Le trafic de faux médicaments en Côte d’Ivoire connaît une hausse sans précédent. Les opérateurs du secteur de la pharmacie estiment que ce marché pourrait très bientôt surclasser celui des stupéfiants, alors que les faux médicaments sont à l’origine d’une perte de quelque 50 milliards de francs CFA chaque année pour la filière.
Véritable fléau en Afrique, surtout subsaharienne, le trafic de faux médicaments enregistre en Côte d’Ivoire une hausse inquiétante pour les responsables du secteur de la pharmacie. «Le trafic de faux médicaments en Côte d’Ivoire remplace petit à petit celui de la drogue», alerte Linda Kaboré, une pharmacienne.
S’exprimant dans le cadre de la présentation de la première édition de Pharmafrica Expo 2107, un salon africain qui se tiendra dès le 12 octobre prochain dans la capitale ivoirienne, Kaboré a ajouté qu’il était urgent de «trouver une parade aux faux médicaments» en mettant en place «la couverture médicale universelle».
Appuyant ces propos, Charles Boguifo, président de l’Ordre des pharmaciens de Côte d’Ivoire, a précisé que les messages des participants à cette rencontre tourneront autour du danger que représentent les faux médicaments afin de décourager la consommation. «Nous voudrions faire passer ce message sur la dangerosité des médicaments de la rue», a-t-il déclaré.
Durant trois jours, le salon mobilisera quelque 5 000 acteurs des secteurs de la pharmacie, de la parapharmacie, de la cosmétique et de la médecine et médecine traditionnelle, autour de cette épineuse question d’ordre sanitaire.
Du côté des autorités aussi, la lutte contre les faux médicaments s’intensifie. D’après Parfait Kouassi, ancien président de l’Ordre des pharmaciens de Côte d’Ivoire, les autorités ont procédé en début mai dernier à l’incinération de 40 tonnes de faux médicaments saisies à Adjamé, un quartier populaire d’Abidjan, abritant le «plus grand marché de médicaments de rue d’Afrique de l’Ouest et représentant 30% des ventes de médicaments en Côte d’Ivoire».
Entre 40 et 50 milliards FCFA de perte par an
Le mal causé par les faux médicaments n’est pas que pour la santé des citoyens. Il est aussi économique. «Le secteur pharmaceutique légal enregistre chaque année une perte de 40 à 50 milliards de francs CFA (76 millions d’euros, NDLR) dont plus de 5 milliards destinés à l’Etat, due à l’existence d’un marché de rue des médicaments», précise Parfait Kouassi. Selon lui, les faux médicaments représentent «probablement» 10% du marché pharmaceutique mondial, soit un chiffre d’affaires estimé à 85 milliards de dollars, à en croire les chiffres publiés par l’Institut international de recherche anti-contrefaçon de médicaments (Iracm), basé à Paris.
D’après les experts, l’Afrique est le continent le plus touché par le trafic des faux médicaments, puisque près d’un médicament sur trois utilisé sur le Continent est illicite ou contrefait.
Avec latribuneafrique