jours. Donc là où le PDCI demande 2 jours de report, nous leur disons qu’ils peuvent avoir 5 voire 7 jours de plus ».
Selon notre interlocuteur, le seul décalage de la date butoir de dépôt des dossiers de candidatures peut avoir des incidences sur la date de la tenue des élections. Et si celle-ci avait été programmée pour le samedi 13 octobre 2018, le fait de décaler de 2 jours ramène à organiser les élections le lundi 15 octobre. « Ce qui est impossible, donc on le fera finalement le samedi d’après, 20 octobre. Des gens ont déjà assez dépensé pour ces élections. On ne va pas allonger leur souffrance. Mieux le Président de la République a parlé de réforme de la CEI et non de report des élections.Sinon il faudra prendre un nouveau décret pour fixer une nouvelle date des élections. Enfin, pour faire une réforme conformément aux exigences de la cour africaine des Droits de l’Homme (qui parle d’une CEI déséquilibrée, NDLR) on n’a pas besoin de faire autant de bruit. Il suffit de prendre une ordonnance ou un décret pour enlever les personnes qui créent le déséquilibre et ajouter tous ceux qui permettront d’équilibrer la CEI », croit savoir notre interlocuteur.
À partir de minuit ce mercredi 29 août 2018, les tentes dressées pour la réception des dossiers, disparaîtront. Il faudra alors passer par les cabinets des quatre vice-présidents de la CEI pour les compléments. « Cela relève maintenant de notre pouvoir discrétionnaire. Nous sommes libres d’accepter de recevoir comme de refuser. Mais ici, personnellement, j’ai demandé à mes collègues qu’on prenne tous les dossiers pour éviter les frustrations. Vous voyez que finalement c’est nous qui nous mettons la pression. Car il faut traiter tous ces dossiers dans un délai de dix jours », le même interlocuteur qui a requit l’anonymat.
A connectionivoirienne