L’annulation par Henri Konan Bédié d’un meeting prévu samedi 26 mai à Daoukro, reporté sine die, est un signe de plus de la tension sans cesse croissante au sein du PDCI autour de la question du parti unifié, dans la perspective de la présidentielle 2020.
Un communiqué reportant une rencontre prévue ce samedi 26 mai, initiée par Daniel Kablan Duncan, est venu dévoiler une crise latente entre deux importantes personnalités du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, membre de la mouvance présidentielle) : Henri Konan Bédié, président dudit parti et Daniel Kablan Duncan, vice-président de la République et premier vice-président du PDCI.
Le communiqué est laconique et se lit en une seule phrase : « Le président Henri Konan Bédié, président du PDCI-RDA, président du présidium du RHDP informe les militantes, les militants et sympathisants du PDCI-RDA [PDCI-Rassemblement démocratique africain] et des populations de Daoukro, que le grand meeting d’hommage et de soutien prévu en son honneur et pour l’accord politique du RHDP (RHDP, mouvance présidentielle et groupement politique à unifier, NDLR), le samedi 26 mai 2018, est reporté à une date ultérieure ».
Hommage à l’accord
Sur le site du quotidien Le Mandat, proche du PDCI, l’affaire est résumée par un titre qui met en exergue la crise larvée entre Bédié et Duncan. « Metting de Duncan et des vice-présidents du PDCI : le sphinx de Daoukro dit non », lit-on. De fait, Duncan, qui a été nommé par Bédié vice-président chargé de la coordination des activités des vice-présidents du PDCI (une sorte de super vice-président ou de premier vice-président) en août 2017, était l’initiateur de ce meeting, qui devait être organisé par l’ensemble des vice-présidents du parti dans le village natal de Bédié.
Bien qu’ayant validé la rencontre quelques jours plus tôt, ce dernier n’a pas apprécié certains termes utilisés dans un communiqué paru pendant le week-end dans la presse ivoirienne, notamment le fait que la coordination des vice-présidents veuille associer à l’hommage à sa personne, un hommage « à l’accord politique du RHDP ».
En effet, quoique signataire dudit accord, Bédié se montre réservé vis-à-vis du futur parti unifié et refuse d’organiser un congrès de son parti, en vue de l’adoption ou du rejet de ses textes. Le PDCI étant le seul parti à ne pas s’être encore clairement exprimé sur la question.
Crispations autour de la présidentielle
Les relations entre Daniel Kablan Duncan, réputé proche du président Alassane Ouattara (président d’honneur du Rassemblement des républicains, le RDR, membre du RHDP) et son dauphin constitutionnel et Henri Konan Bédié, se sont crispées ces derniers mois. Mi-mars, le soutien que Duncan a apporté à des députés issus du PDCI qui avaient souhaité créer un groupe parlementaire RHDP, contre l’autorisation formelle de Bédié, a été mal apprécié par celui-ci.
Le PDCI est divisé aujourd’hui en deux camps
La crise entre les deux hommes tourne autour des enjeux de la présidentielle de 2020. Alors que Daniel Kablan Duncan, 75 ans, manœuvre pour porter les couleurs du RHDP pour le compte du PDCI, Henri Konan Bédié, 84 ans, tarde à dévoiler son jeu. Une attitude qui amène certains observateurs à soupçonner le vieux dirigeant de vouloir se porter lui-même candidat ou de chercher à imposer l’un de ses proches.
Le PDCI est divisé aujourd’hui en deux camps. D’un côté, le groupe des militants favorables au RHDP, amené par Duncan et qui se comptent prioritairement parmi les personnalités présentes au gouvernement ou dans les institutions de la République. De l’autre côté, les anti-RHDP conduits par un trio de caciques, dont Jean-Louis Billon. Ce dernier camp semble avoir le soutien de la base du PDCI. Au milieu de ces deux camps, Bédié qui souffle tantôt le chaud, tantôt le froid.